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Syrie : pour les minorités, même la neutralité est dangereuse
mardi 31 juillet 2012 - Robert Fisk
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Dix-sept membres de l’Armée de Libération de la Palestine, soutenue par les autorités syriennes, ont été assassinés ce mois de juillet, après que des hommes armés aient arrêté leur bus et les aient kidnappés. Les corps ont été retrouvés mutilés (langue coupé, yeux crevés...)

Ils ne souhaitent pas « collaborer » avec le régime de Bachar al-Assad. Mais en restant neutre, vous vous retrouvez avec aucun ami. Pour vendre une miche de pain à un nazi en France occupée, nul besoin d’être un collaborateur. Mais vous étiez, selon une vieille expression allemande, « quelqu’un qui contribue à faire tourner la roue ». Non, Bachar al-Assad n’est pas Hitler, mais que Dieu épargne les Palestiniens et les chrétiens de Syrie dans ces moments terribles.

Les leçons à retenir ? Le demi-million de réfugiés palestiniens au Liban se sont battus du côté musulman-progressiste dans la guerre civile de 1975-90. Ils ont été récompensés par de la haine, des assassinats en masse et l’emprisonnement définitif dans leurs masures dans leurs propres camps. Les réfugiés palestiniens lors de l’invasion du Koweït avaient soutenu Saddam en 1990, et des centaines de milliers d’entre eux ont été expulsés vers la Jordanie en 1991. Les Palestiniens réfugiés en Irak depuis 1948 ont été assassinés ou chassés du pays par les « résistants » irakiens après l’invasion américaine en 2003.

La neutralité est donc la seule planche de salut possible pour les Palestiniens en Syrie, tandis qu’une autre guerre civile les engloutit. Pourtant, leurs camps sont régulièrement visités par les rebelles. Battez-vous pour nous, leur ont-ils dit. Et leurs camps sont infestés de « muhabarrats » du gouvernement syrien . Battez-vous pour nous, leur ont-ils dit. Par manque de chance, deux unités militaires palestiniennes, la Saiqa - l’une des plus vénales milices mise en place après l’intervention militaire de la Syrie au Liban en 1976 - et l’Armée de Libération de la Palestine (ALP), sont sous le contrôle direct du régime. Il y a deux mois, 17 des soldats de l’ALP syrienne ont été assassinés. Puis, la semaine dernière, à Damas, 17 autres ont été assassinés.

« Certains disent que ’l’armée syrienne libre’ les a tué pour mettre en garde les Palestiniens et les tenir à l’écart du régime, » me dit un cadre du FDLP (Front Démocratique de Libération de la Palestine). « D’autres prétendent que le régime les a tués pour nous mettre en garde contre ’l’armée syrienne libre’. Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous accrocher à notre neutralité. Et vous devez vous rappeler que certains Palestiniens dans les camps syriens sont eux-mêmes des hommes de renseignement faisant partie ’muhabarrat’ pour le compte du gouvernement syrien. Le FPLP (Front Populaire pour la Libération de la Palestine - Commandement général) a déclaré qu’il allait se battre pour le régime. »

La plupart des Palestiniens en Syrie sont des musulmans sunnites - comme la majorité de la population syrienne et la plupart des hommes de la résistance.

Les chrétiens sont des citoyens syriens dont la religion ne fait certainement pas la majorité dans une force anti-Assad. La stabilité de Bachar - un peu plus douteuse pour l’heure - est préférable aux horribles inconnues d’un régime post-Assad. Il y a 47 églises et cathédrales dans la seule région d’Alep. Les chrétiens sont persuadés qu’il y a des salafistes au milieu des rebelles. Et ils ont raison.

Il y a des leçons à tirer pour eux aussi. Lorsque ce fameux chrétien ’born-again’ de George W. Bush a envoyé ses légions en Irak en 2003, les terribles conséquences ont mis en pièces une des plus anciennes communautés chrétiennes du Moyen-Orient : les chrétiens irakiens. Le chrétien copte Chenouda d’Égypte a appuyé son protecteur Moubarak jusqu’à deux jours seulement de la chute du dictateur. Les musulmans d’Egypte s’en souviennent. Alors que peuvent faire les chrétiens de Syrie ?

Quand le patriarche maronite du Liban, le terne Bechara Rai, déclara après le début de l’insurrection syrienne qu’il fallait donner « plus de temps » à Bachar, il a enragé les musulmans sunnites de son pays.

Mais regardez la télévision syrienne et il est facile de grincer des dents face au comportement de certains chrétiens.

La semaine dernière, c’était au tour de l’évêque maronite de Damas de s’adresser aux Syriens. Ses premiers mots ? Il tint à remercier la télévision d’État syrienne pour lui avoir permis de parler. Il dit combien les chrétiens honoraient le Ramadan, combien ils ont appris à revigorer leur propre foi avec celle de musulmans dans leur mois sacré - une déclaration tout à fait raisonnable, mais sans doute faite parce que la majorité du troupeau qui suit le bon évêque vit dans la crainte de ces mêmes musulmans.

Et puis vint la phrase qui tue. À la fin de son sermon, l’évêque a donné sa bénédiction à tous les syriens « aux civils, officiels et soldats ». Les « officiels », bien sûr, étaient ceux de Bachar. Et les soldats étaient les soldats du régime. Je suppose que nous pourrions nous rappeler le vieux conseil chrétien de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Autre rappel : Bachar al-Assad n’est pas César.

Mais un écrivain libanais chrétien avait raison de suggérer que les chrétiens de Syrie suivaient probablement l’avis de saint Paul (1 Timothée 2:1) : « C’est pourquoi je vous exhorte en premier à ce que les supplications, les prières, les intercessions, les actions de grâces soient faites à tous les hommes, aux rois et à tous ceux qui sont en situation d’autorité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille ... » Et qui, sinon Bachar, est pour l’instant « l’autorité » en Syrie ?

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30 juillet 2012 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction : Info-Palestine.net