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Ken Loach : galvanisé par les lumières de Lyon
lundi 22 octobre 2012 - Cinémovies

Ken Loach a reçu samedi soir à Lyon, le Prix Lumière 2012, récompensant l’ensemble de sa carrière. Fidèle à lui-même, le cinéaste britannique a profité de cette occasion pour faire passer quelques messages.

21 octobre 2012




KEN LOACH ET LA FRANCE : UNE HISTOIRE D’AMOUR

On avait appris en juillet dernier que le réalisateur britannique Ken Loach serait récompensé à Lyon pour l’ensemble de son oeuvre. Il a reçu de prix, hier soir. Le cinéaste Bertrand Tavernier, président du Festival, et l’ancien footballeur Eric Cantona lui ont remis le prix. Ken Loach avait dirigé Cantona en 2009 dans Looking for Eric .

Le Festival Lumière de Lyon est un jeune festival organisé par l’Institut Lumière de Lyon, institut dirigé par Thierry Frémaux qui est également délégué général du Festival de Cannes. Il s’agit cette année de la quatrième édition de festival.

Ken Loach a une belle bien histoire avec la France. Le Festival de Cannes l’a bien souvent récompensé, et encore cette année il avait reçu le prix du Jury pour la comédie La Part des anges. Il avait déjà été auréolé à plusieurs reprises : prix du Jury en 1991 pour Hidden agenda, secret défense et pour Raining Stones en 1993. Il remporta la Palme d’Or en 2006 pour Le Vent se lève .

L’Académie lui avait également décerné le César de meilleur film étranger, en 1996, pour Land and Freedom, c’est dire si le cinéma de Loach est apprécié en hexagone.

Ken Loach, âgé de 76 ans, a donc accepté cette nouvelle distinction. Il était accompagné de son épouse Leslie, de sa productrice Rebecca O’Brien et de son scénariste habituel Paul Laverty. Ken Loack qui délivré un cinéma sinon engagé, tout au moins "social", a déclaré : "les matches ne se gagnent jamais en solo, mais toujours collectivement".

KEN LOACH : DISCOURS ENGAGÉ

Se disant bouleversé par ce prix, il a rendu hommage à la vitalité du cinéma français. Mais Ken Loach n’est pas du genre à venir chercher son prix en faisant des courbettes, sans en profiter pour faire passer quelques messages ;

Hier soir, ses propos étaient donc loin d’être anodins. Il a commencé par préciser que le système français, construit sur une fiscalité cohérente, lui avait permis de vivre de son art. Il a ajouté que ceci allait malheureusement être remis en cause par la Commission européenne.

"Nous sommes inquiets d’apprendre que ce système risque d’être attaqué. Le système français est important. Nous devons tous le défendre parce que c’est celui qui permet aux autres cinémas de rester vivants (...) Nous sommes Européens, mais l’Europe soumise à la dictature du marché, nous n’en voulons pas."

Il poursuit en évoquant les Etats-Unis : "Le cinéma ne peut pas changer les choses. Non, et en fait, c’est mieux comme ça. Parce que si le cinéma transformait le monde, on serait tous des Américains avec des flingues dans la poche. Mais nous pouvons apporter nos voix, nous les cinéastes, et aider ceux qui sont soumis à la censure, comme en Chine, ou comme c’est le cas pour l’Iranien Jafar Panahi."

Et Ken Loach est allé plus loin concernant la Palestine et Israel en se gardant de citer précisément l’état hébreu : " Il y a des années, en appelant au boycott de l’Afrique du sud, on a aidé les Noirs sud-Africains. On devrait faire de même aujourd’hui pour soutenir la Palestine ".

A toutes ces déclarations, la salle a réagi avec enthousiasme, à grands renforts d’applaudissements.

LES MOTS DE BERTRAND TAVERNIER

En juillet denier à l’annonce de ce prix qui serait remis à Ken Loach, Bertrand Tavernier avait évoqué le cinéaste en ces termes : "Le Prix Lumière est d’abord une manière de célébrer une oeuvre magnifique qui compte de très nombreuses réussites. Mais il est aussi l’expression de notre gratitude envers un homme qui resta fidèle à ses idéaux (...) un homme qui s’oppose au cynisme et au libéralisme, qui soutient les laissés-pour-compte et les oubliés. Héritier d’Orwell, Ken Loach a recensé, la rage au coeur, les erreurs et les lâchetés des hommes politiques de tous bords. Ses films constituent d’accablants témoignages contre les égarements de la société capitaliste. Ils sont aussi la preuve qu’on peut rêver d’une autre société, faite de fraternité et de croyances collectives. On ne pourra faire le portrait de l’Angleterre sans passer à côté de cette oeuvre immense. Le 20 octobre prochain, le Prix Lumière sera remis à un artiste qui aura toujours été du côté de la décence."

21 octobre 2012 - Cinémovies