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Attaques contre les civils : « Nous espérons réellement parvenir à un cessez-le-feu. Nous voulons vivre comme des gens normaux, sans avoir peur »
mardi 4 décembre 2012 - PCHR Gaza
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Mahmoud Al Attar

Les tracts appelaient les familles à évacuer les maisons et à se réfugier dans des endroits soi-disant « plus sûrs. » Plusieurs familles se sont exécutées dans l’immédiat, et se précipitant vers le premier moyen de transport qui s’offraient à elles (taxis, camionnettes, charrettes tirées par des ânes), elles ont emballé leurs effets personnels et ont quitté les lieux en direction de maisons de proches ou bien vers l’une des 13 écoles de l’UNRWA qui accueillaient ces personnes déplacées. Certaines familles ont été contraintes de marcher.

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Les familles qui arrivent à l’école

Mahmoud al Attar en est un exemple. Issu d’une famille d’agriculteurs et de pêcheurs qui vit dans la région de Attatra, au nord de la Bande de Gaza. Il y a quatre ans, au cours de l’Opération Plomb Durci, le nord de la Bande de Gaza a eu son lot de pertes matérielles et humaines. Des maisons, des fermes et des usines avaient complètement été détruites, plongeant des familles entières qui vivaient dans les parages dans un profond traumatisme. A l’instar de beaucoup de familles, Mahmoud, ainsi que 36 membres de sa famille, cherchent désormais un abri dans la Nouvelle Ecole Préparatoire pour Garçons, une école de l’UNRWA située à Rue Nasser.

Composée de 34 classes, l’école affiche complet à présent car elle accueille 1800 personnes venues de Attatra, Salateen, Twam et bien d’autres régions. Hier, environ 200 personnes avaient été éconduites à l’entrée de l’école qui n’avait plus de places vides. Elles ont été contraintes d’aller voir ailleurs.

Mahmoud décrit la situation : « Nous avons vécu la même chose lors de la précédente guerre, et nous étions venus dans cette même école pour nous y réfugier. Hier après-midi, les tracts jetés des avions israéliens ont semé la panique et les gens ont commencé à emballer leurs affaires pour partir. Les bombardements retentissaient partout. Nous avons emmené avec nous quelques couvertures et un peu de nourriture. En fait, nous n’avons pas assez de couvertures ni de matelas. Nous nous sommes précipités vers la ville par le nord. Je suis ici avec mes 18 enfants, 36 membres de la famille en tout et nous dormons tous dans une même pièce de 8 mètres sur 6. Nous dormons sur le dallage et sur des chaises. Toutefois, l’endroit n’est pas sécurisé car les israéliens avaient bombardé des écoles auparavant et ils avaient même tué, en début de soirée, un journaliste dans une rue proche. »

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L’école devenue refuge des Gazaouis

Dans le but d’accueillir des familles pour les protéger contre l’agression, l’UNRWA a ouvert 13 écoles : 8 dans la ville de Gaza, 4 dans la région nord et une dans le centre du camp de réfugiés d’Al Bureij. L’école où se réfugie la famille de Mahmoud est bondée et les conditions sont déjà insalubres. La cour est jonchée d’excréments d’ânes et le linge pend par les fenêtres. Malgré cela, des familles entières continuent d’affluer avec leurs affaires dans l’espoir d’y trouver refuge.

A ce titre, Akif Shalabi, professeur de travaux manuels (artisanat) dans une école voisine était sur place pour aider et organiser l’accueil des familles. Il explique : « Des centaines de personnes sont arrivées par différents moyens de transports : en voitures, en tuk tuks (tricycle motorisé), en charrettes tirées par des ânes et même à pieds. Pour le ravitaillement, nous n’avons reçu que l’eau ce matin en attendant la nourriture. Jusqu’à présent, les gens n’ont mangé que la nourriture qu’ils ont apportée avec eux. Il faut dire qu’ils étaient très sensibles et émotifs à leur arrivée : les femmes âgées et les enfants étaient en pleurs. »

Il poursuit : « Mes collègues et moi travaillons en deux shifts ; de 7h à 17h et de 17h à 7h. Nous faisons le tour des classes pour recenser les personnes et inscrire leurs noms de famille. Nous avons également enregistré leurs besoins médicaux que nous avons ensuite envoyé à l’UNRWA. »

Toutefois, Shalabi déplore : « Nous avons terriblement besoin de couvertures, matelas et nourriture. Nous avons également besoin de prendre en charge environ 150 bébés, dont l’âge varie entre 1 jour et 2 ans. Ils ont besoin de couches et de lait. Nous avons également accueilli des femmes enceintes et à terme, comme ce fut le cas d’une femme à la trentaine dont le travail a commencé dans la nuit et que nous avons dû l’évacuer à l’hôpital pour accoucher en toute sécurité. »

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Hanan Al-Attar et sa petite fille Thawra

De retour auprès de Mahmoud et sa famille. L’épouse Hanan (45 ans) était dans une classe et son petit-fils de 7 mois, enveloppé dans une couverture, dormait à côté de sa mère Manar (22 ans), assise sur le sol.

Un véritable cauchemar vécu ces derniers jours et que Hanan décrit : « Nous ne pouvions plus rester à la maison ; c’était infernal. Nous étions secoués chaque nuit du fait des bombardements intensifs et nous appréhendions les frappes aériennes et les tirs de chars. Il y a trois jours, ma petite-fille Thawra (3ans) était affolée des bombardements, alors elle a commencé à courir. Elle est tombée et s’est fait mal. A présent, elle a l’œil au beurre noir et des blessures au visage. Nous avons donc fini par quitter la maison et nous avons pris une voiture pour venir ici. L’histoire se répète, nous avons vécu la même situation quatre ans plus tôt. Nous attendrons ici jusqu’à une éventuelle trêve, car l’endroit est plus sûr. Nous voulons retourner dans nos maisons. Nous voulons vivre comme des gens normaux, sans craintes. »

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Les enfants, premières victimes des conflits

21 novembre 2012 – PCHR Gaza – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha