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Les journalistes pris pour cible pendant l’opération israélienne « Pilier de Défense »
mercredi 19 décembre 2012 - PCHR Gaza
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Le bâtiment de la tour Al Shorouq, situé dans la ville de Gaza et qui abritait plusieurs chaînes de télévisions et des médias a été attaqué le 18 novembre 2012. Photo : Palestine Media Production.

Ces offensives ont tué au moins 2 journalistes et ont blessé 10 autres. Vers 1h35 du dimanche 18 novembre, les avions de guerre israéliens ont tiré 4 missiles sur les bureaux de la chaîne satellite al-Quds, situés au onzième et dernier étage du bâtiment de la tour Shawa et Hussari dans la ville de Gaza. Les missiles ont pénétré le toit de l’immeuble avant d’exploser à l’intérieur. Un journaliste a, de ce fait, été amputé de la jambe.

Un incident similaire s’est produit dans la même journée (le 18 novembre) vers 6h55. Cette fois, les avions de guerre israéliens ont frappé la Tour al-Shorouq, située à l’ouest de la ville de Gaza. Haute de 15 étages, la Tour abritait plusieurs bureaux de chaînes de télévision, dont Fox News, Abu Dhabi Satellite Channel, Dubaï Channel, al Arabiya News Channel, MBC et Palestine Media Production. Les forces israéliennes avaient tiré un missile sur le bureau de la Télévision al-Aqsa qui était au dernier étage de la Tour, blessant ainsi trois journalistes, Mazen Naeem, Mohamed al Sharafi et Mohamed Mubayidh, qui travaillent au sein de Palestine Media Production.

Agé de 26 ans, Mazen Naeem se souvient : « Aux environs de 6h55, mon collègue Mohamed al Sharafi et moi étions en train de préparer une interview en direct de la rue où se trouve la Tour. Nous faisions des tests de son lorsqu’une forte déflagration retentit. Au début, nous ne savions pas d’où le bruit provenait car notre seul souci était de trouver un refuge des morceaux de verre des fenêtres brisées qui pleuvaient sur nous. Et c’est seulement à ce moment-là que j’ai compris que c’est bel et bien la Tour qui a été touchée. J’ai ensuite essayé de voir quel étage a été frappé, et en soulevant ma tête, j’ai reçu quelque chose dans l’œil. J’ai spontanément couvert l’œil avec les mains, alors que mon collègue Mohamed a reçu un objet lourd sur la jambe droite. Dieu merci, nos blessures étaient légères grâces à nos casques et gilets. Ceci étant, il faut préciser que nous étions pris au dépourvu, et qu’il n’y avait pas de préavis d’attaque. »

Mazen poursuit son récit sur l’incident : « Blessés, nous nous sommes précipités vers une rue voisine pour être à l’abri de la pluie d’objets brisés. Pendant ce temps, des passants et des spectateurs se sont ameutés sur les lieux pour voir ce qui se passait. A seulement 3 minutes d’intervalle, j’ai entendu une seconde explosion assourdissante sans réussir à la localiser. Mohamed et moi étions très inquiets au sujet de nos collègues et des autres personnes qui se trouvaient dans le bâtiment ; s’ils étaient encore en vie ou non. Plus tard, j’ai su que mon autre collègue, Mohamed al Mubayidh était au 15ème étage au moment de l’attaque et avait été lui aussi blessé à la jambe par un morceau de verre de 8mm. »

Le journaliste renchérit : « Quelques minutes plus tard, les ambulances et les pompiers sont arrivés à l’endroit de l’incident. Ils ont d’abord commencé par évacuer les personnes piégées à l’intérieur de l’immeuble. Leur tâche n’était guère facile face à l’incendie qui se propageait et qui dérangeait les pompiers qui devaient d’abord aider les gens bloqués au quinzième. Les ambulances ont ensuite transféré mes collègues vers l’hôpital al Shifa, tandis qu’un taxi m’a transporté à l’hôpital ophtalmologique à Nasser. Dès mon arrivée, j’ai reçu les premiers soins où mon œil a été nettoyé des petites particules dues à l’explosion. Fort heureusement, ce n’était pas grave. Ils m’ont mis des gouttes et m’ont demandé de suivre ce traitement pendant une semaine. »

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Journaliste blessé transféré à l’hôpital. Photo : Palestine Media Production

Pour sa part, Mohamed al Sharafi livre son propre témoignage : « Nous étions à l’extérieur de la tour au moment de l’attaque. Quelques débris et éclats de fenêtres brisés sont tombés sur ma jambe. Les médecins à l’hôpital al Shifa m’ont fait une radio avant de traiter la blessure qui n’était pas grave. Ceci dit, j’ai quand même passé plusieurs jours à boiter. »

Le troisième journaliste blessé, Mohamed al Mubayid a ajouté : « Après l’attaque sur la Tour, nous avons emménagé dans l’hôtel the Beach où nous avons loué une salle pour poursuivre nos activités. Toutefois, pendant l’offensive, une nouvelle frappe s’est abattue sur un terrain proche de l’hôtel, causant la blessure d’un autre collègue, Akram al Sattari. »

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"La roquette m’a frappé de plein fouet après avoir fait un trou dans le plafond" a dit Khader al-Zahhar, 20 ans, interviewé dans son lit de l’hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza - Photo : Anne Paq/ActiveStills

Le président de Palestine Media Production, Abdelghani Jaber a pour sa part déclaré : « Ce fut un moment très délicat ; je ne pouvais pas assurer la sécurité de mon personnel. Très honnêtement, personne au monde n’aurait été en mesure d’assurer la sécurité de qui que ce soit pendant ces huit jours de guerre. »

Et justement, Mazen a évoqué la question de la protection des journalistes : « On m’avait dit que les Conventions de Genève protègent les journalistes et que ce genre d’agissements ne peut en aucun cas avoir lieu car les journalistes font leur travail seulement. Avec ce qui vient de se passer, je dois revoir mes informations et comprendre que finalement, aucune loi ne peut protéger les gens. »

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Les équipements multimédias dans une camionnette à l’extérieur de l’hôtel the Beach. Photo : Palestine Media Production

L’Article 79 du Premier Protocole Additionnel aux Conventions de Genève définit clairement que « Les journalistes qui accomplissent des missions professionnelles périlleuses dans des zones de conflit armé seront considérés comme des personnes civiles et jouiront d’une protection générale contre les dangers résultant des opérations militaires. Le Comité International de la Croix Rouge a identifié ce principe comme règle du droit international coutumier applicable à toutes les parties dans tous les conflits armés. Le Droit Humanitaire International interdit toute attaque susceptible de causer incidemment des pertes de vies civiles, des blessures des civils, des dommages aux biens à caractère civil, ou la combinaison de ce qui précède et qui serait jugé excessif par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.

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05 décembre 2012 – PCHR Gaza – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha