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Le mouvement en faveur du Boycott de l’état israélien unit les peuples
jeudi 22 décembre 2011 - E.Walberg
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Janvier 2009, Johannesburg - Manifestation en faveur du boycott de l’état sioniste

Dans son argumentaire, le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme basé à Gaza a notamment cité la quatrième Convention de Genève et le Statut de Rome de 2002 de la Cour pénale internationale, qui interdisent « le transfert, direct ou indirect, par la puissance occupante d’une partie de sa propre population civile dans le territoire qu’elle occupe. »

Ce fut aussi le moment opportun pour lancer la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, approuvée par l’ONU, en ce jour du 29 Novembre coïncidant avec l’anniversaire du vote de l’ONU pour le plan de partition, célébré la première fois en 1976. Les militants du mouvement Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) ont organisé plus de 60 actions dans 10 pays européens dans le cadre d’une journée d’actions invitant les supermarchés et les gouvernements à « Sortir l’apartheid du menu ».

Au Royaume-Uni, une journée d’action BDS a été déclarée au Royaume-Uni, ciblant Tesco, la plus grande chaîne de supermarchés britanniques, la seule dans ce pays qui vend ouvertement des produits provenant des territoires illégaux. Les actions allaient des manifestations jusqu’au travail de mise en réseau et de lobbying sur Internet, en passant par des ré-étiquetages dans les magasins. Alors que Agrexco vient de perdre sa place du plus important fournisseur de produits laitiers vers l’Europe, maintenant, c’est Mehadrin qui occupe cette position et a été à son tour la cible des actions européennes contre les exportateurs israéliens de produits agricoles.

Aux Etats-Unis, des manifestants sont montés à bord d’autobus gérés par Veolia afin de parler aux passagers des politiques d’apartheid en Israël. Des militants de Boston ont lancé une campagne dénonçant les contrats signés entre Veolia et la société de train Massachusetts Bay. À Baltimore, ils ont manifesté à Penn Station aux heures de pointe, en chantant une chanson de la liberté et en démontrant les connexions entre les luttes palestiniennes et américaines pour l’égalité, liant les profits de Veolia au racisme et à l’exploitation en Israël/Palestine et celle des travailleurs de la municipalité.

Pour contrer la vague croissante d’actions BDS et attirer les acheteurs de Noël, les lobbyistes israéliens ont lancé, cyniquement et à la hâte, la semaine « Acheter israélien », le 28 novembre. Luke Akehurst, directeur de « We Believe en Israël » (Nous croyons en Israël), a appelé à deux jours de BUYcott, avec des bons de réduction, parrainés par « StandWithUs », El-Al, le Fonds national juif et d’autres piliers de cet apartheid israélien.

Alors que les sympathisants américains étaient cordialement tolérés dans leurs protestations contre les activités de cette compagnie, en Palestine leurs compatriotes ont été violemment arrêtés pour avoir affronté Veolia et la compagnie Egged, les deux principaux coupables, et cibles des militants BDS en Europe.

Encouragés par leurs sympathisants occidentaux, six Palestiniens du mouvement « Palestinian Freedom Riders » (Les voyageurs palestinien de la Liberté) du nom de la légendaire « Freedom Riders » du sud des Etats-Unis qui a eu lieu dans les années 60, sont montés à bord d’un bus de colons près de la colonie juive de Psagot. Tout comme ces Américains noirs et blancs (dont de nombreux juifs) de cette époque, les Palestiniens ont été forcés à sortir du bus et ont été arrêtés.

Cette nouvelle génération de « Freedom Riders » devrait inspirer les occidentaux pour qui « C’est un devoir moral de mettre fin à la complicité avec Israël et son système d’apartheid », selon Badee Dwak d’Hébron arrêté à ce moment. Un autre des militants arrêtés, Basel Al-Araj, n’a pas mâché ses mots : « Les colons sont à Israël ce que le Klu Klux Klan était au pays de Jim Crow : une clique de fanatiques ne respectant aucune règle, ayant une énorme influence dans la politique israélienne d’aujourd’hui et qui s’impose avec une extrême violence et une impunité absolue. »

La lauréate du prix Pulitzer, l’écrivaine Alice Walker a écrit : « Montez dans les bus pour aller où vous vous voulez. Asseyez-vous librement. Aller à Jérusalem avec ma bénédiction. Comme beaucoup de mes compatriotes, j’ai déjà été témoin du même cas de figure avant et je sais où cela peut mener. A un redressement de la tête et à une respiration complète pour l’âme. Certains d’entre nous ont versé du sang, d’autres des larmes. Certains ont versé les deux. Tout cela pour une cause sacrée et digne que nous servons, nous, citoyens magnifiquement conçus et Êtres de cet Univers. »

Malheureusement, le président Barack Obama, qui a loué les Freedom Riders des années 1960 pour leur courage et leur dévouement, n’a pas aujourd’hui de tels mots pour ces hommes et femmes aussi courageux que ceux dont ils se sont inspirés.

Dans le monde arabe, les actions BDS de cette journée ont logiquement franchi une nouvelle étape.

En Jordanie, 7000 personnes se sont rassemblées dans la vallée du Jourdain et ont marché vers la frontière israélienne pour condamner l’expansion des colonies. Ils ont appelé à la libération d’Al-Qods (Jérusalem), foyer de la Mosquée Al-Aqsa, le second site le plus saint pour les musulmans. « Nous sacrifierons nos âmes et le sang pour Al-Aqsa et Al-Qods », scandaient les Jordaniens, appelant les autorités à « déchirer » son traité de paix avec Israël.

