Fermer la page
www.info-palestine.net
Un sénateur U.S. veut réduire l’aide à des unités d’élite israéliennes
samedi 20 août 2011 - Barak Ravid - Ha’aretz

Le sénateur Patrick Leahy soutient que les unités Shayetet 13 (marine - attaque contre le Mavi Marmara), Duvdevan (unité d’infiltration - éléments déguisés en arabe - Cisjordanie et bande de Gaza), et Shaldag (armée de l’air), sont impliquées dans des violations des droits de l’homme dans les territoires occupés.

Le sénateur américain Patrick Leahy défend un projet de loi visant à stopper l’aide U.S. à trois unités d’élite des forces militaires israéliennes, alléguant leur implication dans des violations des droits de l’homme en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Leahy, démocrate et membre influent du Sénat U.S., veut obtenir le retrait des aides aux unités Shayetet 13 de la marine, Duvdevan, et Shaldag de l’armée de l’air.

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, ami de longue date de Leahy, s’est entretenu avec lui à Washington il y a deux semaines pour tenter de le persuader de renoncer à cette initiative.

Selon un haut responsable israélien à Jérusalem, Leahy a lancé la promotion de ce projet de loi il y a quelques mois après avoir été approché par des électeurs de sa circonscription, l’État du Vermont.

Il y a quelques mois, un groupe de manifestants pro-palestiniens a organisé un rassemblement devant les bureaux de Leahy, lui demandant de dénoncer l’assassinat par les commandos de la Shayetet 13 de neuf militants turcs de la Flottille pour Gaza en mai 2010.

JPEG - 27.4 ko
A tout moment en Cisjordanie l’occupant peut surgir.

Leahy, qui préside la sous-commission des Affectations budgétaires du Sénat pour les opérations à l’étranger fut le principal défenseur en 1997 d’une loi interdisant aux États-Unis de fournir toute aide militaire ou tout financement à des unités armées étrangères soupçonnées de violations des droits de l’homme ou de crimes de guerre. Cette loi stipule également que le Département de la Défense U.S. doit écarter les officiers et soldats étrangers venant se former aux États-Unis avec cet objectif.

Leahy tient à ce que cette nouvelle disposition soit incluse dans la législation pour l’aide américaine à l’étranger en 2012, imposant des restrictions à l’aide militaire à Israël, et particulièrement à ces trois unités.

Leahy soutient que ces unités sont coupables d’avoir porté atteinte à des civils palestiniens innocents et qu’aucun système d’investigations n’existe pour garantir que leurs membres ne commettent aucune violation des droits de l’homme. Dans la proposition de Leahy, l’aide militaire U.S. à Israël doit être soumise aux mêmes limitations que pour des pays comme l’Égypte, le Pakistan et la Jordanie.

Selon ce haut responsable israélien, l’ambassade israélienne à Washington essaie depuis quelques mois, et en vain jusqu’à maintenant, de persuader Leahy de faire marche arrière.

Il y a deux semaines, au cours de la visite de Barak à Washington, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Oren, a demandé à Barak de rencontrer Leahy pour le dissuader de promouvoir cette législation.

Leahy, qui est à l’aile gauche du Parti démocrate, est depuis de nombreuses années un défenseur des questions des droits de l’homme dans le monde. Il a vivement critiqué Israël ces dernières années, spécialement pour son opération Plomb durci fin 2008 (contre la bande de Gaza).

Cependant, il a également signé des résolutions au Congrès soutenant le droit d’Israël à l’autodéfense.

Leahy, 71 ans, siège au Sénat depuis 35 ans. Il était un ami personnel de l’ancien Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, et il a connu Ehud Barak alors que celui-ci était le chef d’état-major des forces armées israéliennes.

D’après ce haut responsable israélien, Barak, qui a rencontré Leahy en privé, a déclaré au sénateur : «  La différence entre Israël et les groupes terroristes ou d’autres pays du Moyen-Orient, c’est que nous donnons des comptes rendus et qu’il existe un contrôle. »

Barak lui a dit aussi que les forces armées israéliennes avaient un système judiciaire sévère, avec des compétences plus étendues que le système judiciaire des forces armées américaines.

Barak a aussi précisé à Leahy que le procureur militaire israélien n’était pas subordonné au commandant militaire mais au ministre de la Justice, et qu’il avait une autonomie totale.

« Si un Palestinien est blessé, il peut saisir la Cour suprême » a dit Barak, « Les enquêtes sont soumises à un examen judiciaire indépendant du commandement militaire. Il y a des dizaines d’audiences, chaque année, qui traitent des plaintes de Palestiniens contre des soldats. Elles atteignent les plus hautes et les plus indépendantes autorités.

Leahy a écouté Barak, mais il n’a pas dit s’il retirait son projet. Selon le haut responsable israélien, Israël ignore s’il l’a fait.

Toutefois, selon ce responsable, Barak a senti que Leahy avait compris son message, et l’ambassade israélienne à Washington suit la question. Au besoin, Barak et Leahy auront une autre discussion, ajoute le responsable.

Le porte-parole de Leahy, David Carle, a indiqué que le sénateur n’avait aucun commentaire à faire sur ses entretiens privés.

16 août 2011 - Ha’aretz - traduction : JPP