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Vies sous occupation : mon fils Ayoub
mardi 10 avril 2012 - PCHR Gaza
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Ayoub, la veille du jour où il a été assassiné

Adila Ahmad Youssef Asalia, 44 ans, est la mère de Ayoub, un enfant de 12 ans tué par un drone israélien alors qu’il courait après un petit chien sur son chemin de l’école. Tandis qu’elle raconte l’incident, Adila essaie de parler entre ses larmes.

Ayoub était le sixième fils de la famille Asalia, l’un des neuf frères et cinq s ?urs. Adila parle de lui comme d’un enfant gentil et serviable : « Chaque fois qu’il en avait le temps il restait avec moi dans la cuisine, et m’aidait à faire le pain, la vaisselle ... Il était drôle, toujours à raconter des histoires amusantes et tout le monde l’aimait ». Elle se souvient que tous les vendredis, il s’habillait avec ses plus beaux habits et taquinait son frère Husam, âgé de 15 ans, qui restait en shorts : « Ne pensez-vous pas que j’ai l’air plus intelligent et plus beau que mon frère ? »

Le dimanche matin, le 11 mars, Ayoub se préparait à aller à l’école. Il prenait des leçons supplémentaires avant ses cours de l’après-midi, et il devait être en classe pour 7 heures du matin. Il faisait des blagues avec sa tante dans la cuisine, et demanda à sa mère si elle pouvait lui acheter des nouvelles sandales car les anciennes étaient usées. Marchant sur le chemin de l’école, il rencontra son cousin Wafi, un garçon de 5 ans qui jouait avec un chiot. Le chien a eu peur d’Ayoub et s’est enfui. Comme Wafi commencé à se plaindre, Ayoub a couru après le petit chien pour l’attraper et le ramener à Wafi.

Kalthum Abdallah Mohamed Asalia, une parente qui vit dans la maison près des lieux, se souvient. « Je regardais les garçons à travers la fenêtre les garçons, quand j’ai entendu le bruit d’un drone suivie par une grosse explosion. » Elle s’écarta de la fenêtre et s’est précipitée sur les lieux, trouvant un garçon blessé, le visage tourné vers le sol. Les voisins se précipitèrent pour voir qui avaient été blessé et pensant que c’était Ayoub, ils ont appelé à Adila. Quand elle est arrivée, elle n’a pas reconnu ses vêtements. Elle interrogea les hommes de l’ambulance au sujet de Ayoub et comme ils n’ont trouvé personne d’autre, elle a pensé qu’il était à l’école et l’ambulance a quitté la scène. Toutefois, à ce moment Kalthum se souvint qu’elle avait vu Ayoub courir après le chien et qu’il n’était pas encore à l’école quand le bombardement s’est produit. Avec quelques voisins, ils ont décidé de poursuivre les recherches tandis qu’Adila est rentrée chez elle.

Un voisin a rappelé une ambulance pour avoir de l’aide pour chercher Ayoub, et alors qu’un auxiliaire médical fouillait entre les arbres et les buissons, il a trouvé le demi-corps d’un jeune garçon. Kalthum ne pourra jamais oublier l’image du corps amputé, avec seulement les os et la chair sanglante. Les voisins sont allés chercher Adila tandis que l’infirmier couvrait la partie inférieure du corps d’Ayoub. Revenant à ce moment-là, Adila ne se souviens pas l’ordre des événements. Juste qu’elle a nettoyé le visage d’Ayoub, plein de sable et de sang, et qu’elle a beaucoup pleuré, prié pour de l’aide, lui a parlé, et encore pleuré, qu’elle est allée à l’hôpital, qu’elle a prié.

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Adila et son époux Amir Asalia, avec deux de leurs enfants Faraj et Eymad et un de leurs petits-enfants Abdel Rhaman

Depuis ce dimanche matin, Adila ne peut plus prendre le petit déjeuner avec ses enfants. Elle a peur de « faire face à un vide » quand elle regarde la table avec ses enfants autour d’elle mais sans Ayoub. « C’est trop dur. » La famille a été traumatisée par l’attaque. « Nous avons peur de sortir, et de trouver une partie ducorps Ayoub sur un arbre, dans la rue, dans le jardin. Depuis l’attaque, nous dormons tous dans la même pièce, avec tous les enfants parce que nous avons peur. »

Adila termine son histoire en disant : « comment un enfant peut-il faire face à une fusée ? » Elle veut penser à tous les enfants palestiniens et « attend le jour où il pourront bénéficier de la sécurité, de la liberté ». Dans la bande de Gaza, entre le 10 et le 12 mars 2012, un autre enfant a été tué et vingt ont été blessés.

Il y avait pas de combattants dans la région au moment de l’attaque. Le ciblage et le meurtre d’un enfant, un civil qui doit être protégé, est un crime de guerre, tel que cela est codifié dans les articles 8(2)(a)(i) et 8(2)(b)(i) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

Consultez également :

- Vies sous occupation : quand les hôpitaux plongent dans le noir - 8 avril 2012
- Vies sous occupation : les moyens de subsistance pris pour cible - 3 avril 2012

21 mars 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Naguib