Juin 1967, l’envahisseur sioniste devant Jérusalem.

...J’étais enfant et pour moi, ce spectacle a été le plus effrayant. La deuxième étape de l’expansion sioniste sur la terre de Palestine a déclenché une terreur que notre génération ne connaissait pas, mais que celle de mes parents avait déjà subie durant la Nakba quand, entre janvier 1948 et fin 1949, quelque 530 villages et villes ont été ethniquement nettoyés. Les changements dont j’ai été témoin ces 45 années depuis les « 6 jours » d’invasion en 1967 sont, pour le moins, monumentaux. Ces collines que les chars ont dévalées sont aujourd’hui toutes remplies de colonies de peuplement qui défigurent ce paysage ancestral. Les carrières israéliennes ont littéralement défoncé les autres collines, notre sol et nos pierres emportés au loin, par camions entiers, pour construire l’ « État juif », tout en anéantissant les vies palestiniennes.

Mais je ne veux pas ici passer du temps à écrire sur ces violations. Je crois que chacun peut avoir accès aux milliers de documents et rapports rédigés par les organisations indépendantes des droits humains et les organismes internationaux, lesquels décrivent les horreurs de la colonisation, de l’apartheid et de l’occupation sur cette « sainte terre ». Pas plus que je ne veux aborder la façon dont certains, qui enseignent à leurs enfants la souffrance des juifs à travers les âges, disent à ces enfants qu’il est permis d’infliger cette souffrance à un peuple autochtone, naturel. Et je ne veux pas davantage aborder cette question de la traîtrise des pays occidentaux qui professent les droits de l’homme et le droit international mais qui se sont faits en réalité les complices de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ni encore parler de la traîtrise des dirigeants arabes (oui, et pour certains, des Palestiniens) qui se sont rendus complices en aidant à faire de 7 millions d’entre nous des réfugiés ou des déplacés. Non, ce que je veux, c’est parler de nous, du peuple, et particulièrement de l’occupation mentale.

Les occupants/colonisateurs ont bien sûr toujours besoin non seulement de puissance militaire, mais encore de propagande et de manipulation psychologique pour arriver à leurs fins. Par exemple, dès la fin du 19e siècle, les sionistes ont réussi à injecter dans l’esprit de leurs victimes des notions comme « Arabes » et/contre « juifs ». Avec ce concept simple, les sionistes sont parvenus à :
 1) assimiler un groupe linguistique à une religion, et à élever la judaïcité à une prétendue structure nationale (à un « peuple ») ;
 2) éliminer les juifs arabes en tant groupe viable dont l’allégeance est naturelle à leurs compatriotes arabophones ;
 3) encourager les sentiments antijuifs (appelés à tort antisémitisme) pour aider leur cause en regroupant sionisme avec judaïsme.

Avant cela, ils ont forgé et popularisé le terme d’antisémitisme pour semer la confusion chez les Européens et se revendiquer sémites. Dès ces premières man ?uvres au 19e siècle, les peuples du monde ont été soumis à des efforts soutenus et intensifs de lavage de cerveau.

Nous comprenons parfaitement ces efforts de propagandes et nous nous attendions à ce qu’ils propulsent des idéologies racistes. Ce que nous ne comprenons pas, c’est pourquoi de nombreux Palestiniens, qui sont le peuple originaire de cette terre, ont accepté la défaite et même adopté la version sionisée de l’histoire. Certains même de nos manuels scolaires perpétuent des mythologies qui font perdurer le cauchemar sioniste comme une réalité. Et cela est aisé quand nous, les victimes, entretenons le mythe de l’exode de l’Égypte, de Massada, de l’histoire falsifiée de Joseph, de l’effacement de notre ascendance cananéenne et de l’idée que la judaïcité serait en quelque sorte biologique.

Une part de cela est due aux religieux qui confondent métaphores et mythes avec historiographie. Une part aussi est due à l’ignorance : par exemple, au fait d’ignorer que les Philistins étaient bien un peuple cananéen et ne venaient pas de Crète, ou que tant l’arabe que l’hébreu antiques étaient des dialectes de l’Araméen cananéen. Pour une part, ce n’est que bêtise pure ; notamment, en croyant que d’une manière ou d’une autre nous pourrions « ramener » la Palestine à un État islamique (fictif) ou juif idéalisé.

