16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Vous êtes ici : Accueil > Dossiers > Palestine > Analyses

Aucun signe d’espoir

samedi 11 septembre 2010 - 07h:16

Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


La décision d’Abbas de reprendre les concertations directes avec Israël enterre tout espoir de réconciliation palestinienne, écrit Saleh Al-Naami.

JPEG - 47 ko
Rafah, Bande de Gaza, le 23 mars 2009 - De jeunes Palestiniennes sur le balcon de leur maison qui porte les terribles stigmates de toute la barbarie sioniste - Photo : Abu Mustapha/Reuters

Le chef du gouvernement de Gaza, Ismaïl Haniyeh a donné toute son importance aux funérailles du Major Général Amin Al Hindi, membre du Conseil Révolutionnaire du Fatah (FCR) et ancien chef des services secrets de l’Autorité Palestinienne qui est mort récemment à Amman. La résidence, dans Gaza, ville natale de Hindi, où la famille veillait le mort a reçu une attention toute spéciale de la part du gouvernement de Haniyeh, sous la forme d’une assistance à la famille et de la participation de forces de sécurité destinées à protéger les officiels venus rendre un dernier hommage au défunt. Haniyeh lui-même présidait une importante délégation de membres du gouvernement du Hamas et d’officiels.

Les journalistes et les commentateurs ont tenu à rester pendant des heures lors de la veillée, à l’affût de tout propos échangé entre les membres du Hamas et du Fatah à cette occasion.

Les reporters font état d’un certain nombre de rencontres en coulisses, l’une d’elles entre Haniyeh et Sakhr Bassisso, membre du FCR, qui est venu de Ramallah à Gaza pour représenter le président Mahmoud Abbas aux funérailles. Une fois la réunion rendue publique, Haniyeh a appelé dans son discours la direction du Fatah à hâter la tenue d’un dialogue avec le Hamas afin d’en terminer avec les divisions en Palestine. Bassissi a immédiatement donné son accord pour que bientôt ait lieu une réunion bilatérale entre les deux groupes .

La scène était presque surréaliste parce que quelques heures seulement avant l’annonce de la mort d’Al-Hindi, le Hamas et le Fatah se livraient à une guerre des mots sans précédent. Haniyeh avait accusé l’Autorité Palestinienne de livrer la guerre à l’Islam et tous ses symboles en Cisjordanie. Au cours de son discours à une cérémonie pour la Police de Gaza, Haniyeh avait établi une liste des attaques que le gouvernement de Salam Fayyad mène contre l’islam Parmi elles, la décision de renoncer à l’appel à la prière pour les mosquées situées dans des zones proches des implantations juives, afin de ne pas déranger les colons.

Haniyeh avait aussi durement critiqué le gouvernement de Fayyad d’avoir empêché Sheikh Hamed Al-Bitawi, membre du parlement, figure majeure du Hamas, qui dirige également l’Association des Etudiants Islamiques Palestiniens, de donner la prière du Vendredi à la mosquée Al-Aqsa. Il avait aussi rappelé que le gouvernement de Fayyad avait licencié des milliers de prêtres leur interdisant de prêcher et de donner des cours de religion, laissant ainsi 1000 mosquées sans office et fermant 1000 centres enseignant le Coran en Cisjordanie. De même, les comités zakat ont été interdits et leurs dirigeants arrêtés, traqués et privés de leur emploi. « Ils n’enlèveront pas la religion du c ?ur des gens et ne réussiront pas dans leur guerre contre l’Islam parce que c’est une guerre contre Dieu. » avait ajouté Haniyeh en colère.

Mahmoud Habbash, ministre des questions religieuses du gouvernement de Fayyad, avait nié les accusations de Haniyeh en présence du Président Abbas, mettant sur le même plan le Hamas et Israël. Selon Habbash, le Hamas aurait interdit aux factions religieuses dissidentes toute participation active dans les mosquées de Gaza.
Somme toute, les échanges amicaux entre les deux groupes palestiniens après la mort de Al-Hindi n’auront pas fait long feu. L’accord de l’Autorité Palestinienne sur une relance de pourparlers directs avec Israël a vite ramené les tensions sous les projecteurs. Le Hamas
a fait remarquer que tomber d’accord pour tenir des réunions en même temps que relancer des négociations directes est une tentative de la part d’Abbas pour créer un effet d’entente nationale sur sa décision de redémarrer des pourparlers directs, bien qu’il ait reculé sur la plupart des conditions qu’il avait imposées pour commencer un dialogue direct.

Le Hamas a rapidement suspendu les rencontres avec le Fatah en réponse à la décision du comité exécutif de l’OLP d’engager des pourparlers directs avec les occupants israéliens. Salah Al-Bardawil, membre du bureau politique du Hamas, a dit qu’il y avait eu une trêve pendant les funérailles de Al-Hindi, « mais qu’en raison de la décision prise de relancer les négociations, nous suspendions les rencontres jusqu’à nouvel ordre ». Selon Al-Bardawil, « le redémarrage de négociations directes a choqué et troublé l’arène politique ». « En dépit de notre désir de réussir la réconciliation, afin de faire preuve de respect envers les positions des factions Palestiniennes et des gens qui s’opposent aux négociations, nous avons suspendu les réunions de conciliation avec le Fatah ».

Bien que la stratégie du Hamas consiste à mettre un terme aux divisions, a-t-il poursuivi, « les conditions de détérioration actuelles rendent difficile tout effort de contact au nom de la nécessité de dialoguer, parce que toute reprise donnera une légitimité aux négociations avec Israël ». Al-Bardawil pense que la posture de l’OLP et sa décision d’entreprendre des pourparlers directs avec Tel Aviv aboutiront à saper la cause palestinienne.

