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La bataille des ventres vides : le cas de Hassan al-Safadi, en grève de la faim depuis 52 jours
vendredi 27 avril 2012 - Linah Alsaafin - AL-Akhbar
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Hassan al-Safadi

Safadi a été arrêté pour la septième fois par Israël le 29 Juin 2011. Il a passé 60 jours à être interrogé, et il a été autorisé à rencontrer son avocat pour la première fois, Mohammad al-Abed, seulement après 30 jours.

Safadi se trouvait dans la prison de Megiddo, quand il a commencé sa grève de la faim, et le Service pénitentiaire israélien (IPS) a réagi en le transférant à la prison de Gilboa.

Les prisonniers qui sont transférés d’une prison à une autre souffrent terriblement à cause des conditions difficiles dans lesquelles ils voyagent, et notamment à cause de leurs mains et leurs pieds enchaînés à l’intérieur d’un véhicule blindé, avec de nombreux arrêts. Le processus de transfert, dénommé Bosta, transforme un voyage qui devrait durer deux heures en un voyage infiniment long qui peut prendre jusqu’à trois jours.

Après avoir refusé de manger ou de boire de l’eau pendant cinq jours dans Gilboa, Safadi a été ramené à Megiddo. Après qu’il soit devenu évident qu’il ne mettrait pas fin à sa grève de la faim, il a été placé en cellule d’isolement à la prison de Jalameh. Dix jours plus tard, la santé de Safadi s’est rapidement détériorée, et il a été transporté à l’hôpital de la prison de Ramleh, où il est resté depuis.

Ce n’est pas la première fois qu’Hassan Safadi passe du temps dans les prisons israéliennes. Il a été arrêté une première fois quand il avait à peine 16 ans, en 1994. De 2007 à 2010, il est devenu la plus longue détention administrative dans une prison israélienne, sa détention étant renouvelée six mois après six mois.

Après sa libération, il a été arrêté par l’Autorité palestinienne pendant 48 jours et a passé les cinq mois suivant à être régulièrement convoqué pour un interrogatoire. Avant son arrestation par Israël en 2007, il avait déjà passé 43 mois en prison.

Au total, Hassan Safadi déjà a passé 10 ans en détention administrative dans les prisons israéliennes, sans jamais avoir été officiellement condamné ni même inculpé.

Dans le salon de la maison de sa famille dans la vieille ville de Naplouse, des photographies de Safadi prises au long des années couvrent la table à café. Des photos encadrées de son frère aîné Farid, qui a été tué en 1996 lors de la bataille du tunnel près de la tombe de Joseph, et de sa s ?ur Nelli, emprisonnée en 2010 et pendant 18 mois, ornent les murs. Nelli a finalement pu se rendre dans la bande de Gaza pour être réunie avec son mari Obadah Hakam Saeed, également un ex-prisonnier, qui a été libéré en octobre dernier dans le cadre de l’accord entre le Hamas [résistance palestinienne] et les forces israéliennes d’occupation. Mais il a été exilé à Gaza.

Le jour avant que les forces israéliennes viennent arrêter Safadi avait été une très bonne journée, se rappelle sa mère. Elle était allée rencontrer une possible épouse pour Safadi, et il avait été convenu d’y aller à nouveau avec Safadi.

Au lieu de cela, plus tard cette nuit-là, la famille Safadi a été réveillée en sursaut par une explosion qui a soufflé la porte d’entrée hors de ses gonds à 2 heures du matin. Soudain, la maison était pleine de soldats, certains descendant même du toit. Ils ont pris Safadi et tandis que sa mère s’est mise à crier et à protester, ils ont frappé son fils tout en l’emmenant à la jeep.

Safadi est technicien de maintenance, mais il avait peine à garder un emploi stable, en raison de ses fréquentes convocations pour interrogatoire par l’Autorité palestinienne et Israël. Ces interrogatoires duraient parfois plusieurs jours de suite.

Il insiste sur le fait qu’il ne se cessera pas sa grève de la faim tant qu’il n’aura pas été libéré, et il rejette sans équivoque un exil.

Sa s ?ur Najiyeh, dont les quatre jeunes fils sont tous vêtus de t-shirts arborant le visage de leur oncle, explique encore : « Les autorités israéliennes ont présenté à Hassan la possibilité d’aller en exil, plutôt que de subir des arrestations et du harcèlement en permanence, comme c’est le cas depuis 2004 ». « Ils lui ont à nouveau proposé l’exil en 2007, et les mots exacts de l’officier de renseignement israélien étaient : ’Il vaut mieux pour toi aller dans un autre pays, au lieu de pourrir ici, en Palestine’. »

La détention administrative de Safadi a été prolongée de six mois en décembre 2011. Aucun des membres de sa famille n’a pu le visiter depuis juin dernier, ni même être autorisé à lui parler par téléphone. Safadi aurait à ce jour perdu 20 kg.

La maman d’Hassan secoue lentement la tête. « Je soutiens sa grève de la faim », dit-elle, « mais il est extrêmement difficile d’imaginer votre propre fils en train de mourir. »

Malgré son âge, la mère de Safadi a mené une grève de la faim pendant 15 jours en solidarité avec son fils. Elle s’est presque effondrée et a elle dû être emmenée à l’hôpital où elle a été forcée de mettre fin à sa grève.

« Je ne veux pas que Safadi soit informé de ma grève de la faim », dit-elle en parlant doucement. « Je ne veux pas qu’il s’inquiète de moi. Un de mes petits-enfants voulait écrire sur sa page Facebook au sujet de ma grève de la faim, mais je lui ai interdit de le faire. »

Et d’ajouter : « Il s’agit d’une personne généreuse et compatissante, et c’est le plus aimant de mes 11 enfants. Hassan m’a dit maintes et maintes fois, dans et hors de prison, qu’il trouvait sa force en moi. S’il me voit pleurer à la télévision par exemple, il me dit que c’est comme si je l’avais placé à l’intérieur d’une autre prison. »

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25 avril 2012 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Claude Zurbach