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La Suisse soutient un film genevois devant les ministres du Hamas

mercredi 16 décembre 2009 - 06h:29

Andrès Allemand

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BANDE DE GAZA | « Aisheen », le documentaire de Nicolas Wadimoff et Béatrice Guelpa tourné juste après la guerre, livre un puissant message d’espoir. Il vient de subir le test du public à Gaza City. Avec succès !

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« Aisheen (Still Alive in Gaza) », le documentaire des Genevois Nicolas Wadimoff et Béatrice Guelpa. Le film a été tourné en quatorze jours, un mois après la fin de l’offensive israélienne de décembre et janvier.

« C’est truqué ! Votre film déforme la réalité de Gaza en montrant cet adolescent qui parle de devenir moudjahidin s’il n’a pas la possibilité de faire des études universitaires ! Il n’aurait jamais dit une chose pareille, vous salissez notre image ! » La scène se déroule à Gaza City.

Debout au milieu de la salle de projection, l’homme ne décolère pas. Pourtant, quelques rangées devant lui, trois ministres du Hamas, trop heureux de côtoyer des Suisses, ont poliment applaudi Aisheen (Still Alive in Gaza), le documentaire des Genevois Nicolas Wadimoff et Béatrice Guelpa. Un film tourné en quatorze jours, un mois après la fin de l’offensive israélienne de décembre et janvier.

Les clowns, le zoo et le rap

Curieuse polémique, qui s’éteint comme un feu de paille. Car tout le monde en convient : le documentaire n’est pas militant. Bien au contraire, il dresse le portrait de Palestiniens qui résistent au désespoir et reconstruisent leur vie. Malgré la guerre et le blocus israélien. Malgré la mainmise du Hamas. « La Suisse apporte son soutien officiel à ce documentaire indépendant, que nous souhaitons voir projeté en Occident, mais aussi en Cisjordanie et en Israël, pour faire entendre la voix des gens de Gaza », lance l’ambassadeur helvétique Roland Steininger face à une salle comble.

Faire entendre la voix du forain qui retape une roue de manège. Celles des clowns à Rafah qui faisaient rire les enfants malgré les bombardements. Du gardien de zoo si dévoué aux bêtes qui ont survécu. Des enfants pêcheurs qui jouent à tromper la surveillance des vedettes israéliennes. Ou
encore celle des rappeurs du groupe Dargteam.

« C’est le rêve de ma vie ! » souffle Fadi Bakheet, jeune manager de Dargteam. « Pouvoir dire au monde la vérité sur Gaza. Nous en avons assez du désespoir et de la guerre. A chaque conflit armé, c’est la population palestinienne qui est victime. Alors ça suffit ! Nous sommes prêts à mourir pour la cause, mais pas par la violence. Personne n’ose le dire par peur de passer pour un collabo. La police nous a arrêtés plusieurs fois, mais nous n’avons pas peur. Le rap, c’est notre djihad à nous. Le rap c’est notre liberté. »

Une liberté qui reste à conquérir. Le film genevois n’a pas pu être projeté à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Par prudence, la séance a été annulée. La population était jugée trop conservatrice pour supporter de voir et d’entendre des rappeurs, suspects d’accointance avec la culture américaine.

Du côté des vivants

Un peu déçu, Nicolas Wadimoff ne se laisse pas démonter : « Il y a tout de même eu plusieurs représentations à Gaza. J’étais d’abord très tendu, mais j’ai vite réalisé que les gens se retrouvaient dans le film. Parce que nous avons cherché du côté des vivants, plutôt que de reproduire une
fois de plus la litanie de la violence. » Béatrice Guelpa enchaîne : « C’est ce qui pourra toucher le public en Suisse, je pense. Des situations individuelles, dans lesquelles chacun peut se reconnaître. »

Peut-être même un peu trop, glisse Majeda Al-Saqqa, de l’association pour la culture et la libre pensée, de Khan Younis. « Tout ça m’a replongé dans l’immédiat après-guerre. C’est un excellent film... à visionner à l’étranger. » Par exemple lors du prochain festival Visions du Réel en avril à Nyon. Ou peut-être même - qui sait ! - au Festival de Berlin. 

Un musée pour Gaza ?

La Ville de Genève en première ligne

❚ Le conseiller administratif genevois Patrice Mugny était lui aussi présent à Gaza City pour la première mondiale du film de Nicolas Wadimoff et Béatrice Guelpa. C’est même lui qui avait posé pour condition que Aisheen soit d’abord projeté dans la bande de Gaza, devant les Palestiniens. Moyennant quoi, le Département de la culture de la Ville de Genève a contribué au financement de ce documentaire, à hauteur de 50 000 francs (sur un budget de 350 000).

❚ Mais ce n’est pas le seul projet que soutient Patrice Mugny à Gaza. Il n’a pas abandonné l’idée de contribuer à la réalisation d’un musée archéologique à Gaza. Un projet qui pourrait reprendre forme si l’accalmie se maintient. Il a rencontré le ministre de la Culture du Hamas et espère l’inviter l’an prochain à Genève, de même qu’un représentant du Fatah. Objectif : lancer un concours d’architectes.

❚ Enfin, le magistrat genevois a pu constater de ses propres yeux le degré d’avancement du centre pour femmes financé par l’Association Meyrin-Palestine, un projet auquel la Ville de Genève contribue également.

10 décembre 2009 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.tdg.ch/actu/monde/suisse...


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