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Être sourd à Gaza : apprendre à se faire entendre
jeudi 15 décembre 2011 - Nadezhda Kevorkova - R.T
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Le poète Mustafa Sadik el-Rafii inspire celles qui n’entendent plus - Photo RT/Nadezhda Kevorkova

Nadezhda Kevorkova de Russian Today s’est rendue dans la Bande de Gaza où la construction de cette école a démarré il y a un an. Bien que le bâtiment ne soit pas encore achevé, des cours ont déjà lieu pour 150 jeunes femmes et 50 jeunes hommes. Ils étudient dans d’autres locaux en attendant. Une autre école a été construite juste à côté, les jeunes ne se sentent donc pas isolés ici.

« La plupart des étudiants sont issus de familles très pauvres. Nous avons beaucoup d’enfants atteints de ce mal, cela est lié à la pauvreté, mais aussi à la vie sous les bombardements et à un manque de soins médicaux. Des enfants ont perdu l’audition à cause de maladies non traitées. Ces enfants, spécialement les filles, se retrouvent exclus de la société. Il n’y a pas d’enseignement ou de travail pour eux. Mais notre école permet de les former et leur fournit la possibilité d’avoir des contacts sociaux et des perspectives d’avenir. Regardez-les ! »

La principale Alihassan abu Jehad admire ses élèves qui discutent à l’aide du langage des signes, avec en fond sonore les bruits de la construction du futur bâtiment.

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« Nous sommes contentes de vous rencontrer ! » - Photo RT/Nadezhda Kevorkova

« Il y avait une école pour enfants handicapés dans la Bande, jusqu’à la classe de terminal. Après leur diplôme, ils étaient condamnés à rester à la maison. Et même s’ils réussissaient à trouver un emploi, leur salaire était équivalent à la moitié d’une rémunération normal. Leurs vies étaient pleines de souffrance. Beaucoup étaient désespérés. Ils ne pouvaient pas aller à l’université. Maintenant nous avons une école supérieure, ce qui signifie que nos enfants peuvent continuer leurs études. »

Ceux qui sont trop âgés pour aller à l’école, mais qui souhaite quand même obtenir un diplôme, optent pour un système de cours à domicile.

« Avant le blocus, les jeunes gens sourds et malentendants pouvaient partir étudier à l’étranger et terminer là-bas leurs études. Les filles restaient dans des pays arabes avec des membres de leur famille - les familles islamiques ne sont pas autorisées à envoyer leurs filles en pensionnat. Mais le blocus les a empêché d’avoir cette possibilité. Maintenant, beaucoup essaient de rattraper le temps perdu. »

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Abu Jehad, la directice de l’école - Photo RT/Nadezhda Kevorkova

L’école a pris le nom du célèbre poète arabe Mustafa Sadik el-Rafii qui, à 30 ans, avait perdu l’ouïe, puis après avoir contracté la fièvre, perdit aussi la voix. Son histoire a inspiré des milliers d’hommes et de femmes malentendants.

Gada Zorab de Rafah :

« Nous avons vécu une période très difficile. Nous avons vu de nos propres yeux la mort d’enfants et de vieillards. Beaucoup ont péri pour la libération de la Palestine. Les envahisseurs ont détruit de nombreuses maisons. Beaucoup de familles ont perdu leurs enfants. Nous sommes dans une situation de faiblesse. Israël nous méprise et nous regarde comme des êtres d’une classe inférieure qu’il pourrait traiter de n’importe quelle manière. Je veux adresser notre amitié à la Russie. Nous respectons grandement le peuple russe et nous lui souhaitons le meilleur. Nous espérons que vous nous soutiendrez. »

Le rêve de Gada est de se rendre dans une université des Émirats Arabes Unis et de devenir professeur pour les enfants atteints de surdité. Zakhel veut se former aux États-Unis pour être professeur d’anglais, puis revenir ici pour travailler. Mariam Jaddah voudrait étudier en Turquie. Almaza Jebbah a le projet d’entrer dans une université en Russie, pendant que Heba veut aller en Allemagne. La directrice de l’école pense que toutes ont leur chance : elles ont de bons résultats et une grande détermination.

« Il y a beaucoup de filles de Rafah. Elles mettent une heure et demie en bus pour venir à l’école tous les jours. Mais ce n’est pas si grave, si l’on compare cela avec l’époque où il y avait des colonies israéliennes dans Gaza. Là, elles devaient attendre des jours aux postes de contrôles où elles pouvaient être prises pour cible ou tuées. C’est sûrement difficile pour un étranger de comprendre pourquoi notre école est un des projets les plus importants de la Bande de Gaza. Mais il s’agit d’une réelle brèche dans le blocus. L’université d’Al-Aqsa à Gaza a certifié quatorze professeurs pour malentendants en 2000. Mais avec le blocus, ce cours avait été annulé. Maintenant, nous pouvons enfin l’ouvrir à nouveau. Nos étudiants travaillent très bien. Ils souhaitent apprendre et ils font de grands progrès au niveau universitaire. Il y a un programme spécial pour enseigner l’anglais. Toutes ont le projet de continuer leurs études, de se marier et d’avoir des enfants. »

19 novembre 2011 - Russia Today - Vous pouvez consulter cet article à :
http://rt.com/news/gaza-deaf-school...
Traduit bénévolement pour Info Palestine par Cédric Rutter