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Des potagers sur les toits : nourriture et espoir pour des Palestiniens démunis
dimanche 16 décembre 2012 - Hugh Naylor
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Des toits transformés en paradis de verdure

Gaz d’échappement desséchant la gorge, coups de klaxons et poussière collante semblent étouffer la vie des Palestiniens qui se frayent un chemin dans la rue en-bas.

Mais là-haut cet immeuble d’appartements surpeuplé et décrépit est un jardin regorgeant de concombres, de poivrons de fraises – et d’espoir.

A l’aide de serres de fortune, plus d’une douzaine de familles palestiniennes se sont mises à cultiver sur les toits pour atténuer la dureté d’une crise financière qui paralyse l’Autorité Palestinienne (AP) et assèche les portefeuilles des 13.000 habitants du camp de réfugiés.

Ici on se consacre sans compter aux modestes récoltes. Les micro-fermes sur les toits ne signifient pas seulement des économies sur le budget alimentaire. Pour beaucoup, c’est un remède à la claustration de la vide en camp.

« Je rêve de ce genre de vie » dit Khader Najjar en arrosant son carré de choux, de piments et de haricots verts sur le toit de son immeuble de quatre étages. De ce point élevé il contemple les toits de Bethléem et de Jérusalem.

M. Najjar, un ouvrier de 46 ans, dit que son épouse cuisine les légumes qu’ils récoltent. Ils en donnent aussi à son frère, enseignant dans une école secondaire gérée par l’AP.

L’investissement pour la serre de M. Najjar a été fourni par Karama*, une association non lucrative basée à Dheisheh. Elle a payé près de 700€ pour chacune des 15 premières serres offertes aux résidents de Dheisheh. Depuis le lancement du programme, en mai dernier, l’UNWRA et Lush, une compagnie britannique de produits cosmétiques artisanaux, se sont joints à Karama pour le soutenir. 85 autres serres seront implantées à Deisheh et dans un autre camp de réfugiés.

« C’est devenu extrêmement populaire » dit Loay Abdalghafer, qui dirige le projet pour Karama.

Les serres sur les toits comprennent un filet sur des piquets métalliques, et quatre solides canalisations de 3 mètres de long. Les tuyaux sont coupés en deux dans le sens de la longueur et posés sur le toit sous le filet. Ils sont ensuite remplis de substrat et reliés à un réservoir d’eau.

L’un des objectifs du programme est d’aider les Palestiniens à acquérir des compétences pour faire face aux crises résultant régulièrement de la vie sous occupation israélienne. Mais Karama veut aussi que les Palestiniens réduisent leur dépendance par rapport aux ONG et aux groupes activistes financés de l’étranger, qui selon lui soutiennent souvent des agendas politiques confus et concurrents.

M. Abdalghafer n’exclut pas de cette liste l’AP, qui est fortement dépendante de l’aide étrangère. « Beaucoup de nos problèmes proviennent de toutes les conditionalités à cette aide monétaire, et donc nous enseignons le micro-maraîchage pour aider les gens à apprendre à compter sur eux-mêmes » dit-il.

Un exemple des effets malsains de cette dépendance : l’an dernier les EU ont bloqué environ 200 millions de dollars d’aide, pour punir la direction palestinienne d’avoir voulu demander sa reconnaissance comme état aux Nations Unies.

M Abdalghafer admet que mettre fin au soutien étranger des Palestiniens n’est ni possible ni souhaitable. Il qualifie le programme de micro-maraîchage de Karama de « message politique » visant à encourager l’autosuffisance.

L’initiative a des avantages humanitaires directs, dit Moustafa Younis, le délégué de l’UNWRA à Dheisheh. Plus de la moitié des adultes de Deisheh ayant un emploi travaillent pour l’AP, et ses problèmes financiers ont entraîné une aggravation de la pauvreté et du chômage dans le camp, dit M. Younis.

C’est pourquoi l’UNWRA a accepté de financer l’achat d’une cinquantaine de serres supplémentaires. « Cultiver ses propres légumes est très utile » dit-il.

Gagnant une cinquantaine d’euros par semaine comme cuisinier dans un restaurant local, Hajjar Hamdan a accepté avec enthousiasme l’offre d’une serre sur son toit.
Après la construction de la serre, Mme Hamdan a planté de tout, depuis les tomates et les concombres jusqu’aux épinards et aux courgettes.

Karama lui a offert une formation de base en maraîchage, et après quelques semaines de pratique, elle a commencé à récolter le fruit de son travail.

« J’adore les légumes, et j’aime m’occuper du potager » dit Mme Hamdan, 60 ans, qui vit avec sa mère et sa sœur. « C’est naturel, sans produits chimiques, sans hormones, et quand j’ai besoin de quelque chose, je n’ai qu’à monter au jardin et à me servir ».

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Khader Najjar arrose les légumes que son épouse et lui cultivent sur le toit de leur immeuble dans le camp de réfugiés de Deisheh, près de Bethléem (Khaled Zighari)

*http://www.karama.org/fra/index.html

13 décembre 2012 - The National - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.thenational.ae/news/worl...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert