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Le mouvement Hamas, 4 ans après sa victoire électorale

jeudi 18 mars 2010 - 05h:21

Ahmad Yousef - Ma’an News Agency

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Le peuple palestinien a été puni économiquement et militairement pour avoir exercé ses droits et avoir participé au processus démocratique pourtant vanté par l’occident, explique Ahmad Yousef du mouvement Hamas.

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Manifestation du mouvement Hamas à Gaza - Archives

C’est avec un grand plaisir que je fais cette communication devant vous, en cette année et ce mois en particulier. Janvier 2010 marque le 4ème anniversaire du gouvernement du Hamas après sa victoire démocratique lors de l’élection parlementaire de 2006 et après la formation de son gouvernement en mars de la même année. Cette année est également particulière parce qu’elle marque la quatrième année de transition réussie du Hamas en un parti politique, malgré les épreuves et les secousses rencontrées et imposées par certains membres de la communauté internationale qui ont souhaité renverser le Hamas et contrecarrer la démocratie palestinienne.

Hamas était ambitieux en voulant appliquer sa Plate-forme pour le Changement et la Réforme... une plate-forme qui exigeait la fin de la corruption gouvernementale, la transparence et la participation de tous les partis politiques au gouvernement. Comme cela peut être rappelé, un grand nombre des candidats qui ont concouru et ont gagné avec le programme de la Plate-forme pour le Changement et la Réforme, au niveau local comme au niveau national, étaient des Palestiniens de toutes les conditions sociales, avec des idées politiques et des affiliations variées. Les résultats des élections de 2006 étaient un signal très clair de l’appel des Palestiniens pour le changement et la réforme du mode de gouvernement passé. L’appel pour le changement et la réforme a été bloqué par des interférences externes dans les questions internes, avec comme conséquence la dispersion des efforts du Hamas pour la réforme, aboutissant à des conflits avec ses adversaires politiques, en particulier le mouvement du Fatah.

Les personnes pragmatiques, raisonnables et avisées appartenant au mouvement ont tenté de surmonter les défis qui se sont présentés après les élections. Pour exemple, le Dr. Azeez Dweik, lporte-parole du Conseil Législatif Palestinien (CLP), a proposé un programme national de réforme. Le programme proposé a finalement conduit à l’accord pour un programme national. Tandis que nous nous efforcions de mettre en application l’accord national, les conflits politiques et les conflits armés ont forcé la direction à s’écarter de la réforme interne. En conséquence, les questions sur le terrain sont devenues plus chaotiques aux mains de l’appareil de sécurité préventif [lié au Fatah]. Les flammes du chaos ont été encore alimentées en combustible par l’aide et les ingérences de certains gouvernements occidentaux, nommément les Etats-Unis.

Les Etats-Unis avaient réclamé des élections palestiniennes démocratiques. Mais lorsque le mouvement pour le Changement et la Réforme, lié au Hamas, a brillamment remportée une victoire électorale, ces appels pour la démocratie palestinienne venus du gouvernement des Etats-Unis se sont tus et les sanctions économique ont été imposées. Le peuple palestinien a été puni économiquement et militairement pour avoir exercé ses droits et avoir participé au processus démocratique pourtant vanté par l’occident. Le comportement du gouvernements des États-Unis rappelaient ses efforts passés en politique extérieure après l’élection de partis politiques qu’il n’aimait pas en Afrique du nord, en Amérique du sud en en Amérique centrale. Ce type de comportement est non seulement antidémocratique, mais il est aussi contraire aux droits inscrits dans la charte des Nations Unies qui exigent le respect et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres [pays].

L’ingérence dans les affaires intérieures et l’aide déployée pour renverser le gouvernement du Hamas ont été présentées au nom de la soi-disant « Guerre contre la Terreur. » La guerre contre la terreur est un prétexte pour stigmatiser un parti politique qui est jugé politiquement gênant pour les intérêts des Etats-Unis, à savoir ceux d’Israël. Cette politique a été encore facilitée par la complicité régionale et les agressions israéliennes quotidiennes contre la Cisjordanie et la bande de Gaza.

En dépit des pressions exercées depuis l’extérieur, le Hamas, dans l’intérêt national palestinien, a ouvert la porte à la formation d’un gouvernement d’unité nationale basé sur l’accord de La Mecque. Le but de l’accord de Mecque était de faire cesser les ingérences externes et de donner aux Palestiniens la possibilité de mettre en place leur propre système politique démocratique basé sur la participation, la transparence et les libertés inscrites dans la déclaration des Nations Unies sur les Droits de l’Homme.

Dans le gouvernement d’unité nationale, un programme politique commun a été présenté et accepté par le Hamas et le Fatah. Dans ce programme le Président Abbas se voyait attribué le mandat de mener des pourparlers avec Israël ; la conclusion de ces négociations devait être discutée puis approuvée par le peuple palestinien ; et, pour finir, était confirmé le droit du peuple de résister à l’occupation, — enregistré dans le droit international — aussi longtemps qu’Israël occupera nos terres en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Malheureusement, le gouvernement d’unité nationale n’a pas duré plus de trois mois et dans le même temps, le nombre de membres de Hamas pris pour cible s’était accru. Le chaos sur le terrain a conduit à ce qui désigné sous le nom de « prise de contrôle militaire » de juin 2007. Dans ce laps de temps, beaucoup d’erreurs ont été commises par les partis politiques palestiniens ; des erreurs qui ne devraient pas et n’empêcheront pas la réunification et la réconciliation palestiniennes.

