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Le voyage à Jérusalem d’une Allemande
mercredi 17 août 2011 - Walid Mebarek - El Watan

Festival de théâtre Off d’Avignon

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La comédienne Julianna Herzberg

En été 2006, Julianna Herzberg, jeune comédienne allemande, rencontre à Avignon, où elle est venue assister au Festival de théâtre, un Palestinien avec lequel elle se lie d’amitié. Saïd lui propose de venir en Palestine découvrir le sort fait à son peuple. « Il m’a donné l’envie d’aller voir ce qui se passe en Israël et en Palestine. J’ai d’abord hésité, puis j’ai acheté mon billet. Je l’avais depuis peu lorsque la guerre des 33 jours a éclaté. J’ai alors réfléchi si ce déplacement intervenait au bon moment. »

Dans son entourage en Allemagne et en France (sa mère est Française) on l’en dissuade. « Qu’est-ce que je fais, j’y vais ou pas ? » Elle pose cette question vitale lors d’une conversation téléphonique avec son correspondant palestinien.

« Là, Saïd me répond ce qui parvient à me convaincre : si tu veux comprendre quelque chose, viens maintenant ». Elle comprend que c’est le moment ou jamais. Pas vraiment rassurée, elle ne réfléchit pas plus : « Je savais que de là allait naître quelque chose, sans que je n’ai encore la perception que cela déboucherait sur un acte théâtral. » Elle se rend donc en Palestine, en plein milieu de cette sanglante guerre menée contre le Liban. Elle se retrouvera ainsi au c ?ur du conflit israélo-palestinien, et des excroissances, et vivra une histoire d’amitié exceptionnelle, sous la tension et les bombes.

Carnet de route

Au jour le jour, elle décide de tenir un carnet de route, malgré le trouble, les risques et la peur. Voyage à Jérusalem a été créé à partir d’extraits de ce journal de bord de la comédienne. Pour elle, on trouve dans cette écriture de l’immédiateté : « Un désir urgent de paix est au c ?ur de ce spectacle, dont on ne peut sortir indemne. »

Le public d’Avignon a bien compris cette mise à nue intérieure d’une jeune femme face à la violence de la guerre. Certains cependant ont pensé que cette gestuelle démontrant la panique était surannée et n’arrangerait pas les enjeux pacifiques du règlement du conflit. Faudrait-il donc taire la terreur, les bombes aveugles, l’arrogance de l’armée israélienne face à des gens démunis, les check points qui rabaissent les individus en sous-être ? « La famille où j’ai vécu m’a demandé, est-ce que tu vas parler de nous ? J’ai répondu que je ne pouvais pas garder le silence et que j’allais parler avec le c ?ur ».

Créé d’abord en Allemagne, le spectacle, si on peut l’intituler ainsi, ne fut pas facile dans un premier temps pour elle. Là-bas, les gens restent marqués par le génocide des juifs sous les ordres du dictateur Hitler par ses troupes de barbares nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Finalement, le public d’outre Rhin a plutôt bien réagi : « Pour les Allemands, c’est encore un tabou de critiquer la politique israélienne car cela met en route le passé qu’on veut oublier. Je lutte pour parler. Je ne me laisse pas faire. Je ne dis rien sur les religions ou sur les juifs, au contraire. Ceux qui veulent y voir de la propagande la voient, mais il n’y en a pas, et celui qui y ressent un message de paix, il le trouve. Je fais un récit personnel de mon voyage et personne ne pourra me l’interdire. »

Palestine, mon amour !

Aujourd’hui, le rêve de Julianna Herzberg serait de repartir pour un nouveau voyage en Palestine. Sauf que, depuis, elle s’est mariée avec un Syrien, et que sur son passeport, cette mention est portée... cela suffirait pour avoir les pires interrogatoires par la police israélienne, voire même être refoulée. Elle n’ose pas pour l’heure tenter cette expérience qui n’est que partie remise, ne serait-ce que pour revoir ceux dont elle a partagé les moments d’angoisse et de désarroi.

Avignon - De notre envoyé spécial - 17 août 2011 - El Watan