La relance de négociations directes entre l’OLP et Israël sonne de toute évidence le glas de tout dialogue sérieux entre le Fatah et le Hamas. Alors que tout montre l’improbabilité de l’instauration d’un dialogue même avant le commencement des négociations directes, la reprise de pourparlers avec Israël va créer une atmosphère politique qui réduira à zéro tous les efforts arabes et palestiniens menés en vue d’une réconciliation et d’un accord avec le plan égyptien. Le veto imposé par les puissances étrangères au dialogue palestinien national ne laisse aucun doute...

Kayed Al-Ghoul, membre du comité central du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), pense que le Fatah et les leaders de l’OLP, ont transféré les efforts menés en vue d’une réconciliation interpalestinienne sur les négociations directes avec Israël.

« Non seulement la direction de l’OLP a donné le droit à Israël de prendre davantage de terre en donnant son accord pour redémarrer des négociations directes, mais elle a aussi avec cette décision effacé tout espoir de dialogue national », a déclaré Al-Ghoul à Al-Ahram Weekly. Pour lui, la relance des pourparlers est le résultat de la pression exercée par les US et elle aggrave la fracture interpalestinienne, en effet, en décidant de se lancer dans des négociations directes sans consultation de toutes les factions palestiniennes, le Comité Exécutif de l’OLP a accentué les divisions et a pris des décisions de façon personnelle et unilatérale.

Al-Ghoul a révélé que des tractations étaient menées pour la tenue d’une conférence réunissant un certain nombre de factions palestiniennes, appelant à réinstituer un dialogue national et à faire face aux répercussions causées par la décision de l’Autorité Palestinienne de reprendre les pourparlers directs avec Israël. « Malheureusement, l’Autorité Palestinienne a donné son accord pour des pourparlers directs sans exiger que l’on tienne compte des conditions qui avaient été fixées, tout cela en plein accord avec la vision de Netanyahu » a-t-il déclaré. » C’est une perte de temps et cela contribue à restaurer l’image d’Israël à l’étranger, après son attaque contre la Flotille de la Liberté et sa violation du droit international. »

Mekhemar Abu Saada, professeur en science politique à l’université Al-Azhar de Gaza, pense que pour l’instant, il n’y a ni futur où s’instaurerait un dialogue national, ni base pour une réconciliation palestinienne. « Nous devons admettre que nous avons atteint le point de non retour en termes de réconciliation . Le Hamas et le Fatah ont imposé de facto des réalités sur le terrain à Gaza et en Cisjordanie. Il est impossible aux deux groupes de revenir à la situation qui prévalait il y a trois ans. La situation actuelle ne laisse place à aucune réconciliation, même artificielle, à cause du gouffre qui sépare les deux groupes . Selon moi, il n’y a pas de futur pour un dialogue et ce que nous entendons ici et là à propos de discussions et de rencontres entre les dirigeants du Fatah et du Hamas ne signifie rien car la situation est insoluble et ne laisse prise à aucune logique. »

Pendant ce temps là , le gouvernement de Gaza travaille à renforcer son contrôle et le règne de la loi sur la bande de Gaza à l’aide d’un arsenal de mesures de sécurité sans précédent. La police de Gaza a lancé une campagne de rigueur destinée à confisquer toutes les armes « illégales » ou « détenues sans permis » suite à des tirs à l’arme à feu au cours d’affrontements.. Les dirigeants de la police ont déclaré qu’ils saisiraient les armes appartenant à toute faction qui les utiliserait illégalement ou pour une raison autre que la résistance.

D’après la confidence au Weekly,d’une personne travaillant à la sécurité du Ministère de l’Intérieur à Gaza, qui a préféré rester anonyme, certaines armes utilisées par les factions, l’ont été lors de querelles familiales ou à l’occasion de réunions festives. « Le Ministre de l’Intérieur limitera l’usage des armes au cours des querelles et des mariages » affirme -t-elle. « Après examen de la question, il a été établi que la plupart des troubles viennent de membres de factions palestiniennes qui utilisent des armes appartenant à leur groupe ». Elle a ajouté que le gouvernement veut imposer une paix et une sécurité totale à Gaza, notant que certains membres incivils utilisent leur groupe comme couverture pour instiguer le désordre et commettre des délits.

« Malheureusement, certaines factions font pression pour que nous retournions les armes confisquées, ce qui cause des problèmes et menace la sécurité de Gaza, » a ajouté la même personne. « Avant, a-t-elle poursuivi, les armes n’étaient retournées aux groupes qu’après un délai de plusieurs mois, mais maintenant, toute arme qui sera utilisée en dehors du cadre de la résistance ne sera pas remise, quel que soit le rang ou l’importance du membre de la résistance concerné. »

Elle a ajouté que le gouvernement se sent responsable de la protection du peuple, et demande à toutes les factions palestiniennes d’interdire à leurs membres d’utiliser les armes à feu pour solutionner les querelles d’ordre familial.

Du même auteur :

- Le Ramadan sans un sou - 20 août 2010
- Les Palestiniens confiants dans la fin du siège - 5 juillet 2010
- La société palestinienne doit se défendre - 4 mai 2010
- Réévaluer la résistance - 23 avril 2009
- S’adapter aux calamités ? - 24 mars 2010
- Et voici le mur de fer... - 12 janvier 2010
- Racisme absolu et guerre totale - 2 janvier 2010
- Vociférations et roulements d’épaule - 28 novembre 2009
- La médecine du docteur Fayyad - 22 novembre 2009

26 août 2010 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2010/101...
Traduction de l’anglais : J.M


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.