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Mon nom est Samia Halaby (BD)
jeudi 13 septembre 2012 - Ethan Heitner
Mondoweiss

- Je suis née à Jérusalem en 1936.
- Quand j’ai eu onze ans, en 1948, les terroristes sionistes m’ont expulsée de Palestine, moi et ma famille.
- Aujourd’hui, Samia Halaby vit et fait de l’art à New-York. Ses gravures se trouvent au musée Guggenheim et elle a enseigné à Cooper Union et à Yale.
- Ses peintures sont plutôt abstraites, comme ce tableau de 2010 "Cactus de nuit". Elle travaille soit traditionnellement, soit sur ordinateur.
- Elle fait aussi ce qu’elle appelle des "dessins documentaires", comme celui-ci où elle représente Ibrahim Massarwa, et qui fait partie d’une série commémorant le massacre de Kafr Qassem en 1956, où 48 Palestiniens sont assassinés par l’armée israélienne.

- Selon vous, quelle est l’importance de l’appel au boycott culturel ?

- La vérité est que je suis pour beaucoup plus que le boycott, mais que le boycott est une méthode de résistance pacifique qui est facile à accepter pour ceux qui sont nouveaux dans la lutte.
- Le but, au fond de mon c ?ur, est un État de Palestine laïc et démocratique, dirigé par la classe ouvrière.
- Un lieu d’égalité pour les futurs Palestiniens, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Un lieu où le droit au retour pour les Palestiniens est respecté.
- Je crois au droit des Palestiniens de se défendre.

- Mais est-ce que la culture n’est pas un moyen de construire des ponts ?

- Avec qui voulez-vous construire un pont ? Si quelqu’un pointe un fusil sur ma tempe, je ne peux pas lui tendre la main de l’amitié.
- Si je sais qu’ils viennent de tuer mon frère, je ne peux pas dire "allez, faisons une exposition ensemble".
- Ce serait ridicule.

- Mais est-ce que l’art ne pourrait pas transcender la politique ?

- "Transcender la politique", ça n’est pas possible.
- Tout art est politique. Il peut être soit du côté de l’opprimé, soit du côté de l’oppresseur.
- Il y a l’art qui se tient sur la clôture et qui prétend ne pas être engagé,
- comme la peinture d’une colombe qui prétend parler de la Paix : tout dépend dans quel bureau elle est accrochée.
- Elle permet à la fois à l’oppresseur et à l’opprimé de dire :
- "regardez, je veux la
Paix
".
- Mais à la fin, elle est du côté du plus puissant des deux, de celui qui tient les armes. Plutôt que "non engagée", c’est une peinture opportuniste.
- L’oppression, où qu’elle soit, nous concerne, toi et moi.
- Se tenir là sans rien faire est une façon de renforcer l’oppresseur,
- alors que participer avec eux est une façon de partager leur oppression.

(interview et dessins de Ethan Heitner)

26 décembre 2011 - Mondoweiss - traduction : Emmanuel Dror