Fermer la page
www.info-palestine.net
Les voix de l’occupation : Riham an-Nabahin, 3 ans, meurtre
jeudi 24 janvier 2013 - DCI-Palestine

Le 21 novembre 2012, une petite fille de trois ans est tuée par un missile israélien alors qu’elle est dans sa maison avec sa famille.

Riham an-Nabahin, 3 ans, vivait dans le camp de réfugiés d’An Nuseirat, dans la bande de Gaza, avec son père, Maher, sa mère, Samah, et ses deux frères, Nafez et Islam. Lors de la récente offensive militaire d’Israël, la famille s’en va dans la maison d’un proche dans le camp de réfugiés d’Al Bureij, leur maison avec sa terrasse en amiante ne résistant ni aux secousses ni aux explosions.

JPEG - 3.2 ko
Riham an-Nabahin, 3 ans, assassinée par l’occupant sioniste

Le 21 novembre 2012, le père de Riham, avec toute la famille, retourne dans la maison du camp d’An Nuseirat pour prendre quelques affaires. « Je me tenais près de la porte d’entrée quand Riham s’est jetée dans mes bras. Elle m’a pris par le cou et s’est mise à m’embrasser en disant, "papa, papa, je t’aime, achète-moi des bonbons" ».

Maher demande à son fils Nafez d’emmener Riham au magasin d’à côté et de lui acheter des bonbons, mais elle ne veut pas quitter la maison. « "Je ne veux pas y aller. Je veux rester dans tes bras" m’a-t-elle dit, en se cramponnant à moi comme si j’étais sur le point de partir » se rappelle Maher.

Nafez va au magasin et ramène une barre de confiserie pour Riham. « "Riham" a soudain crié à Nafez "tu es mon ange". Elle s’est précipitée ensuite dans mes bras et m’a donné des baisers sur tout le visage. Puis elle s’est redressée et a foncé vers la porte, » se rappelle Maher.

C’est quand Riham s’apprête à sortir dans la rue que l’explosion se produit. « J’ai senti des morceaux chauds me toucher en pleine figure. J’ai regardé Riham et j’ai vu son corps sur le plancher, avec sa poitrine et sa tête saignant à profusion, comme si elle avait été massacrée. » dit Maher.

Maher se précipite dans la rue avec Riham dans les bras et l’emmène au centre médical voisin d’où elle est transportée à l’hôpital Shuhada’ Al Aqsa. « Je jure devant Dieu que j’ai senti qu’elle me prenait la main et qu’elle me l’empoignait. Je l’ai regardé et elle m’a souri. Elle s’est accrochée à ma main, et elle a fermé ses yeux » se souvient Maher, à qui les médecins avaient dit à l’hôpital qu’elle était morte.

« Je ne parviens toujours pas à croire qu’elle a été tuée sous mes yeux et que je n’ai même pas été capable de faire autre chose que la regarder. Je ne connais pas toujours la raison de ce bombardement. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y avait aucun combattant alentours, ni qu’aucune roquette artisanale n’avait été tirée à ce moment-là  », dit-il.

Maher conduit Riham au cimetière le lendemain. « Je continuais à sentir son corps, pensant qu’elle pourrait se réveiller et se débarrasser du tissu blanc dans lequel elle était enveloppée » dit Maher. «  Ses amies sont revenues à la maison, et elles s’assoient sous le même olivier où elles avaient l’habitude de jouer avec elle. Et quand elles ne se manifestent pas, franchement, je sors et je les cherche. J’ai besoin qu’elles viennent ici et jouent au même endroit. »

« Mon épouse fond en larmes à chaque fois qu’elle entre dans sa chambre. Je n’utilise plus l’entrée sud de la maison, parce c’est là que Riham a été tuée. Je ne peux même pas marcher à l’endroit où elle a été tuée. Elle est ma fille, ma petite fille adorée  » dit Maher. « Je ne peux oublier les quelques secondes qu’il lui a fallu pour me dire au revoir, avant d’être tuée. Je suis entouré de souvenirs d’elle et de l’endroit où elle a été tuée, » ajoute-t-il.

« Je souhaiterais pouvoir quitter ma maison, parce qu’elle a été tuée là. Mais alors je me dis, c’est ici qu’elle a vécu et qu’elle a aimé jouer. C’est pour cela que je refuse l’idée de déménager. Ma vie est hantée pas les souvenirs » dit Maher.

11 décembre 2012

14 janvier 2013 - DCI-Palestine - traduction : Info-Palestine