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Le voyage d’Obama en Israël, c’est 4 nouvelles années de colonisation de la Palestine
jeudi 28 février 2013 - Jonathan Cook
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Colonie juive de Har Homa, à Jérusalem-Est. Une architecture immonde, obéissant à une logique de forteresse. La colonisation sioniste de la Palestine est une aberration historique et culturelle, et même esthétique...

Complétant l’ordre du jour de cette visite, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit que des efforts seront faits pour remettre en marche le processus de paix aujourd’hui totalement gelé. La semaine dernière, les officiels palestiniens ont déclaré qu’ils avaient invité la Maison Blanche à venir avec un projet.

Le président nord-américain avait débuté son premier mandat sur un mode différent, ignorant Israël et se rendant plutôt au Caire où il fit un discours dans lequel les États-Unis s’engageaient dans une nouvelle ère dans leurs relations avec le monde arabe. Ses promesses sont restées creuses.

À présent, il semble avoir l’intention de commencer son deuxième mandat - alors que Netanyahu reprend aussi ses fonctions à la suite des élections du mois dernier – en faisant un effort pour s’impliquer avec Israël et les Palestiniens dans un exercice qui va obligatoirement s’avérer futile.

La perspective de rétablir un processus de paix entre Israël et les Palestiniens n’a rien d’engageant, pas plus pour Obama que pour Netanyahu. Tous les deux sont lassés du bruit fait autour d’un gel de la colonisation – le principal aspect des efforts du président américain - durant son premier mandat.
Mais rester inactif semble tout aussi coûteux. Les Palestiniens ont à plusieurs reprises embarrassé Obama devant les Nations Unies, allant jusqu’à provoquer l’isolement des États-Unis en novembre dernier, quand ceux-ci se sont opposés à un changement de statut pour les Palestiniens. L’inertie parait également risquée, étant donné la colère grandissante en Cisjordanie au sujet par exemple des prisonniers en grève de la faim.

D’autres casse-tête, et plus inquiétants, pointent à l’horizon, dont le scénario de fin du monde - du point de vue d’Israël et de Washington - où les Palestiniens s’adresseraient à la Cour Pénale Internationale pour exiger qu’Israël soit soumis à une enquête pour crimes de guerre.

Les optimistes impénitents ont recherché des signes indiquant qu’Obama est mieux disposé cette fois-ci à se montrer ferme. Il est un fait qu’aucune des récentes et plus importantes nominations du président - John Kerry comme Secrétaire d’État et Chuck Hagel comme Secrétaire à la défense - n’a été bien accueillie en Israël.

La détermination des États-Unis a été encouragée, nous a-t-on expliqué, par ce qui est vu comme un changement majeur dans l’opinion publique israélienne, avec le succès électoral inattendu du dit centriste, Yair Lapid, et la relativement faible prestation du Likoud, le parti de Netanyahu.

L’entourage de Netanyahou éprouve des inquiétudes, se plaignant que la visite d’Obama intervienne si tôt après les élections, craignant ainsi une interférence dans le processus de construction d’une coalition gouvernementale. Les centristes seraient alors en mesure d’obtenir des concessions de la part de Netanyahou, qui ne désire pas trop recevoir le président américain à la tête d’un gouvernement d’extrême-droite.

Du coup, les responsables israéliens sont désireux de se réconcilier avec le président américain : ils ont baptisé la visite avec le nom de code « Alliance inébranlable » et ont annoncé leur intention de lui attribuer la plus haute distinction, à savoir la médaille présidentielle.

Les scénarios les plus optimistes, cependant, ne tiennent pas compte des obstacles à une solution diplomatique posés à la fois par la politique intérieure d’Israël et par l’incapacité des Palestiniens à résister au chantage israélien.

