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Après 40 jours de grève de la faim, Hana Shalabi est en danger de mort
mercredi 28 mars 2012 - Fadi Abu Saada - Al-Akhbar
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Une femme tient une pancarte représentant Hana Shalabi lors d’un rassemblement en appui de sa grève de la faim ainsi que pour la libération de tous les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes - Jérusalem, le 24 mars 2012 - Photo : Reuters/Ammar Awad

Le porte-parole du Jihad islamique et prisonnier Khader Adnan a remporté la bataille des « ventres vides », et il a passé le flambeau à Hana Shalabi, une autre farouche combattante qui refuse de renoncer à ses droits.

Ce dimanche, Shalabi a déjà vécu 40 jours d’une grève de la faim illimitée pour la « victoire ou le martyre ». Elle proteste contre sa détention par les forces d’occupation israéliennes, sans charge ni procès, une procédure connue sous le nom de détention administrative. Son corps est fragile, mais elle est pleine de défiance et elle a bien l’intention de poursuivre sa protestation.

Shalabi continue de mener son combat contre les autorités israéliennes à la suite de l’échec des négociations entre ses avocats et le tribunal militaire pour trouver un compromis qui mette fin à son agonie.

Le 19 Mars, Shalabi avait envoyé un message depuis la clinique de la prison de Ramleh par l’intermédiaire de son avocat, Jawad Boulos, responsable du département juridique au sein du Club des Prisonniers Palestiniens (PPC).

« Il est vrai que nos vies sont des plus précieuses, mais notre liberté est encore plus précieuse et plus puissante que leurs cellules de prison », disait-elle.

Shalabi a expliqué comment les autorités l’ont tout d’un coup transférée à l’hôpital Rambam à Haïfa pour des examens médicaux, puis comment elle avait été ramenée à l’hôpital de la prison de Ramleh. Ceci avait été fait sans son consentement et même après qu’elle eut refusé.

Selon son avocat, Shalabi est maintenue isolée dans la salle même où Adnan a poursuivi sa grève de la faim il y a deux mois. Elle a perdu environ 16 kilogrammes (elle pesait 73 kg et en fait maintenant 56) et elle doit faire face à d’énormes pressions pour mettre fin à sa grève.

Les autorités tentent de briser Shalabi en se concentrant sur les effets néfastes du manque de nourriture pour son corps, lui expliquant qu’elle pourrait se retrouver paralysée ou faire face à des dommages physiques permanents.

Elle est complètement isolée du monde extérieur. La pression psychologique est également de plus en plus forte, surtout quand sont sort est comparé à celui d’Adnan et au niveau de soutien qu’il avait obtenu.

Contredisant les mensonges permanents des autorités israéliennes, le président du PPC, Kaddoura Fares, nie l’affirmation par le Comité d’éthique du service pénitentiaire que l’état de santé de Shalabi est satisfaisant. Il décrit sa situation comme critique et dit qu’elle peut très bien mourir.

Sa famille est une source importante de soutien qui lui permet de persévérer. Ils ont toujours été impliqués dans la lutte. Elle est la fille de Yehia Shalabi (67 ans) et elle a cinq s ?urs et trois frères. Son quatrième frère, Samer, a été assassiné par les forces israéliennes.

Al-Akhbar a rencontré Omar Shalabi, le frère d’Hana, qui a dit qu’elle avait déjà décidé d’entamer une grève de la faim avant sa libération en échange du prisonnier israélien Gilad Shalit. Elle protestait ainsi contre sa détention administrative qui durait depuis 25 mois consécutifs.

Il a dit qu’elle avait annoncé à sa famille qu’elle se lançait dans une grève de la faim illimitée au moment où elle a été à nouveau arrêtée le 16 février dernier. Elle leur a demandé de la soutenir et ne pas s’inquiéter.

Omar peine à exprimer ses sentiments envers sa s ?ur. « Il est impossible de retrouver ce que vous perdez », dit-il en parlant de Samer. Il s’inquiète pour sa famille que Hana Shalabi puisse subir le même sort.

