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Irak : des milliards gaspillés pour la reconstruction

mardi 31 août 2010 - 09h:11

Caroline Stevan - Le Temps

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A l’heure où les unités de combats quittent le pays, des audits évoquent les chantiers inachevés par les Américains.

Ce mardi, les derniers combattants américains quittent l’Irak. Reste un effectif de conseil et de formation. Barack Obama prononcera ce soir un discours destiné à marquer le passage symbolique sous la barre de 50 000 hommes, une promesse faite il y a plusieurs mois. La presse américaine, elle, s’empare de l’occasion pour dresser des bilans, dont celui des milliards gaspillés.

Selon l’inspection générale spéciale pour la reconstruction en Irak (Sigir), 5 milliards de dollars se sont envolés depuis 2004, soit environ 10% des 53,7 milliards dépensés pour rebâtir l’Etat. L’estimation, véhiculée ces derniers jours par les médias d’outre-Atlantique, découle de l’analyse de plus de 300 audits du Sigir, organisme de contrôle créé par le Congrès américain.

Les exemples de ratages sont édifiants. A Khan Bani Sadr, au nord de Bagdad, se dresse une gigantesque prison, flanquée de miradors et de murs géants. Conçu pour détenir 3600 individus, l’édifice est vide. La Maison-Blanche en avait confié la construction à l’entreprise Parsons début 2004, mais elle a finalement abandonné le projet en juin 2007, invoquant des problèmes de sécurité. Le projet a été remis au Ministère irakien de la justice, qui n’en a rien fait. Stuart Bowen, directeur du Sigir, considère ainsi que « 40 millions de dollars ont été gâchés dans le désert ».

Clinique sans escaliers

A Bassorah, c’est un hôpital pédiatrique qui devrait ouvrir ses portes depuis 2005. A Fallouja, une station d’épuration livrée avec quatre ans de retard et qui a coûté trois fois plus que prévu. A Diyala, au nord-est de la capitale, la directrice du Comité de reconstruction et de développement évoque une clinique livrée sans escaliers ou une fabrique de miel prestement construite cette fois, alors que l’urgence était à l’éducation. Des centaines de projets ont été stoppés ou restent inachevés. Domaine symbolique s’il en est, le raccordement en eau courante et électricité reste une douce utopie pour la majorité des Irakiens, malgré les milliards investis.

Des problèmes sécuritaires sont avancés pour expliquer le blocage des travaux ou leur renchérissement. Le manque de coordination avec les Irakiens est également mis en cause. « Les violences jouent un rôle mais elles ne sont pas le seul facteur, estime Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève. La corruption a détourné des milliards d’aide à la reconstruction. Le manque de savoir-faire local entraîne également retards et dysfonctionnements. Les inspecteurs n’ont aucune notion de travaux publics, les appels d’offres n’ont pas lieu puisque les chantiers sont alloués aux entreprises amies... Le pays ne tient aucune comptabilité transparente ; l’Irak regorge d’argent et tout circule en cash. » Pour autant, le Sigir pointe quelques succès : des centaines de commissariats ont notamment été achevés.

31 août 2010 - Le Temps


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