Ne vaudrait-il pas mieux reconnaître le mal qui a été fait au peuple natif, de restaurer une certaine justice, et de commencer à discuter entre nous de la façon dont nous, chrétiens, musulmans, juifs, athées et autres, pouvons vivre, ENSEMBLE, dans un pays, en totale égalité ? Et pourquoi pas un nouveau mouvement politique commun qui réformerait et démantèlerait les structures politiques dysfonctionnelles israéliennes et palestiniennes, de façon à construire une nouvelle réalité ? 64 ans de Nakba et 45 ans de Naksa ne suffisent-ils pas ? Il y a 11,5 millions de Palestiniens dans le monde qui, avec des milliards d’autres êtres humains, savent ce qui est juste pour affronter, au mieux, un demi-million de sionistes juifs abusés (plus les sionistes chrétiens également abusés qui les soutiennent).

Ce qui fait obstacle à la justice (c’est-à-dire à la paix) ce sont l’apathie et l’ignorance. N’est-il pas temps de s’en débarrasser ?

 Dissimulation de l’agression délibérée israélienne contre le USS Liberty. Rappelons-nous les victimes de l’attaque israélienne il y a 45 ans, et la lâcheté du gouvernement US qui a succombé devant le lobby pro-israélien et a enterré l’incident (en anglais)

 2011 Humanitarian Overview traite des priorités essentielles identifiées par Humanitarian Country Team (HCT), important organisme humanitaire de coordination des Nations-Unies, et les ONG partenaires dans les territoires palestiniens occupés (en anglais)

 Rabbin Brian Walt : Affirmation d’un judaïsme et d’une identité juive sans sionisme (en anglais)

 Israël est la nouvelle Afrique du Sud tandis que les appels au boycott se multiplient

 Boycott Israeli Blood Diamonds, Dublin 2-6-2012 (en anglais)

 Il faut sauver la vie de Mahmoud al-Sarsak, en grève de la faim depuis 73 jours

ACTION :

Prendre en compte les résolutions pour les boycotts, désinvestissements et sanctions dans vos syndicats, Églises, organisations, groupes, partis politiques, associations. Vous pouvez aussi lancer une pétition dans votre propre ville, conseil municipal, État ou autres lieux de décision pour se désinvestir d’Israël et des entreprises qui soutiennent le système de l’apartheid israélien.

Pour aider, nous avons présentons les informations appropriées sur ce lien : http://www.qumsiyeh.org/calltobds/ que nous essaierons de le mettre à jour pour promouvoir BDS (envoyez-moi tout ce que vous pensez pouvoir y être ajouté).

Voici d’autres liens avec beaucoup d’informations

http://www.pacbi.org/
http://www.bdsmovement.org/
http://www.kairospalestine.ps/
http://qumsiyeh.org/boycottsanddive...
http://www.christianzionism.org/
http://www.righttoenter.ps
http://www.qumsiyeh.org/christianlinks/

et notamment la rubrique "Boycott" sur Info-Palestine.net

* Chercheur en génétique et professeur aux Universités de Bethléem et de Birzeit, après avoir enseigné aux États-Unis, le docteur Mazin QUMSIYEH est président du Centre palestinien pour le rapprochement entre les peuples. Figure importante de la résistance populaire dans laquelle il prend une part active et qu’il organise, il collabore également avec de nombreux mouvements pacifistes de la société civile, et a publié plus de 1 000 articles dans des journaux, des livres et sur l’Internet. Il est l’auteur de Une Histoire populaire de la Résistance palestinienne parue aux éditions Demi-Lune (en 2013)

Du même auteur :

 « Qu’advient-il d’un rêve reporté ? » - 25 mai 2012
 Le moment du changement ! - 5 mai 2012
 La Journée de la Terre 2012 - 30 mars 2012
 « Christ au Check-point » - 15 mars 2012
 Les prisonniers politiques palestiniens - 3 mars 2012
 La biologie de la paix - 22 février 2012
 Vingt points sur Palestine/Israël - 14 janvier 2012

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