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La guerre d’Irak est finie, mais le parti de la guerre persiste
mercredi 2 novembre 2011 - Ramzy Baroud
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Irak - Petite fille en état de choc, au milieu de membres de sa famille assassinés lors d’une descente de soldats américains dans sa maison.

« Après quelque neuf années, la guerre menée par les USA en Irak sera terminée » dit-il.

Plaçant l’annonce faite par Obama dans son contexte, CBSNews.com disait dans un article publié le même jour : « la guerre d’Irak a entraîné la mort de plus de 4400 soldats étasuniens et a coûté plus de 700 milliards de dollars. »

Les médias US abordent maintenant uniquement les pertes subies par les USA, eux qui ont semé la guerre et la destruction dans un pays qui avait un besoin urgent de paix et d’aide humanitaire. Pendant les dix années qui ont précédé la guerre, l’Irak pliait sous le poids des sanctions imposées par les Nations unies sous l’impulsion des USA, sanctions qui ont laissé l’infrastructure du pays au bord de l’effondrement.

Dans son introduction à l’important livre de Ramsey Clark, The Impact of Sanctions on Iraq : The Children Are Dying (Impact des sanctions sur l’Irak : les enfants meurent), Sara Flounders écrivait "les sanctions sont une arme de destruction massive".

Depuis le début des sanctions frappant l’Irak, un demi-million d’enfants de moins de cinq ans sont morts de malnutrition et de maladies évitables. Les sanctions provoquent une famine artificielle. Un tiers des enfants irakiens survivants aujourd’hui souffrent de retards de croissance et de carences nutritionnelles qui déformeront leur courte vie ».

En 1999, j’ai été le témoin direct de l’impact des sanctions sur les enfants irakiens. Je suis rentré de ce pays avec des montagnes de photos et des souvenirs qui me hantent jusqu’ici. Curieusement, ce ne sont pas les sanctions en tant que « armes de destruction massive » qui ont inspiré la fin du siège, mais les prétendues armes de destruction massive (ADM) irakiennes qui ont attiré un autre désastre pour un pays déjà dévasté.

Il faudra peut-être des années pour véritablement comprendre l’ampleur de ce que l’on a appris depuis sur l’Irak. La mort et la destruction ont plané sur le pays tuant et blessant des centaines de milliers de personnes ; elles en ont envoyé des millions en exil tandis que des millions supplémentaires ont été classés par les organismes des Nations unies comme des personnes intérieurement déplacées (IDP). Ce fut un spectacle épouvantable que l’on ne peut pas décrire avec le langage de la raison, mais qui a été le quotidien de millions de personnes ordinaires, abominablement punies pour un crime qu’elles n’avaient jamais commis.

Les derniers soldats US quitteront le pays le 1er janvier « la tête haute, fiers de leur succès », selon Obama. C’est ce même président qui dans un discours au Caire déclarait le 4 juin 2009 que « à l’encontre de l’Afghanistan, la guerre en Irak a été le fruit d’un choix ». Y a-t-il de quoi être fier d’une guerre dévastatrice choisie, M. le président ?

S’adressant à la chambre des représentants US le 18 janvier 2007, celui qui est maintenant candidat républicain à la présidence, Ron Paul, a très bien dit que le soutien aux soldats a pour but de "nous faire oublier l’échec de nos politiques, politiques promues par des intérêts spéciaux puissants qui profitent de la guerre. Tout est fait pour détourner le débat des véritables raisons de la guerre en Irak et cela n’est pas sur le point de se terminer".

Mais la guerre se termine parce qu’elle ne pouvait pas être gagnée du point de vue militaire, qu’elle était financièrement inabordable et politiquement indéfendable. « Le soutien aux troupes » continuera toutefois à servir de dérobade à ceux qui refusent toujours de discuter de la guerre en Irak d’un point de vue moral et légal. Pour eux, il est essentiel que le camouflage se poursuive, afin de ne pas priver les USA de l’occasion de pousser à d’autres guerres par choix chaque fois que cela leur conviendra.