« Son moral est élevé et elle a foi en Dieu », poursuit-il. « Nos prières n’ont pas cessé. La tente que nous avons mise en place en dehors de notre maison est toujours pleine de visiteurs montrant leur solidarité et venus de Jénine, Jérusalem, Ramallah, et de la Palestine occupée en 1948. Cela rend les choses plus faciles, ainsi que les actions de solidarité et de protestations. »

Bien que de nombreuses organisations et des avocats soient intervenus, les autorités d’occupation continuent de refuser de fournir à la famille Shalabi un permis pour rendre visite à Hana.

Le PPC explique que les parents d’Hana Shalabi ont demandé une dizaine de fois un tel laissez-passer, mais que le service secret israélien continuait de le leur refuser au motif d’une « menace pour la sécurité ».

D’autres prisonniers palestiniens qui s’étaient bravement mis aux côtés d’Adnan sont également actifs dans le soutien à Shalabi. Certains ont décidé de poursuivre une grève de la faim contre l’occupation et ses prisons.

Iyad Mahamid, un avocat au PPC, a déclaré à Al-Akhbar que lors d’une visite dans la prison Majdo il a découvert que « l’administration pénitentiaire était en train de punir les prisonniers qui s’étaient mis en grève de la faim en solidarité avec Hanaa Shalabi. Il y en avait 50 rien que dans la prison de Majdo ».

L’avocat confirme que l’administration « a séparé certains d’entre eux, en leur refusant le droit de visite. Elle a également imposé des amendes entre 200 et 300 shekels (de 50 à 80 dollars US) et leur a interdit de voir leurs avocats, affirmant qu’ils sont en mauvaise santé en raison de la grève de la faim ».

Une Jeanne d’Arc palestinienne

Hana Shalabi est née en février 1982 dans le village de Barqin près de Jénine dans le nord de la Cisjordanie occupée, dans une famille de réfugiés de Haïfa. Elle est célibataire et a été emprisonnée deux fois par les forces d’occupation.

La première fois qu’elle a été détenue, elle a passé environ deux ans et demi en prison. Cette fois, elle a décidé que ce serait différent.

Elle avait connu la réalité des prisons israéliennes et le sens de la détention : les interrogatoires interminables pendant des journées entières, le harcèlement, et le traitement sordide imposées aux prisonniers palestiniens, en particulier aux femmes.

Le 14 septembre 2009, Shalabi a été arrêtée pour la première fois. C’était pendant le Ramadan. Dans le centre d’interrogatoire d’al-Jalma, elle a subi pendant huit jours consécutifs des séances intensives d’interrogatoires 10 heures par jour.

Les soldats et les agents qui l’interrogeaient la battait et l’humiliait.

Shalabi avait perdu la notion du temps et elle ne mangeait pas parce que c’était le Ramadan et qu’elle jeûnait. Elle ne buait de l’eau qu’après les séances d’interrogatoire tard dans la nuit.

Les interrogateurs ne se souciait pas de son jeûne et ne lui fournissait ni l’iftar ni le sohour au moment adéquat. Elle a passé un total de 17 jours dans une chambre petite, sale et sans lumière, ne contenant qu’un lit et une toilette exposée.

« La Jeanne d’Arc palestinienne », comme certains de ses soutiens appellent Shalabi, a confirmé qu’elle a été harcelée verbalement par un policier qui l’interrogeait après une séance d’interrogatoire.

Il l’a appelée grossièrement habibati (mon amour), la mettant ainsi en colère. Il a ordonné aux soldats de la frapper au visage et sur le corps. Puis, ils l’ont attachée au lit et se sont mis à l’insulter et à la filmer ainsi attachée.

Shalabi a passé 25 mois consécutifs en détention administrative.

Shalabi a été libérée le 18 octobre 2011 dans la première phase d’un échange de prisonniers entre le Hamas et Israël. Le 16 février 2012, elle a été de nouveau arrêtée dans sa maison.

L’armée israélienne avait encerclé le quartier de sa famille et fait irruption dans les maisons de ses frères et de ses parents.

Shalabi a été menottée et placée en détention, sans lui permettre de dire au revoir à sa famille ni de les informer de l’endroit où elle était emmenée.

Elle a eu les yeux bandés jusqu’à ce qu’ils atteignent le centre de détention de Salem près de Jénine occupée. Ce même jour, elle a commencé un nouveau combat contre les forces d’occupation et a entamé une grève de la faim illimitée.

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26 mars 2012 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Naguib