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Vies sous occupation : confinée dans la Bande de Gaza
vendredi 8 juin 2012 - PCHR Gaza
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Safaa Al-Hasanat

Le calvaire de la jeune dame dure depuis 1997, date à laquelle elle avait déposé une demande pour l’obtention d’une carte d’identité. Sa requête faisait partie de la dernière vague des demandes acceptées par Israël avant l’an 2000.

Ne tenant aucun compte de ses obligations en tant que Puissance Occupante, Israël a, depuis cette date [2000], refusé de traiter les demandes des Palestiniens non encore inscrits.

Par ailleurs, lorsqu’Israël, la Puissance Occupante, a pris la Bande de Gaza, des centaines de milliers de Gazaouis qui avaient quitté la Bande n’étaient pas inscrits et ont, de ce fait, été empêchés d’y retourner et d’y obtenir leurs cartes d’identité auxquelles ils ont droit. Quant à Safaa (et beaucoup de Palestiniens comme elle), et malgré qu’elle soit concernée par le processus de demande officiel, sa carte ne lui a toujours pas été remise. La qualité de sa vie est, par conséquent, profondément bouleversée.

Safaa est arrivée dans le Bande de Gaza en 1997 pour étudier le journalisme. Vers la fin de la même année, elle a épousé un Palestinien et a sollicité les autorités Israéliennes pour la délivrance d’une carte d’identité.

Bien qu’elle soit légalement en droit d’obtenir sa carte, Safaa attend toujours. Elle raconte : « J’ai déposé ma demande avant l’an 200, mais je n’ai encore rien reçu. Ma requête n’a jamais été rejetée. Mon mari est allé se renseigner et on lui a dit que je figurais sur la liste des personnes censées obtenir une carte d’identité. A ce jour, je n’ai reçu aucune information ni carte. »

Ceci veut tout simplement dire qu’à l’instar de beaucoup de Gazaouis, Safaa est piégée à l’intérieur des frontières de la Bande de Gaza.

Cette situation n’arrange en rien la vie de Safaa, au contraire. Ne pas être en possession d’une carte d’identité dans la Bande de Gaza affecte terriblement chaque aspect de son quotidien. Elle avoue : « Je ne peux pas voyager pour voir ma famille. Je ne peux même pas bénéficier d’un traitement médical [spécialisé]. Je ne peux pas m’épanouir dans mon travail. Je suis tout simplement prisonnière à Gaza. Si j’avais ma carte d’identité, c’est toute ma vie qui aurait changé. »

Malheureusement, dans la situation actuelle, il n’y a aucune issue envisageable pour régler cette affaire qui maintient la vie de Safaa et de beaucoup d’autres en suspend.

Dans le cas de Safaa, sa situation ne cesse de s’aggraver au passage du temps. Il y a deux semaines, Safaa a découvert qu’elle est atteinte d’une maladie grave : la ptose rénale. Il s’agit en fait d’une maladie rare qui intervient lorsque le rein n’est pas correctement fixé à l’intérieur du corps. En conséquent, le rein droit de Safaa a complètement tourné dans son corps, ce qui lui cause énormément de douleur et de souffrance. Le rein s’est également penché dans la direction des voies urinaires provocant de sérieux problèmes internes.

C’est pourquoi, Safaa aurait besoin d’une intervention spécialisée qui consiste à déplacer le rein à l’intérieur du corps en utilisant des agrafes appropriées pour fixer le rein dans le corps. Cependant, les médecins ne parviennent toujours pas à la méthode à suivre pour traiter un tel cas à la fois rare et compliqué. De ce fait, il va sans dire que si Safaa ne réussit pas à sortir de la Bande de Gaza pour se faire soigner, son état de santé sera appelé à se détériorer. Safaa avoue que sa vie à l’intérieur de la Bande a complètement été paralysée et se demande : « Dois-je mourir pour obtenir tous mes droits ? »

Ainsi, sans sa carte d’identité, Safaa ne peut pas franchir les frontières de la Bande de Gaza si jamais elle aura un besoin urgent d’une prise en charge médicale spécialisée.

Malgré l’attente et le désespoir, Safaa ne manque jamais de signaler sa résidence aux Autorités Palestiniennes à chaque fois que la famille change d’adresse. Elle se dit que si jamais Israël décide de lui délivrer sa carte, les Autorités Palestiniennes auront les données mises à jour et pourront communiquer son adresse. Safaa ne voit cependant pas le bout du tunnel et ne cache pas son pessimisme résigné lorsque j’ai demandé à savoir si elle a de l’espoir d’obtenir un jour sa carte. Elle répond : « Non, je ne m’attends pas à recevoir ma carte d’identité. J’en ai perdu espoir. »

La situation de Safaa n’est malheureusement pas isolée. Des milliers de Gazaouis ne possèdent pas une carte d’identité car Israël contrôle le registre de la population Palestinienne et sélectionne, suivant des critères peu clairs, les personnes dans la Bande de Gaza qui ouvrent droit à une carte d’identité. A cet effet, ces mesures plongent dans le flou des milliers de citoyens qui ont à juste titre le droit de s’identifier en tant que Gazaouis.

La détention d’une carte d’identité est un droit fondamental garanti pour chaque personne. L’Article 6 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Hommes (DUDH) stipule que « Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique. » L’Article 13 prévoit que « Toute personne a le droit de circuler librement. »

Enfin, l’Article 15 de la même Déclaration stipule que « Tout individu a droit à une nationalité. » Ainsi, personne ne peut nier, en l’absence d’une raison valable, à une autre personne son droit de circuler, de vivre et de faire partie d’un pays. Le peuple Palestinien qui vit sans cartes d’identité est tout simplement empêché de jouir des libertés garanties en vertu du droit humanitaire international, notamment l’Article 12 du Pacte International relatif aux Droits Civiles et Politiques.

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30 mai 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha