Dans le monde arabe, l’année 1948 est connue pour être celle de la Nakba. Ce mot signifie catastrophe et il évoque l’exode des Palestiniens après la création de l’État d’Israël. En réalité, Nakba est plus qu’un évènement historique ; elle évoque aussi l’exil qui en a découlé et le sentiment de perte et d’aliénation qui a suivi : l’aspiration à une patrie qui n’existe plus.
« Palestine 1948 : souvenir d’une ancienne patrie » montre le souvenir de ce phénomène depuis un point de vue palestinien. L’exposition se compose de quatre sections, reliées par le thème central de la mémoire et de la perte : la mémoire d’un évènement historique, d’une culture et d’une patrie qui a été perdue. Chronologiquement, le spectacle commence avec des photos historiques de Khalil Raad (1854-1957). Elles donnent un sens de la vie quotidienne en Palestine dans les années vingt.
Souvenirs sur films
La principale section de l’exposition se compose de récits personnels de réfugiés palestiniens de 1948. Dans des entretiens récemment filmés sur vidéos, ils racontent leur histoire personnelle, souvent avec une profonde sensibilité, sur la façon dont ils ont vécu la guerre, comment ils se sont échappés et ce qu’ils ont ressenti d’être exilés.
Cette documentation vient des Archives de la Nakba, un projet collectif entretenu par des chercheurs internationaux basés à Beyrouth. Ces dernières années, des entretiens ont été enregistrés sur vidéo avec des réfugiés de la première génération, qui représentent actuellement 1000 heures de vidéos. L’objectif est de garder vivante le souvenir de la Nakba, si pauvrement documentée par ailleurs, et de la vie en Palestine avant 1948.
Une patrie perdue
En plus des films d’Archives de la Nakba, l’exposition montre des photos contemporaines et historiques. Pendant deux ans, le photographe américain, Alan Gignoux, a compilé des photos de réfugiés palestiniens et les a interclassées avec des images des lieux précis qu’ils avaient abandonnés en 1948, dans un projet appelé « Patrie perdue ». Sur l’une de ses photos, par exemple, on voit l’ancienne mosquée dans la Césarée d’aujourd’hui, mosquée devenue cafétéria.
En juxtaposant les photos de Gignoux avec les photos historiques de Khalil Raad (1854-1957), l’exposition montre l’étendue du changement qui s’est produit dans les soixante dernières années. Dans certains cas, le passé a littéralement été effacé.
Visions d’avenir
L’art vidéo de la Palestinienne Jumana Emil Abboud, une habitante de Jérusalem, exprime l’aspiration à une patrie en même temps qu’elle soulève la question de la possibilité, ou de l’impossibilité, du retour. « Al-Awda » (2002) montre une femme se promenant dans un bois. Comme dans un conte de fées, elle essaie de baliser le chemin pour son retour en laissant une traînée de chapelure. Mais son voyage - une recherche de foyer - est sans fin : la vidéo la montre avançant sur le même chemin encore et encore dans une boucle continuelle.
Le Tropenmuseum (lit. « musée tropical ») est un musée ethnographique situé dans l’arrondissement d’Amsterdam Oost, à Amsterdam.
Il présente les différentes civilisations du monde à travers des reconstitutions très fidèles (Bombay, souk arabe, village africain...).
Il fait partie du Koninklijk Instituut voor de Tropen (KIT, « Institut royal pour les tropiques »). En 2009, il est dirigé par Lejo Schenk.
2012 - Tropenmuseum - traduction : Info-Palestine.net