Le Hamas a voulu briser l’isolement politique qui lui est imposé comme à tous les Palestiniens, en se rendant en l’Europe afin de présenter notre analyse et nos positions. Il a continué à interpeller la communauté internationale par des canaux directs et indirects afin d’essayer de remettre en place la démocratie palestinienne et réaliser l’unité palestinienne. Le clivage entre la Cisjordanie et Gaza ne peut pas durer, car nous sommes frères et soeurs dans le présent comme dans le futur. Nous, comme Palestiniens et avec l’aide de nos frères et soeurs dans le monde entier, nous surmonterons cela.

La bande de Gaza : la stabilisation de la sécurité et du calme

La bande de Gaza n’avait pas vu une telle situation de calme et de sécurité depuis l’établissement de l’autorité palestinienne en 1994. La sécurité et le calme, cependant, se sont imposés après les événements de juillet 2007. Tous les visiteurs dans la bande de Gaza ont été les témoins de la situation d’aujourd’hui - il n’y a plus de présence militaire dans les rues et une absence de chaos et de désordre. En conclusion, la loi et l’ordre, avec le respect de tous, ont prévalu.

Des efforts sans cesse renouvelés pour la réconciliation

Après juillet 2007, le clivage entre les deux principaux partis, le Fatah et le Hamas, s’est aggravé. Beaucoup de pays ont essayé d’intervenir pour une réconciliation, mais le fossé demeure profond. Ces interventions ont été de fait contrecarrées par les Etats-Unis et leur soutien sans faille à Israël. En attendant, le général Dayton continue à mettre en application en Cisjordanie sa vision de la sécurité, laquelle est en harmonie avec la vision israélienne.

Le document égyptien pour en finir avec la division palestinienne

Depuis plus d’une année, l’Egypte a essayé de rétablir le lien entre le Fatah et le Hamas. Cet effort a réussi à diminuer les tensions et a poussé chaque parti à vouloir une réconciliation basée sur une vision partagée par tous les partis et non seulement par le Fatah et le Hamas.

L’atmosphère était propice à la signature de l’accord à l’occasion d’une cérémonie organisée par le Caire fin octobre 2009. Mais l’ajournement du vote sur le rapport du Goldstone [à la commission des droits de l’homme des Nations Unies] suite à une demande du président Abu Mazen, a créé un état de confusion et d’accusations politiques qui ont dégradé les rapports entre les deux côtés. En raison du tumulte qui a suivi et qui a directement affecté le président Abu Mazen, l’Autorité palestinienne [de Ramallah] a demandé que le rapport soit à nouveau soumis pour une discussion et un vote à l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Le Caire a envoyé le document pour la réconciliation palestinienne au Fatah et au Hamas pour qu’ils y apposent leurs signatures. La signature était censée se faire sans discussion, de sorte que la procédure de réconciliation ait pu accéder à une deuxième phase. La deuxième phase comprenait l’application des dispositions mentionnées dans le document : la formation d’un Comité National Suprême, l’organisation de nouvelles élections, la réactivation de l’OLP [Organisation de Libération de la Palestine], la refonte des appareils de sécurité et l’achèvement de la réconciliation interne.

Le Fatah a signé le document égyptien, alors que le Hamas hésitait en demandant la clarification de certains des points. On aurait pu penser que l’Egypte prendrait l’initiative d’inviter les partis à une réunion ou au moins ferait un appel à toutes les organisations pour qu’elles fassent les ultimes retouches au document. Malheureusement, le Caire a insisté pour une signature immédiate du document et a déclaré que les observations et les réserves faites par le Hamas et d’autres organisations politiques palestiniennes seraient prises en compte pendant la phase directe de réconciliation sur le terrain.

Cette situation a eu comme conséquence un blocage complet de toutes les discussions et tous les efforts pour parvenir à la réconciliation et à l’unité palestinienne. Nous avons tous commis des erreurs et leur nature comme leur gravité sont variables. Malgré cela, nous y arriverons. Aujourd’hui, des efforts sont déployés par la Libye et l’Arabie Saoudite pour surmonter les obstacles qui empêchent la signature du document égyptien pour la réconciliation nationale. Nous espérons que ces efforts seront fructueux lorsqu’ils seront présentés le 27 mars au prochain sommet arabe à Tripoli.

Les défis qui nous attendent

Il y a quatre principaux défis que les Palestiniens doivent relever :

Premièrement : en terminer avec la division interne et rétablir l’unité entre la bande de Gaza et la Cisjordanie ;
Deuxièmement : lever le siège imposé à la bande de Gaza.
Troisièmement : mobiliser le soutien arabe, musulman et international en faveur des Palestiniens.
Et quatrièmement : en finir avec l’occupation et mettre en place un Etat palestinien indépendant libre et souverain.

Conclusion

Il n’y a aucun doute que ces défis sont tous liés et interdépendants. L’un ne peut pas être réalisé sans les trois autres. C’est mon espoir que nous agissions tous ensemble pour permettre cette réconciliation, faire cesser l’occupation israélienne et la construction des colonies et l’expropriation des terres palestiniennes. Il est temps que tous les Palestiniens, Arabes, Musulmans et militants internationaux mettent de côté leurs différences personnelles, organisationnelles et politiques. Il est temps pour que nous ne fassions plus qu’un, comme frères et s ?urs, pour surmonter l’injustice et faire respecter les droits garantis par la loi internationale et les droits de l’homme accordés à tous par Dieu. Comme le disait Martin Luther King, « nous surmonterons ! ».

* Ahmed Yousef est adjoint au Ministère des Affaires Étrangères et ancien conseiller politique d’Ismail Haniyeh

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13 mars 2010 - Ma’an news Agency - Vous pouvez consulter cet article à : http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction de l’anglais : al Mukhtar


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