Même si 100 000 Égyptiens étaient déjà rassemblés sur la place Tahrir, le 26 novembre, pour une autre cause - défendre la révolution égyptienne - un rassemblement de 5000 personnes, parrainé par Al-Azhar et l’Union des oulémas musulmans, a appelé les musulmans à combattre la « judaïsation de Jérusalem ». L’imam de Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, a déclaré : « Nous déclarons à Israël et à l’Europe que pas même une pierre ne sera déplacée là-bas ! Nous ne le permettrons pas. » Les militants scandaient : « Tel-Aviv, Tel Aviv, le jour du jugement a sonné. »

En décembre, il y eut encore une victoire pour une poignée courageuse de fans de tennis arrêtés pour avoir protesté contre l’Open de tennis féminin en Nouvelle-Zélande, où jouait l’Israélienne Shahar Peer. Après un procès d’un an, ils ont finalement été innocentés dans une décision historique rendue par la Haute Cour de Justice. Le juge a déclaré « troubler le jeu d’un individu lors d’un événement sportif ne peut pas être considéré comme un trouble à l’ordre public. » John Minto lança ironiquement, « Déranger n’est pas un crime, le trouble fait partie de l’existence même de la démocratie. » Il a dit qu’il était clair que la manifestation était destinée à transmettre à la joueuse de tennis les préoccupations sur la façon dont Israël traite les territoires palestiniens.

Contrairement à la vague d’artistes occidentaux qui boycotte désormais les événements liés à Israël, l’emblématique chanteuse et actrice Barbara Streisand a participé à Los Angeles à un gala de collecte de fonds pour les Amis des IDF (Forces de défense d’Israël). Streisand soutient « OneVoice », qui est en faveur d’une solution à deux Etats, mais qui ne remédie pas aux injustices structurelles et qui est déjà discrédité depuis longtemps. Parmi les invités d’honneur, on pouvait compter le magnat des médias Haim Saban et l’ancien chef militaire israélien Gabi Ashkenazi, qui a commandé les attaques sur Gaza en 2008-09 où 1400 Palestiniens ont été assassinés. Une vidéo de propagande israélienne, lors de l’apparition de Streisand, montrait des soldats israéliens sur fond de coucher de soleil resplendissant. Un coucher de soleil honteux pour sa propre carrière.

Dans ue initiative de désinvestissement merveilleusement surprenant, les hommes au pouvoir en Israël ont été absolument furieux de voir BNP Paribas cesser ses activités dans leur pays. Le gouverneur de la Banque d’Israël, Stanley Fischer, le ministre des Finances Youval Steinitz et David Zaken, superviseur des banques, estiment que le conseil d’administration a cédé aux pressions. Le départ d’une banque étrangère est une première. BNP Paribas avait des activités en Israël depuis 2003. La banque affirme qu’elle a subi des conséquences graves en raison de la crise grecque, et pourtant il s’agit de la seule banque étrangère qui quitte la place.

Malheureusement, aucune sanction institutionnelle au niveau international contre Israël n’a été imposée ces derniers mois. Au contraire, les États-Unis continuent de s’opposer aux tentatives de boycott d’Israël, soumettant en particulier à une forte pression la Ligue arabe, qui soutient officiellement le mouvement BDS. En vertu des lois anti-boycott promulguées en 1978, les entreprises américaines ont l’interdiction de se lancer dans tout boycott, directement ou pas, et sont tenus de déposer d’abord ce genre de demande auprès ministère du Commerce. L’OMC est aussi complice, puisqu’Israël est censé être traité « le plus favorablement possible par les États membres. »

Cette pression a malheureusement son effet. Des membres du Conseil de coordination Golfe-Maroc, en particulier le Qatar, Bahreïn et Oman, ont adhéré aux arguments des États-Unis selon lesquels le boycott nuit au « processus de paix » et qu’il faut fermer les yeux devant l’apartheid et même continuer à faire du commerce avec Israël sans broncher.

Mais le printemps arabe oblige ces gouvernements sourds et aveugles à se réveiller face aux exigences de leurs peuples. Surtout que la pièce maîtresse des États-Unis pour sa vision du nouveau Moyen-Orient - l’Irak - n’ose pas mettre fin aux actions de boycott qui marquaient déjà la politique irakienne avant l’invasion américaine.

* Eric Walberg écrit actuellement pour l’hebdomadaire Al-Ahram au Caire.
Son livre "Postmodern Imperialism : Geopolitics and the Great Games" peut être obtenu chez
www.claritypress.com/Walberg.html.
Site d’Erik Walberg : http://ericwalberg.com.

Du même auteur :

- BDS : Pourquoi les Nations Unies n’imposent-elles pas de sanctions à Israël ? - 12 novembre 2011
- Assassinat du prédicateur : « la tonte du gazon » au Yémen - 16 octobre 2011
- Israël et les flottilles : un mélange de folie et d’intelligence - 24 juillet 2011
- BDS : de nouvelles barrières tombent - 1er mai 2011
- BDS 2010 : plus puissant que l’épée - 9 janvier 2011
- Des nouvelles du BDS : deux actions anti-Apartheid sous le nom de la Hague - 27 novembre 2010
- Boycotter l’apartheid - 27 septembre 2010
- Afghanistan : triangulation ou strangulation ? - 19 février 2009
- Crise du Caucase : une diplomatie en ruines - 27 août 2008
- Guerre à la carte - 21 août 2008

14 décembre 2011 - The Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
http://palestinechronicle.com/view_...
Traduit bénévolement pour Info-Palestine.net par Cédric Rutter