Dans une conférence de presse tenue peu après qu’Obama eut annoncé la fin de la guerre, Antony Blinken, conseiller à la sécurité nationale auprès du vice-président Joe Biden, a répondu à quelqu’un qui demandait si la guerre en valait la peine : « ce sera à l’histoire d’en juger ».

Pourtant, les Irakiens n’ont pas besoin d’attendre les livres d’histoire étasuniens pour connaître l’ampleur de leur tragédie. L’enquête du Lancet avait déjà conclu que de mars 2003 à juin 2006, 601.027 Irakiens avaient connu une mort violente. Une étude du bureau de sondage Opinion Research Business révèle que de mars 2003 à août 2007, 1.033.000 irakiens sont morts des suites du conflit. Lors d’une seule de ses révélations, WikiLeaks a dit que « les quelque 400.000 dossiers secrets US diffusés sur l’Irak ont montré qu’il y avait 15.000 décès de civils irakiens de plus qu’on ne l’avait pensé » (Reuters, 24 octobre 2010).

Tout aussi important est le fait que la violence de ceux qui insistent pour partir en guerre afin de favoriser les intérêts US - plutôt que d’avoir recours à la diplomatie - est toujours profondément enracinée chez les élites étasuniennes. Depuis Washington, Jim Lobe écrivait « les principaux néoconservateurs et les autres faucons de droite qui ont prôné l’invasion US de l’Irak en 2003 réclament des frappes militaires contre l’Iran en représailles pour le prétendu contrat d’assassinat sur la personne de l’ambassadeur saoudien aux USA » (Asia Times, 19 octobre).

Dans son blogue sur le site de Foreign Policy, Dalia Dassa Kaye écrivait le 21 octobre :« la rhétorique martiale de faucons invétérés était prévisible. Même le président Obama a laissé entendre que les USA n’écarteraient "aucune des options possibles", expression qui suppose que les options militaires sont envisageables. »

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Le nouveau secrétaire américain à la Défense Leon Panetta à Washington, le 1er juillet 2011. (© AFP Jim Watson)

Le battage en faveur d’un nouveau conflit s’est intensifié lors de la première visite que le secrétaire de la défense US, Léon Panetta, a faite en Irak le 1er juillet. Il a dit que son pays « agira unilatéralement » pour confronter ce qu’il a appelé les menaces iraniennes contre les intérêts US en Irak. Les USA étaient « très inquiets au sujet de l’Iran et des armes que celui-ci fournit aux extrémistes ici en Irak » a-t-il dit selon Al-Jazeera (11 juillet).

Il ne sera pas facile de concilier les observations de Panetta avec l’annonce de la fin de la guerre faite par Obama dans laquelle il a dit que « les Irakiens ont pris l’entière responsabilité de la sécurité de leur pays » et que « la relation entre les USA et l’Irak sera celle de pays souverains, formant une association sur un pied d’égalité, fondée sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel ».

Rien n’indique que les néoconservateurs changeront d’opinion. Leur appétit pour un conflit est partagé par les élites influentes de Washington qui continuent à diffuser effrontément que la guerre US a été bénéfique pour la société irakienne, malgré toutes les preuves contraires.

USF-Iraq.com, site Web officiel des forces US en Irak, porte la déclaration ci-après sous le signet The New Face of Iraq (le nouveau visage de l’Irak) : « la nation irakienne a subi des changements politiques économiques et sociaux radicaux depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Des officiels élus sont maintenant au pouvoir et encadrent le développement constant de la sécurité, de l’infrastructure, de l’éducation et des finances. »

Forts de cet apparent « succès », les néoconservateurs peuvent toujours plaider en faveur d’une autre intervention militaire ou d’une invasion à grande échelle chaque fois que l’occasion se présentera et que l’opération sera envisageable.

« La marée de la guerre descend » dit Obama. Nous avons de gros doutes.

Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.

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25 octobre 2011 - Cet article peut être consulté dans l’original anglais ici :
http://palestinechronicle.com/view_...
Traduction : Anne-Marie Goossens