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Vies sous occupation : la fin des cultures d’exportation dans Gaza
lundi 23 juillet 2012 - PCHR Gaza
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Yousef Shaath à son bureau du PARC

Ce projet particulier était exploité depuis 2006, juste avant le blocus de la bande de Gaza : « Le projet aide les agriculteurs pour des cultures commerciales en leur fournissant des intrants pour leurs cultures et la formation nécessaire pour bien cultiver les plantes, en renforçant leurs capacités afin de les aider à réussir et, enfin, en aidant à la commercialisation des produits à l’extérieur de la bande de Gaza. »

Avec les agriculteurs soutenus tout au long de la bande de Gaza, ce programme a été très bénéfique au cours d’une période économique difficile : « Avant la fermeture de la frontière, les agriculteurs de Gaza plantaient 1000 dounams * d’ ?illets et 3000 dounams de fraises sans aide et chaque année. Avec la fermeture des frontières, il n’y a plus de marché pour ces produits. La saison dernière, nous étions en mesure de soutenir 187 dounams d’ ?illets et 350 dounams de fraises. L’année prochaine, encore moins de surfaces seront plantés si la fermeture de la frontière n’est pas levée. » On estime actuellement que seulement 127 dounams d’ ?illets pourront être pris en charge l’année prochaine, une diminution significative de près de 96% en l’espace de seulement 5 ans.

Le problème auquel est confronté le PARC est l’impossibilité de procéder à des exportations hors de la bande de Gaza. À l’heure actuelle, la seule possibilité d’envoyer des produits vers l’Europe est en passant par Israël, qui a créé un système qui garantit pratiquement qu’aucun produit de Gaza ne puisse quitter la bande de Gaza : « Avant, au passage de Karni, il était plus facile de faire sortir des exportations. Les produits étaient toujours réfrigérés et le processus se faisait en douceur. A Kerem Shalom, le processus est long et dangereux pour les produits. Quand nos camions arrivent, nous devons mettre les produits dans un espace ouvert, qui ne sont ni réfrigérés ni même couverts. Puis, après que les produits aient été inspectés, ils sont transportés sur un camion, ce qui n’est pas non plus réfrigéré ou même couvert. Ce n’est qu’alors que les produits sont transférés sur un véhicule de transport approprié. Si les produits sont laissés à l’extérieur d’un réfrigérateur plus de 20 minutes, la qualité commence à décliner. Les agents des services frontaliers le savent. Donc, même si nous pouvons faire passer un camion de produits à la frontière, il n’y a aucune garantie qu’il puisse être exporté. Sur les 10 camions qui atteignent la frontière, peut-être 5 ou 6 réussiront à exporter des produits de bonne qualité. »

À l’heure actuelle, Israël autorise seulement 10 camions par jour, au maximum. Mais bien que la frontière est censée être ouverte 5 jours par semaine, Israël ferme souvent le passage en évitant de prévenir, ce qui signifie à chaque fois que encore 10 camions de plus de produits ne sont pas exportés. En janvier, Israël n’a autorisé l’exportation que de 1,2 million de fleurs et 172 tonnes de fraises, de 2,3 millions de fleurs et 33 tonnes de fraises en février, de 2,3 millions fleurs et 7 tonnes de tomates cerises en mars, et de 2,4 millions de fleurs en avril. Cela reflète parfaitement la baisse importante des exportations constatées par le PARC.

Bien que le PARC fasse de son mieux pour aider les agriculteurs, sans levée de la fermeture des frontières, il a peu de moyens : « Gaza a d’excellents agriculteurs. Ils sont hautement qualifiés et certifiés Global Gap. Si la frontière était ouverte, il y aurait des opportunités et des bénéfices. Nous avons des produits de haute qualité ici et ils sont bien connus. Si la frontière était ouverte, ces agriculteurs n’auraient pas besoin de notre aide, ils pourraient être à nouveau auto-suffisants. »

Le projet de cultures de rente a été conçu comme une mesure temporaire pour aider les agriculteurs palestiniens dans la période difficile du blocus : « Ce devait être une mesure temporaire. Le [PARC] n’a pas de moyens de pression pour convaincre les Israéliens. Nous avons besoin de davantage de pression venant de la communauté internationale et des bailleurs de fonds. » Israël prétend que l’exportation présente un risque pour la sécurité, mais Youssef souligne que la fermeture « affecte des centaines de familles, augmente le chômage, la pauvreté et crée un potentiel de violence. Quand les gens ne voient pas de lumière à l’horizon, il y a toujours des risques de violence. »

Le projet de cultures commerciales, tout en offrant une assistance à court terme, n’est pas viable dans le cadre du blocus actuel : « il y a 2 ans, nous avons aidé environ 47 producteurs d’ ?illets, 80 producteurs de fraises et 50 maraîchers. Au total, nous avons aidé environ 180 agriculteurs cette année. Nous escomptons que la frontière ouvrira un jour et nous nous préparons pour cela. Cependant, nous ne pouvons pas soutenir les agriculteurs pour l’éternité. »

La fermeture de la bande de Gaza, imposée par Israël est une forme de « guerre économique » qui constitue une punition collective et est explicitement interdite par l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève. Le régime de bouclage viole aussi un certain nombre de dispositions du droit international, y compris, par exemple, l’obligation en vertu de l’article 43 du Règlement de La Haye de maintenir les conditions matérielles dans lesquelles vivent la population occupée.

Compte tenu, notamment, de la pauvreté qui en résulte dans la bande de Gaza et l’aide étrangère nécessaire pour soutenir la population, il est clair que la politique d’Israël viole ses obligations de puissante occupante qui en vertu du droit international des droits humains, doit assurer l’application des droits économiques, sociaux et culturels dans la bande de Gaza.

* dounam : environ 1000 mètres carrés (valeur locale à la Palestine)

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14 juin 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Claude Zurbach