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Quel Père Noël pour les gosses de Gaza ?

dimanche 12 décembre 2010 - 10h:09

Stuart Littlewood

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En cette période où les gens sont le plus enclins à la générosité, peut-être y a-t-il une ouverture ici pour ceux qui oeuvrent à soulager les souffrances atroces des jeunes et des vieux qui vivent parmi les décombres des maisons et des bâtiments publics dans la bande de Gaza.

Il est rare que j’entre dans une église sans admirer son architecture médiévale, témoignage de la foi des hommes à un âge plus dangereux et plus incertain.

L’une des raisons en était que les chefs religieux, de façon générale, ignoraient le sort de la Terre sainte qui, bien sûr, était à la base de toute la structure de leur foi. La performance de nos évêques, qui ont voix au chapitre à la Chambre des Lords mais ne l’utilisent jamais, va au-delà du pathétique.

Cependant, chaque année à cette époque, je m’efforce de me rendre dans une église paroissiale du petit bourg de Fakenham, dans le Norfolk, pour profiter de ses fêtes éblouissantes de l’Arbre de Noël. L’évènement se répète depuis 10 ans et pour cette année, il a recueilli des fonds de 78 organismes de bienfaisance locaux et nationaux.

Chaque organisme décore un arbre fourni par l’un des sponsors de la fête, une jardinerie locale, et pose sous chaque arbre, une urne pour collecter de l’argent. Les arbres sont exposés dans l’église pendant une semaine, puis ils sont enlevés pour être utilisés de la même manière ailleurs dans la dernière ligne droite avant Noël. L’an dernier, 25 000 personnes ont visité cette fête magique. Cette année, l’église était bondée et un bourdonnement de propos admiratif accompagnait les cliquetis permanents des pièces de monnaie qui tombaient dans les urnes.

Les organismes de bienfaisance qui participent sont variés, ils vont de la Gurkha Welfare Trust et de l’East Anglian Air Ambulance à Chernobyl Children et à de nombreuses écoles maternelles locales. Des prières sont dites toutes les heures pour les organismes de bienfaisance à tour de rôle. Comme d’habitude, j’ai regardé autour de moi dans l’espoir qu’il y aurait un appel en faveur des enfants victimes de la violence en Terre sainte occupée - et spécialement à Gaza - et qui sont toujours dans ma tête à l’approche de Noël.

Mais, pas de chance.

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Campagne Solidarité Irlande/Palestine

En cette période où les gens sont le plus enclins à la générosité, peut-être y a-t-il une ouverture ici pour ceux qui oeuvrent à soulager les souffrances atroces des jeunes et des vieux qui vivent parmi les décombres des maisons et des bâtiments publics dans la bande de Gaza. Le recteur de Fakenham croit que son église est plus ou moins pionnière dans cette fête de l’Arbre mais il sait pertinemment que d’autres églises se sont emparées de l’idée. Est-ce le cas des 1500 mosquées du Royaume-Uni ? Y a-t-il une possibilité pour une activité commune interconfessionnelle ?

J’ai téléphoné aux Centres islamiques des deux villes les plus proches, plusieurs fois, mais ils ne répondent pas. J’ai laissé des messages et envoyé des courriels mais aucun ne m’a répondu. Voilà pour leur communication en première ligne...

Au dernier Noël, j’ai écrit que notre Premier ministre d’alors, Gordon Brown, avait souhaité à la communauté juive un bon Chanuka (festival des Lumières) sur Number10.gov.uk (site officiel du Premier ministre) et il rappelait comment il avait célébré le 60è anniversaire d’Israël avec elle.

Mais il n’a adressé aucuns v ?ux de bonheur aux Gazaouis grelottants et épuisés, victimes des bombardements et des explosions de ses « amis » durant leurs fêtes de Noël. Et pas un mot de réconfort non plus, pas un, pour les communautés chrétiennes de Gaza et de Cisjordanie sans cesse persécutées par les Israéliens.

On peut présumer que Brown, allié indéfectible d’Israël, était au courant de l’enfer que ses amis étaient sur le point de déclancher à Gaza durant les célébrations du Noël 2008, tout comme l’était Mr Abbas si l’on en croit les dépêches fuitées des Etats-Unis. Les chrétiens qui vivent dans la bande de Gaza étaient conscients de la menace d’invasion et, en signe de protestation, ils ont renoncé à célébrer la messe de minuit. Mais ils n’auraient jamais imaginé l’énormité de l’anéantissement et des massacres qui allaient se déchaîner sur eux et leurs enfants pendant que les dirigeants occidentaux allaient rester muets.

Et Brown est le fils d’un ministre de l’Eglise d’Ecosse.

Un grand nombre de ces un million et demi de personnes entassées dans la Bande ravagée, ai-je appris, ont dû, pour survivre, fouiller les décharges publiques en quête de la nourriture.

Alors, quelle sorte de Noël attend leurs enfants cette année, alors que les criminels qui leur ont infligé de telles sauvageries et tourments, et qui continuent de leur dénier leurs droits d’êtres humains, que ces criminels mangent leur part de gâteau de Noël et profitent d’un bon lit chaud ?

Cette année, The Jewish Chronicle rapporte que David Cameron, notre nouveau Premier ministre, a souhaité à la communauté juive du monde un « Chanucah dans la joie et la paix ».

Il a qualifié le Chanucah « de message exaltant la puissance de l’espoir qui soutient les peuples dans leurs moments les plus durs ».

Et de sa chambre de résonance, le secrétaire aux Affaires étrangères, William Hague, dans un message vidéo pour le Chanucah, d’ajouter : « C’est un grand plaisir d’envoyer nos voeux chaleureux à la communauté juive de Grande-Bretagne et partout dans le monde ».

Je me demande si l’un d’eux aura la bonne grâce d’envoyer des messages d’espoir similaires pour soutenir le bon peuple de Gaza, qui « traverse son plus dur moment ».

Selon l’ONU, le niveau des importations est à 36 % de celui d’avant le siège, grâce aux amis de Cameron, et les exportations ne sont toujours pas autorisées (sauf pour quelques fraises), de sorte que les privations doivent toujours être inimaginables.

La semaine dernière, ici, en Angleterre, on nous a gratifiés du spectacle du vaisseau amiral de la Royal Navy, le porte-avion Ark Royal, qui rentrait à son port d’attache pour la dernière fois, afin d’y être désaffecté et transformé en musée ou en attraction pour touristes - ou vendu à la ferraille - après 25 ans de service. Le premier Ark Royal avait été autrefois le vaisseau amiral de Lord Howard, lors des opérations navales pour bouter la force d’invasion de l’Armada espagnole, en ces temps de cape et d’épée de 1588.

Il combattait pour la liberté, vous voyez.

Dommage que l’actuel Ark Royal ait fini sa carrière sans éclat... Par exemple, il aurait pu faire un dernier voyage en Méditerranée orientale, peut-être avec un équipage multinational, pour briser le blocus maléfique et débarquer du ravitaillement sur les plages de Gaza... un cadeau de Noël, attendu depuis si longtemps par les chrétiens et les musulmans emprisonnés, qui viendrait d’un Père Noël héroïque.

Pensée extravagante ? Oui, bien sûr, étant donné la veulerie des dirigeants de la communauté internationale.

Stuart Littlewood est l’auteur du livre Radio Free Palestine, qui raconte le sort des Palestiniens sous l’occupation. Voir le site qu’il anime : Radio Free Palestine.

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10 décembre 2010 - Dissident Voice - traduction : JPP


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