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Fiasco à Amman
mercredi 8 février 2012 - Khalid Amayreh
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On se demande ce qui peut bien faire rire la baronne Catherine Ashton, la soit-disant chef de l’inexistante diplomatie de l’Union européenne - Photo : AFP

Ces demandes palestiniennes sont les plus élémentaires et minimalistes à satisfaire pour pouvoir un jour sauvegarder un accord de paix.

Mais il est évident que les prétendus pourparlers de paix sont tenus non en vue de parvenir à une paix véritable, mais plutôt pour occuper les deux parties et pour faire plaisir au Quartette, lequel se plairait à avoir le sentiment que quelque chose se passe et que le train de la paix n’est pas irrémédiablement bloqué en gare.

C’est ce qu’affirment les négociateurs palestiniens éternellement frustrés, on le conçoit, puisque Israël ne cesse jamais de voler les terres palestiniennes et de démolir des maisons palestiniennes, ne cherchant pas réellement un accord de paix digne mais s’efforçant plutôt de liquider la cause palestinienne.

Tel est le message délivré aux délégués de l’AP par Yitzhak Molcho, chef de la délégation sioniste aux pourparlers, dans son exposé de la vision israélienne d’un « compromis » territorial final en Cisjordanie.

Des sources palestiniennes décrivent les idées de Molcho comme « improbables ». Néanmoins, certains délégués de l’AP, comme Sa’eb Erekat, semblent disposés à entendre Molcho, ce qui pourrait suggérer que l’AP serait disposée à abandonner la demande-clé qu’est le retrait de Cisjordanie jusqu’au dernier pouce de terrain.

Le retrait de la totalité de la Cisjordanie et de Jérusalem Est a toujours été une constante palestinienne jouissant d’un large consensus national.

Selon la vision de Molcho, Israël conserverait et annexerait toutes les colonies juives et les avant-postes de la colonisation établis depuis 1967. Quant à Jérusalem Est sous occupation, la ville ferait partie de la capitale israélienne « éternelle et indivisée ». Toutefois, moyennant un peu de « bonne volonté » palestinienne, Israël se montrerait assez magnanime pour accorder aux arabes et aux musulmans un accès limité aux lieux saints de l’islam à l’Esplanade des Mosquées.

C’est le point essentiel de la position israélienne et il est très improbable que le gouvernement de Benjamin Netanyahou, de loin le gouvernement le plus fasciste et anti-paix, fasse un jour des « concessions » sérieuses susceptibles de donner aux chasseurs de mirages parmi l’AP et les arabes désespérés, comme le roi de Jordanie, ou les cadres du Quartette, le moindre espoir de sauver un accord.

Les Israéliens se rendent compte que le Quartette n’est pas en position de les contraindre à faire de réelles concessions pour la paix. En outre, l’administration américaine vit une année électorale, pendant laquelle les prétendants à la présidence sont forcés de trancher dans une alternative peu attrayante concernant Israël : soit ils se transforment délibérément en vrais prostitués politiques contraints de satisfaire les désirs et caprices israéliens, soit ils commettent un suicide politique.

Nous avons eu récemment un exemple de cette prostitution politique quand le prétendant républicain Newt Gingrich s’est référé aux Palestiniens comme à un « peuple inventé ». Ce candidat « présidentiel » d’une ignorance crasse oublie complètement le fait qu’en comparaison avec le peuple palestinien, le peuple américain (hormis les Amérindiens) est en fait davantage qu’inventé, puisque la majorité des Américains sont des immigrants du monde entier.

Mitt Romney, le rival de Gingrich, se complairait dans pareille diarrhée verbale, afin de plaire à Israël et à ses cercles riches et puissants aux Etats-Unis.

La même chose s’applique au Président en exercice Barack Obama, qui ne rate jamais une occasion de faire l’éloge d’Israël, un état qui mérite l’appellation de crime contre l’humanité pour l’immense souffrance et l’oppression monumentale qu’il a infligées à un peuple sans défense dont le seul crime est de ne pas appartenir à la tribu sacrée, à la « race des seigneurs » ou Peuple Elu.

Dès lors il serait futile de placer le moindre espoir dans une administration américaine traitant les Palestiniens sans le moindre semblant de justice. La culture politique étasunienne est tout simplement trop machiavélique pour produire des présidents dotés de principes et d’une conscience morale, susceptibles de sauter dans le train de la moralité plutôt que dans celui de l’opportunisme.

Quant à l’UE, il est clair que le maximum de ce qu’elle pourrait faire ne suffirait pas à forcer Israël à accéder aux demandes internationales ou à tenir compte du droit international. Cela veut dire que l’UE ne peut que jouer un rôle complémentaire au rôle américain. Par ailleurs, certains Etats européens comme l’Allemagne sont toujours handicapés par le poids de l’héritage du génocide nazi et sont incapables de mener réellement envers le régime sioniste une politique sensée qui puisse conduire à une paix véritable.

Le rôle que joue la Russie dans le Quartette est lui aussi secondaire et symbolique, en dépit de la rhétorique pro-palestinienne que nous entendons encore chez les diplomates russes arabophones qui apparaissent sur les écrans de télévision arabes ou russes.

Dans ces conditions il est vraiment difficile d’envisager une chance raisonnable de paix véritable qui rencontrerait un minimum d’aspirations palestiniennes et aurait l’acceptation d’une majorité de Palestiniens dans le pays et dans la diaspora.

Au lieu de cela on assiste aux efforts concertés et frénétiques d’Israël pour imposer le fait accompli aux Palestiniens, fait accompli qu’il cherche à parfaire en construisant davantage de colonies et en étendant les colonies existantes. Tout futur Etat palestinien en Cisjordanie ne pourrait couvrir que des parties, mais non tout le territoire occupé, la majeure partie de Jérusalem Est restant sous occupation.

Quant au droit au retour, il est évident que les deux parties s’accorderaient à ne pas être d’accord sur cette question prépondérante, mais reste à voir si cet épineux dossier ferait obstacle à un accord partiel possible.

A l’évidence, les Palestiniens ont peu d’alternatives à leur disposition pour faire un choix.

Toutefois il est essentiel que les dirigeants palestiniens ne sacrifient pas les constantes nationales palestiniennes sur l’autel des faveurs et du soutien financier des Américains et des Européens.

En fin d’analyse, les dirigeants de l’AP devraient être capables de « jeter les clés » et d’abandonner l’objectif de la construction d’un Etat.

Je dis cela parce que la construction d’un Etat en soi n’a jamais été un objectif essentiel ou central.

En effet, au cours des différentes phases de leur combat, les Palestiniens ont toujours voulu libérer leur pays usurpé des mains coupables du sionisme international. Et la dernière chose que les Palestiniens chez eux et en exil accepteraient, c’est de recevoir une petite partie de leur terre ancestrale en vue d’y établir un Etat, en échange de la liquidation de leur cause et de la destruction de leurs droits historiques, notamment le droit au retour.

Du même auteur :

- Les pourparlers d’Amman : un suicide politique pour le Fatah ? - 11 janvier 2012
- 2011, juste une année de plus pour les Palestiniens ? - 1e janvier 2012
- Israël se ligue contre les Palestiniens - 24 décembre 2011
- Le « processus de paix » a la tête sous l’eau - 25 octobre 2011
- Une victoire de la résistance - 17 octobre 2011
- Après septembre - 12 octobre 2011
- A Abbas : ne bougez pas face aux pressions américaines - 29 septembre 2011
- Le sionisme criminel va provoquer une catastrophe durable pour les juifs - 22 août 2011

6 février 2012 - al Qassam - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.qassam.ps/opinion-5339-T...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert