Mais la période de passage de témoin entre les deux présidents américains aura finalement débouché sur une opération militaire pratiquement sans précédent à Gaza. Près de 300 morts dans une frange de terre déjà pratiquement en ruine et dont les habitants manquent de tout. Avant le départ de George Bush, il était temps de faire le ménage.
A défaut de pouvoir régler le sort des apprentis sorciers nucléaires de Téhéran, les Israéliens ont décidé de détruire autant que possible le Hamas, cet autre « danger mortel » qui fait vivre dans la peur un quart de million d’habitants de l’Etat hébreu placés sous la menace potentielle de ses roquettes.
Le naufrage d’une politique américaine qui n’a laissé d’autre solution que cet affrontement sanglant, se montrant incapable de créer, en huit ans, la moindre ouverture diplomatique ? Sans aucun doute. Les effets pervers d’une politique israélienne dans laquelle chaque veille d’élection entraîne immanquablement une escalade de violence, une guerre, une provocation, ou un mélange détonant de tout cela ? Sans doute aucun. Aujourd’hui, la conjonction d’un interrègne américain et d’une échéance électorale israélienne ne s’est pas seulement révélée explosive dans les rues dévastées de Gaza. Elle risque aussi de modeler en profondeur les années à venir.
Ce coup de force israélien sera suivi, à n’en pas douter, de mois de tensions dans toute la région. Loin d’affaiblir le Hamas, il lui donnera de nouvelles armes, de nouveaux alliés, une force qui, à terme, n’en sera que décuplée pour tous les extrémistes. On rêvait d’un Barack Obama capable de réaliser ces prochains mois ce que son prédécesseur n’a pas accompli en deux mandats. Mais le « processus de paix » israélo-palestinien devra attendre. L’espoir et l’optimisme peuvent s’oublier. Tout au plus s’agira-t-il, au mieux, d’arrêter une spirale qui finirait d’engloutir tout ce que la région compte, encore, d’acteurs raisonnables.
29 décembre 2008 - Le Temps