JALALABAD. Les forces spéciales américaines qui se sauvaient après être tombées dans un guet-apens mené avec une voiture-suicide et des combattants armés, ont ouvert le feu sur des civils dans la partie orientale de l’Afghanistan, d’après les témoignages de plusieurs Afghans blessés. Seize personnes ont été tuées et 34 autres blessées.

Blessé Afghan après les tirs indiscriminés américains - Photo : Al Jazeera

Plusieurs citoyens Afghans souffrant de blessures par balles ont fait savoir que les forces américaines avaient tiré sur des voitures et des piétons sur environ 5 kilomètres le long d’une des routes les plus fréquentées de l’Afghanistan oriental.

« Ils tiraient partout, et ils ont même ouvert le feu sur une quinzaine de véhicules qui passaient sur la route, » a déclaré Tur Gul, âgé de 38 ans, qui se tenait sur le bord de la route à côté d’une station de gaz et a pris deux balles dans la main droite. « Ils ont ouvert le feu sur tout le monde, sur ceux à l’intérieur des véhicules comme sur les piétons. »

Après une attaque- suicide par un minivan rempli d’explosifs, les Américains ont traité chaque voiture et chaque personne le long de la route comme un attaquant potentiel, bien que personne n’ait manifesté d’hostilité, a déclaré Mohammad Khan Katawazi, le chef du district de Shinwar.

Le commandant William Mitchell, un porte-parole militaire des États-Unis, a affirmé que des hommes armés avaient lancé une attaque « complexe », prenant pour cible à partir de trois points différents les forces de la coalition après l’attaque-suicide. Les forces se sauvant du secteur ont tiré en situation d’auto-défense, selon un rapport militaire américain.

« Nous pensons qu’il est certainement possible que les tirs à l’occasion de l’embuscade aient été en tout ou en partie responsables des morts et blessés civils, » a ajouté le porte-parole américain.

Les estimations des pertes varient considérablement. Les militaires américians disent que 16 personnes ont été tuées et 24 blessées « pendant la première attaque. » Un soldat des Etats-Unis a également été blessé. L’incident était sous investigation, selon le militaire américain.

Ajmel Pardus, responsable des services de santé dans la province de Nangarhar a indiqué que huit personnes ont été tuées, y compris une femme et deux garçons, et que 34 autres étaient blessés. Quatre des blessés étaient dans un état critique, a-t-il ajouté.

Les meurtres commis par les Américains ont entraîné des manifestations de colère dans la région - juste 50 kilomètres à l’ouest de la frontière pakistanaise. Des centaines d’Afghans ont bloqué la route et ont jeté des pierres sur la police, certains manifestants criant « mort à l’Amérique ! Mort à Karzai, » faisant référence au Président Hamid Karzai.

À l’hôpital de Jalalabad, plusieurs des victimes ont témoigné qu’un convoi américain les avait approchées sur la route puis avait ouvert le feu. Comme le convoi s’approchait, beaucoup de voitures sont passées de l’autre côté de la route, mais elles ont été également touchées par les tirs.

Pendant ce temps, le ministère de la défense a confirmé que les deux soldats de l’OTAN tués hier en Afghanistan étaient Anglais, amenant à 50 le nombre de tués britanniques depuis que les Talibans ont été évincés du pouvoir en 2001.

Les deux soldats appartenant à un régiment de commando des forces de l’OTAN (International Security Assistance Force - ISAF) ont été tuées dans une attaque par roquettes près de la ville de Sangin dans la partie méridionale de la province Helmand considérée comme dangereuse.

L’ISAF avait reconnu un peu plus tôt que deux de ses soldats avaient été tués lors d’un combat dans le sud qui connaît un regain de violence suite à une insurrection des Talibans.

Le général de brigade Jerry Thomas, commandant des troupes britannique en Afghanistan, a qualifié les deux décès de « coup très dur. »