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Un réfugié palestinien rappelle ce qu’est la vie en Irak

mercredi 28 février 2007 - 05h:54

Youif al-Shaeb

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Marzouq Marzouq

Ramallah. « Marzouq Marzouq était sur le point de fondre en larmes : « Personne ne peut se mettre à la place d’un autre » disait-il à ses collègues au cours d’un atelier consacré aux Palestiniens réfugiés en Irak qui se tenait à Ramallah, il y a plusieurs jours. Marzouq bafouillait dans le micro en commençant à faire le récit de sa tragédie personnelle et de la tragédie de sa famille en Irak.

Marzouq avait l’air en colère et triste, ce qui rendit les participants furieux, lorsqu’ils écoutèrent cette suite de récits à vous briser le c ?ur. Son père, Mohammed Marzouq, fut le premier prisonnier politique palestinien en Irak. Le père et quelques-uns de ses familiers avaient été expulsés vers Bagdad après la guerre de 1948 avec Israël. A cette époque les Irakiens se moquaient d’eux, parlant d’eux comme de « lâches qui ont abandonné leur pays ». En Irak, son père fut considéré comme un homme « au sang chaud » pour avoir critiqué le régime irakien, après quoi il fut arrêté et détenu pendant deux ans.

Ayman Bahaa Adeen Marzouq, le neveu de Marzouq, a été retrouvé mort le 11 février 2007, après avoir été enlevé par des hommes en armes alors qu’il revenait de l’épicerie. « Des témoins oculaires ont confirmé qu’il avait été torturé avant d’être assassiné. Des parties de son corps, particulièrement les jambes, avaient été mutilées à l’aide d’une perceuse électronique. Ses ravisseurs l’avaient aussi battu avec une barre de fer avant de lui tirer un coup de feu dans le dos de la nuque », ajouta Marzouq.

Un autre de ses neveux, Ahmed Mohamed Marzouq, avait été tué en Irak 40 jours avant son cousin Ayman. « Ils ont été enlevés, torturés et assassinés de la même façon », dit Marzouq, « Ayman et Ahmed ont été enlevés et torturés avec les mêmes instruments. »

Il ajouta : « Quand Ahmed a été tué, Ayman est allé voir son cadavre à la morgue. Des personnes anonymes lui ont défendu d’aller aux funérailles de son cousin, puisque certains ont pris les Palestiniens pour cible, mais il refusa. Il m’a dit - littéralement - que « seul Dieu sait quand nous devons mourir ». Désormais, vous allez entendre beaucoup de mauvaises nouvelles concernant les Palestiniens qui vivent en Irak. Dieu sait qui d’autre va être tué. »

Marzouq, qui est né à Bagdad, refoula ses larmes et dit : « Il (Ayman) a été kidnappé et assassiné 40 jours après . » Il soupira et ajouta : « Un de nos parents à Bagdad a été enlevé, il y a peu, mais a été relâché contre une rançon de 100000 $. Trois mois plus tard, la police a kidnappé ses trois enfants, qui furent aussi relâchés en échange de 150000 $. N’était la possibilité que j’avais de payer ces 250000 $, ils auraient pu être ajoutés à la liste des morts palestiniens en Irak, qui augmente jour après jour. »

Aujourd’hui, près de 15000 Palestiniens vivent en Irak ; ils sont quotidiennement menacés par des criminels organisés, dont certains relèvent des institutions officielles irakiennes, malgré les promesses du président irakien de mettre un terme à la tragédie palestinienne dans son pays. Rien n’a été fait pour mettre un terme aux souffrances. »

21 février 2007 - Palestine Times
Traduction : Michel Zurbach


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