Les défis de l’Irak demeurent légion en effet, et c’est en ce sens que le dossier présent a vocation à exprimer une partie d’entre eux.

Sept ans après son invasion, et la chute du régime de Saddam Hussein, l’Irak donne des signes contradictoires. D’un côté, l’amélioration des perspectives semble au rendez-vous, comme le montre par exemple une situation sécuritaire qui, aussi exacerbée soit-elle parfois, demeure moins problématique qu’il y a deux ans encore. De l’autre, un envenimement des tensions politiques, et les dérives ethno-confessionnelles y afférentes, continuent néanmoins à prévaloir, comme ont pu le montrer les alliances et discours qui ont précédé le scrutin législatif du 7 mars 2010.

Evidemment, l’Irak ne pouvait être voué à une pleine et durable décomposition, et ses élites politiques sont d’accord sur la nécessité qu’il y a maintenant de rattraper le temps perdu. Mais à quel prix, et selon quelles modalités ? C’est là que les différends continuent à s’exprimer. Si le secteur des hydrocarbures paraît pouvoir porter enfin des fruits conséquents, beaucoup reste à reconstruire en termes d’infrastructures. De même, si les conditions pour une consolidation de l’indépendance politique semblent pouvoir être réunies, cela ne soustrait pas pour autant l’Irak aux politiques d’influences exercées à son adresse par des acteurs tiers. Le tout, à un moment où les Irakiens demeurent en droit de se demander quand est-ce qu’ils pourront, une fois pour toutes, tourner la page du passé, et bénéficier des richesses et du savoir-faire naturellement présents dans leur pays.

Les défis de l’Irak demeurent légion en effet, et c’est en ce sens que le dossier présent a vocation à exprimer une partie d’entre eux. Que les experts et observateurs qui ont accepté de nous éclairer par leurs contributions soient remerciés pour leurs précieux apports. Ils montrent en effet, plus que tout, qu’à défaut pour l’Irak d’être engagé sur une pente ascendante prouvée, les signes d’un avenir prometteur demeurent à même d’être entretenus... pour qui cependant accepte de s’imprégner de la complexité des enjeux prévalant dans ce pays, et de croire qu’il n’y a pas de raisons pour les épisodes belliqueux d’incarner une quelconque forme de norme pérenne. Le scrutin législatif prévu pour se tenir le 7 mars 2010 aura valeur, à ce titre, de test. Il reste à souhaiter, en dépit des légitimes suspicions qui prévalent en la matière, que celui-ci sera l’expression d’un léger mieux, à défaut pour lui de pouvoir enfin annoncer un avenir radieux.

Dossier sur IRIS :

 Irak : l’illusion démocratique
Par Barah Mikaïl, Chercheur à l’IRIS

  Les défis sécuritaires de l’Irak

Par Feurat Alani, journaliste à l’agence Magneto Presse, consultant temporaire au sein de l’International Crisis Group, auteur du blog Vu(e)(s) d’ici et d’ailleurs

 Retrait militaire, impasse politique et regain de violences : un état des lieux de la scène arabe sunnite irakienne à l’aune du nouveau scrutin

Par Myriam Benraad, politologue et spécialiste de l’Irak affiliée à Sciences Po, Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI)

 Entretien avec Kendal Nezan, président de l’institut kurde à Paris

 Le nouveau cours des relations turco-irakiennes

Par Didier Billion, chargé de mission auprès du Directeur de l’Iris

 La stratégie iranienne en Irak : réalités et limites

Par Thierry Coville, Chercheur associé à l’IRIS, enseignant-chercheur à Negocia

 Le secteur des hydrocarbures en Irak : le tournant de 2009

Par Francis Perrin, Directeur de la rédaction du magazine Pétrole et gaz arabes

 Les perspectives hydrauliques irakiennes

Par Pierre Berthelot, chercheur associé à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS)

L’auteur est chercheur à l’IRIS

5 mars 2010 - IRIS