Enfin et surtout, ils ignorent le fait que la faction de la Knesset qui soutient Netanyahu est la plus réactionnaire et extrémiste dans toute l’histoire du Likoud. Même en imaginant qu’il en ait l’intention, Netanyahu est dans l’incapacité totale d’avancer une formule de paix sans déchirer automatiquement son parti.

De même, rien n’indique du côté de Lapid que celui-ci soit prêt à proposer des compromis significatifs pour avancer vers un État palestinien. Sur cette question, il occupe le terrain traditionnel du Likoud, avant son déplacement encore plus à droite. Un récent sondage a révélé que la moitié de ses partisans se disaient de droite.

La semaine dernière, Netanyahou a signé un pacte de coalition avec une autre supposée centriste, Tzipi Livni, une ancienne dirigeante du Likoud qui dirige maintenant une petite organisation appelée Hatnuah. L’objectif, comme un officiel du Likoud l’a cyniquement avoué, était d’utiliser Livni pour « blanchir le gouvernement Netanyahu aux yeux de la planète ».

En d’autres termes, Netanyahu espère qu’une Livni ou qu’un Lapid va lui procurer un certain répit tandis qu’il renforcera la colonisation et expulsera les Palestiniens de vastes zones de la Cisjordanie, sous le couvert de ce que le journal israélien Haaretz appelle un « processus diplomatique piégé ».

Et qu’en est-il des Palestiniens ? Vont-ils être en mesure de remettre réellement en cause l’intransigeance israélienne, étant donné un regain d’intérêt apparent de la diplomatie américaine ?

C’est là que le bât blesse. Netanyahu a déjà la main haute sur la politique de ses potentiels partenaires de la paix. Il peut facilement déterminer le sort de l’Autorité palestinienne [AP] et de Mahmoud Abbas sur les deux plus grandes épreuves auxquelles celui-ci doit faire face : le « processus de paix » sous une supervision internationale, et les pourparlers de réconciliation avec le Hamas, l’organisation palestinienne rivale.

Les derniers pourparlers entre le Hamas et le Fatah sont tombés en panne au Caire ce mois-ci, même si l’unité, de l’avis de la plupart des Palestiniens, est une condition préalable pour établir un État. L’échec des pourparlers ont suivi « l’arrestation » par Israël de 25 dirigeants du Hamas en Cisjordanie, une initiative qui selon les organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme et le Hamas, avait pour objectif de perturber la réconciliation en cours.

Dans le même temps, Israël a maintes fois affaibli l’autorité d’Abbas, poussant l’AP au bord de l’effondrement en ranimant ou asséchant à volonté l’une de ses principales sources de revenus : les sommes fiscales qu’Israël recueille régulièrement à la place des Palestiniens et qu’il est censé leur reverser.

En conséquence, Abbas est coincé entre diverses pressions impossibles à concilier : la nécessité de faire en sort qu’Israël soit satisfait, tout en maintenant sa légitimité face à son propre peuple et en développant un programme politique commun avec d’autres organisations palestiniennes.

Les bâtons qu’Israël brandit obligent Abbas à garder la porte ouverte à des négociations, alors même que la plupart des Palestiniens reconnaissent leur totale inutilité. De même, son besoin constant d’apaiser Israël et les États-Unis ne fait qu’accroître les divergences avec le Hamas.

Les Palestiniens sont coincés dans un cul-de-sac politique et diplomatique, incapables d’avancer, que ce soit en développant leur lutte nationale ou en négociant sur un État viable. Quelles que soient les intentions d’Obama, nous sommes face à quatre nouvelles années d’un échec diplomatique annoncé.

* Jonathan Cook a remporté le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Ses derniers livres sont “Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East” (Pluto Press) et “Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair” (Zed Books). Voici l’adresse de son site : http://www.jkcook.net.

Du même auteur :

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- Israël a déclaré la guerre aux enfants de Jérusalem : 1200 arrestations en un an - 16 décembre 2010

20 mars 2013 - Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
http://palestinechronicle.com/obama...
Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach