Illustration : Amos Biderman

En d’autres termes, sur le territoire relevant de la juridiction d’Israël, une situation d’apartheid existe. Une minorité juive exerce sa domination sur une majorité arabe.

L’article d’Hila Raz rapporte que l’administration fiscale tente de faire adopter un amendement à la loi dans le but de réviser le plafond d’admissibilité à des avantages fiscaux, dont le but, en retour, est d’encourager les exportations. Conformément à la loi de promotion des exportations votée en 2005, une entreprise a droit à un allégement fiscal si au moins 25% de ses revenus proviennent de la vente à un marché d’au moins 12 millions d’habitants. Un memorandum du ministère des Finances concernant l’amendement à la loi, note qu’en 2011 la population d’Israël et de l’Autorité palestinienne [la Cisjordanie et Gaza sous occupation] ont dépassé la barre des 12 millions, ce qui permet aux fabricants qui y commercialisent leurs produits de profiter d’un allégement fiscal. Les diligents fonctionnaires de l’administration fiscale veulent rehausser le seuil - pour que l’on puisse profiter de cet avantage fiscal - de deux millions d’habitants, de sorte qu’ils n’auront pas à accorder cet avantage aux exportateurs qui vendent leurs marchandises en Israël et dans les territoires [palestiniens sous occupation].

Selon le Bureau central des statistiques (qui est subordonnée au Cabinet du Premier Ministre), sur les 12 millions d’habitants vivant sous autorité israélienne, le nombre de Juifs est d’un peu moins de 5,9 millions (à compter de ce 25 avril). Douze millions moins 5,9 millions de Juifs, cela fait 6,1 millions de non-Juifs. En d’autres termes, entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain, il y a un joli petit État juif par ses lois et ses coutumes, mais la réalité n’est pas vraiment démocratique. Des sources étrangères signalaient que les Juifs étaient devenus une minorité sur la grande terre d’Israël depuis plusieurs années. A partir de maintenant, il s’agit d’une statistique officielle.

Il y en aura certainement qui prétendront que les 12 millions incluent les résidents de la bande de Gaza, qu’Israël a [soi-disant] évacuée, et que je devrais avoir déduit 1,5 million de personnes du nombre de résidents non juifs. Mais les 12 millions qui incluent les habitants de la bande de Gaza, sont des chiffres officiels figurant dans les documents du ministère des Finances. Si cette population « n’est pas prise en considération » aux fins de l’équilibre démographique, le ministère des Finances devrait avoir la gentillesse de le déduire du fameux seuil pour bénéficier des allégements fiscaux et du calcul de ses revenus.

Les intellos US crient : « apartheid »

Le terme « apartheid » figure en bonne place dans un article paru dans la version électronique du magazine Foreign Policy à propos d’un nouveau « rapport confidentiel » rédigé par 16 agences américaines du renseignement. Franklin Lamb commente depuis Beyrouth au Foreign Policy Journal ce rapport « confidentiel », qui selon lui compare Israël au régime d’apartheid en Afrique du Sud. Le document, dit-il, met en garde que le printemps arabe et l’éveil islamique encourageront 1,2 milliards de musulmans à se battre contre ce qu’ils appellent « l’occupation européenne et immorale de la Palestine. » Lamb fait valoir que le rapport accuse Israël d’intervenir dans les affaires intérieures américaines par le biais de 60 organisations et quelque 7500 officiels de l’administration US. Le rapport, ajoute Lamb, conseille aux États-Unis de laisser Israël se débrouiller seul dans la mesure où ses exigences sabotent les intérêts des États-Unis pour se rapprocher du monde arabe et du peuple iranien.

Une rapide recherche sur Google révèle des détails intéressants sur Lamb, et vous pouvez le trouver en posture amicale avec l’archi-terroriste Samir Kuntar. On apprend qu’il est membre du conseil de la Fondation Sabra et Chatila, un militant de la campagne palestinienne pour les droits civils [Palestinian Civil Rights Campaign], un invité régulier des talk-shows de la station al-Manar du Hezbollah et un contributeur du site The Electronic Intifada. Il est difficile de croire que Ileana Ros-Lehtinen, élue du parti républicain au Congrès, ait pris la peine de se renseigner sur celui qui est à l’origine du scoop. Sinon, même un fervent partisan du gouvernement Netanyahu comme elle n’aurait pas fait état de cet article de Lamb dans les réunions qu’elle a avec les communautés juives en Floride, comme une preuve convaincante que Hussein Obama était un ennemi d’Israël.

Netanyahu n’a nul besoin de s’inquiéter de « rapports » que les services de renseignement présenteront au président Obama. Cependant, avant les élections américaines, le Premier ministre doit certainement se préoccuper plus que d’habitude de toutes les questions relatives aux relations israélo-américaines. Si on laisse de côté les exagérations disséminées dans l’article sur « le rapport, » les conclusions qui lui sont attribuées reflètent l’attitude qui prévaut à la Maison Blanche à l’égard de Netanyahu.

La reconnaissance officielle que les Juifs sont devenus une minorité dans la terre d’Israël ne peut que renforcer les revendications contre la domination israélienne sur les Palestiniens et développer le support international, y compris celle des Américains, pour l’établissement d’un État palestinien dans les frontières de 1967. Il est inutile de spéculer sur ce à quoi le premier ministre peut s’attendre si Obama reste à la Maison Blanche pour quatre années supplémentaires. Mais même si c’est Mitt Romney qui y passe les quatre prochaines années, Obama continuera à détenir toute l’autorité présidentielle jusqu’au 20 janvier 2013.

Souvenons-nous que la décision du président Reagan d’ouvrir un dialogue avec l’OLP (suite à la déclaration d’indépendance faite par cette organisation, sur la base de la Résolution 242 qui inclut la reconnaissance d’Israël) a été faite au cours d’une période de transition, après l’élection américaine de 1988. C’était une vengeance de Reagan sur Yitzhak Shamir pour avoir entravé le processus de paix et l’accord de Londres pour une conférence de paix internationale. Dans le cas présent, la période de transition chevauche une campagne électorale israélienne. Quel dommage le président sortant Obama subirait-il si au lendemain des élections du 6 novembre aux États-Unis, il ordonnait à l’ambassadeur américain aux Nations Unies de soutenir la candidature de la Palestine pour une adhésion à l’organisation ? D’un autre côté, ce ne serait pas un problème pour la campagne de Netanyahu, qui exploiterait cela comme une preuve supplémentaire que le monde entier est contre nous et que c’est pourquoi le pays a vraiment besoin d’un leader fort.

Boycotter les boycotteurs

Le groupe de coordination des organisations juives au Canada, le Center for Israel and Jewish Affairs (CIJA), a récemment demandé à ses agents, y compris les filiales Hillel dans les campus universitaires, de se tenir à l’écart de tous ceux qui appellent au boycott des colonies. Suite à cela, ils ont refusé d’accueillir l’auteur juif américain Peter Beinart et ont mis à l’écart l’organisation Canadian Friends of Peace Now. En réponse à l’Église unie du Canada qui a décidé de boycotter les produits des colonies, les dirigeants du CIJA ont décidé de boycotter le programme de dialogue inter religieux avec l’église. Steve McDonald, directeur adjoint et responsable de la communication au CIJA, a déclaré en réponse que, bien qu’il y ait dans son organisation des discussions ouvertes sur la question des colonies, il se battait contre l’utilisation de l’arme du boycott.

Bien sûr, le directeur adjoint a ajouté qu’il ne voyait aucune contradiction dans son comportement. Il y a de mauvais boycotts et de bons boycotts...

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