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L’armée israélienne interdit de pêcher près des côtes à Gaza et brutalise les pêcheurs

mercredi 28 février 2007 - 17h:13

B’Tselem

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Une enquête de B’Tselem indique que depuis la capture du caporal Gilad Shalit, le 25 juin 2006, Israël interdit aux bateaux, dont les bateaux de pêche, de naviguer au-delà du rivage à Gaza.

L’interdiction a donné un rude coup au secteur de la pêche qui représente le moyen de vivre pour des dizaines de milliers de résidents de la Bande de Gaza. Sans autres sources d’emplois et malgré les patrouilles des bateaux israéliens le long de la côte et leurs tirs intermittents sur les pêcheurs palestiniens, certains au risque de leur vie violent cette interdiction.

 ?Adnanal-Badwil témoigne de la canonnade en mer sur son bateau de pêche :

« Mercredi dernier (12 décembre 2006) autour de 5 h du soir, je suis parti en mer avec mon propre canot automobile, un 7 mètres. Mon frère Sa’id et un autre pêcheur qui travaille avec nous, Hamdan Barhum, m’accompagnaient... nous avons lancé nos filets et attendu le poisson... après environ 90 minutes, j’ai senti que du poisson était pris dans le filet et nous avons commencé à le remonter... puis nous sommes revenus vers la terre.

Arrivés à une centaine de mètres du rivage, j’ai entendu des tirs. Il était environ 7 h et il faisait nuit. Le bateau a commencé à beaucoup tanguer et nous sommes tombés à la mer. Je n’ai pu voir d’où venaient les tirs mais je suis sûr qu’il venait d’un navire de guerre qui était en mer. Je n’ai rien vu d’autre que l’eau. Le bateau avait été touché apparemment par un obus. Nous étions blessés tous les trois par des éclats... Sa’id et moi avons été hospitalisés pendant trois jours. Hamdan, plus sérieusement blessé, est toujours à l’hôpital. »

En plus des tirs ces derniers mois, la marine israélienne a trouvé une nouvelle méthode pour humilier et maltraiter les pêcheurs. B’Tselem a eu connaissance de nombreux cas où les marins israéliens stoppent les pêcheurs au-delà du rivage, particulièrement en face de Rafah, ils les forcent à s’éloigner en mer et leur ordonnent, sous la menace de leurs armes, de se dévêtir et de nager des dizaines de mètres vers leur navire malgré une eau très froide. Les marins menacent de tirer sur quiconque ne sauterait pas parce qu’il ne sait pas nager. Les pêcheurs reçoivent l’ordre de nager jusqu’à une bouée de secours que les soldats ont jetée à l’eau, mais les soldats la tirent d’un coup sec juste au moment où les pêcheurs vont la saisir. Une fois qu’on les a faits monter à bord, le navire se dirige vers le port d’Ashod. Pendant la route, les pêcheurs sont gardés sur le pont dans leurs sous-vêtements trempés, exposés au vent et aux embruns. Arrivés au port, les pêcheurs sont détenus de quatorze à vingt-quatre heures, les mains attachées et les yeux bandés et interrogés. Dans certains cas, on leur donne des effets militaires et de la nourriture et une boisson chaude. A la fin de l’interrogatoire, ils sont ramenés à l’endroit où leur bateau est ancré. Les marins forcent à nouveau les pêcheurs à se dévêtir et à rejoindre leur bateau à la nage. Dans certains cas, les vêtements ont été happés par une lame et ils doivent rentrer à la côte dans leurs sous-vêtements trempés. Rarement, les pêcheurs reviennent dans la Bande de Gaza par le passage d’Erez.

Isma’il Basleh raconte ce qui lui est arrivé.

« Lundi (1er janvier 2007), je suis parti en mer avec mon frère Samir et Aymen al-Jabur. Nous étions en train de pêcher... Au loin, j’ai vu un navire israélien qui venait vers nous. Il s’est arrêté à environ 30 mètres de nous et a tiré en l’air... le capitaine m’a ordonné de le suivre... nous sommes allés à environ 6 km et demi et alors, il m’a commandé alors de stopper et de couper le moteur. Le capitaine m’a ordonné de couper l’arrivée d’essence... et d’ôter mes vêtements. Je suis resté là en sous-vêtements. Il faisait très froid et le vent était fort... le capitaine m’a dit de nager vers son bateau qui se trouvait à une trentaine de mètres du mien. J’ai commencé à nager et alors que j’étais tout près de leur bateau, il s’est éloigné, et s’est éloigné encore plus loin, jusqu’à environ une centaine de mètres de mon bateau... J’ai dit au capitaine : « Ayez pitié. Je suis épuisé » mais il m’a dit de la fermer... les marins ont jeté une échelle et m’ont hissé sur le pont. Ils m’ont poussé sur une de ces plaques de fer rugueuses sur lesquelles les marins se tiennent pour ne pas glisser. Un des marins m’a bandé les yeux et attaché pieds et jambes par derrière. Il m’a traîné environ vingt mètres sur la plaque rêche métallique et m’a ordonné alors de m’asseoir sur l’un des canons sur le pont... »

Répondant à l’enquête de B’Tselem, le porte-parole des Forces de défense israéliennes indique que le secteur de pêche sur la côte de Gaza a été ramené à 6 miles nautiques (11 km) de la côte. Il dit que ces restrictions sont justifiées par des nécessités sécuritaires, principalement pour empêcher la contrebande d’armes et les terroristes d’entrer dans la Bande de Gaza et d’en sortir, les attaques depuis la mer par des bateaux chargés d’explosifs, et de laisser sortir clandestinement le caporal Gilad Shalit de Gaza.

Mais ces nécessités sécuritaires ne justifient pas les détentions arbitraires et les sévices contre les pêcheurs. Premièrement, les bateaux des pêcheurs qui ont été enlevés ne naviguaient pas loin de la côte de Gaza, et certainement pas au-delà de la limite de 6 miles nautiques alors que les navires de la marine patrouillent constamment près du littoral. Les bateaux de pêche étaient très éloignés des navires israéliens et ne menaçaient en aucun cas leur sécurité. Par conséquent, il semble que la détention des pêcheurs et les traitements inhumains, dégradants, ne sont que des moyens pour ajouter à la pression qu’Israël met sur les habitants de Gaza depuis la capture du caporal Shalit. Ces pêcheurs ont été détenus et maltraités dans le cadre d’une punition collective de personnes qui ne respectent pas l’interdiction non officielle de pêcher d’Israël.

En septembre 2005, Israël a appliqué son projet de désengagement de Gaza et déclaré la fin du gouvernement militaire de la Bande de Gaza. Rien n’est clair par conséquent sur quelle autorité israélienne interdit la navigation au-delà du rivage de Gaza, et sur quelle base juridique on détient ces pêcheurs qui ne sont plus, selon les affirmations d’Israël, soumis à son contrôle.

B’Tselem demande au gouvernement d’Israël d’annuler cette interdiction de pêche au-delà de la côte, de cesser les détentions et les sévices contre les pêcheurs, et de respecter leurs droits, dont le droit de gagner leur vie dans la dignité.

Publié en anglais sur The Alternative Information Center, 25 février 2007. - Trad. : JPP


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