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Réfugiés palestiniens au Liban : « nous survivons, à défaut de mourir »

jeudi 10 décembre 2009 - 17h:33

D’après AFP

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BORJ EL-CHEMALI (Liban) - En quittant la Palestine en 1948 à l’âge de 12 ans, Hassan Rhayyel ne se doutait pas qu’il allait passer les 60 prochaines années de sa vie dans un camp de misère au Liban.

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Un jeune palestinien joue au ballon dans un camp de réfugiés dans la banlieue de Tripoli, le 4 décembre 2009 - Photo : AFP/Joseph Eid

Comme des milliers de ses compatriotes réfugiés, il se sent prisonnier à perpétuité. "L’avenir, on le voit en noir", lance cet homme aux cheveux blancs dans sa maison de 70 mètres carrés où il a élevé huit enfants, dans le camp de Borj el-Chemali (sud).

A l’intérieur des 12 camps palestiniens du Liban, où s’entassent plus de 250.000 réfugiés, les enfants grandissent dans des dédales de ruelles crevassées aux odeurs nauséabondes, jouent dans les cimetières et parmi les déchets et abandonnent l’école bien avant l’âge de 18 ans

Les logements anarchiques sont tellement collés les uns aux autres qu’il est parfois impossible d’apercevoir le ciel.

A Borj el-Chemali, le nombre de réfugiés est passé en cinq décennies de 7.000 à 20.000 personnes, sur une même superficie : un kilomètre carré.

"Comment est-il possible que, depuis 62 ans, les Palestiniens restent enfermés dans ces camps ?", déplore Mahmoud al-Joumaa, président de "la Maison des enfants de la résistance", qui s’occupe de l’épanouissement des tout-petits.

Avec le processus de paix israélo-palestinien au point mort et le refus d’Israël d’entendre parler du droit au retour, l’espoir de revoir la terre natale s’amenuise de génération en génération.

Avec le processus de paix israélo-palestinien au point mort et le refus d’Israël d’entendre parler du droit au retour, l’espoir de revoir la terre natale s’amenuise de génération en génération.

Le souvenir même de la Palestine s’estompe : seuls 10% des réfugiés se rappellent encore l’exode.

"Quand j’observais les combats entre les juifs et les nôtres du toit de notre maison dans la vallée de Hula (nord d’Israël), je ne me rendais pas compte que je perdais une patrie", se souvient Hassan.

"On pensait qu’on allait revenir dans deux jours, on a fini par construire ce camp au Liban", ajoute le vieil homme. "Ce camp, c’est ma Palestine".

Les jeunes des camps ne se font pas non plus d’illusions.

"La Palestine, ce n’est qu’un concept", affirme Hiba Idriss, 23 ans.

"Nous sommes nés réfugiés, nous mourrons réfugiés", ajoute cette jeune fille qui a décroché une licence en gestion des technologies de l’information d’une université libanaise grâce à une bourse de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Mais ce diplôme est loin de lui donner des perspectives d’avenir, la loi libanaise interdisant aux Palestiniens d’exercer la plupart des métiers.

"Rien ne nous appartient, dit Hiba. Nous vivons au jour le jour parce que c’est sans issue".

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Une Palestinienne sur son balcon dans un camp de réfugiés au sud de Beyrouth - Photo : AFP/Ramzi Haidar

Beaucoup de jeunes désoeuvrés passent leur temps à fumer le narguilé ou à sillonner les ruelles en mobylette.

Elle se souvient de son grand-père dont le départ de la région de Safad, en Galilée, a pesé sur sa conscience. "Il n’a pas pris les armes. Comme beaucoup, il a eu vent du massacre de Deir Yassine (en 1948, par des combattants sionistes). Il est parti pour protéger sa famille".

"Il se sentait coupable de la situation dans les camps et répétait +ça aurait été mieux de mourir là-bas, dans la dignité+", se rappelle cette brune voilée.

Elle se souvient aussi de la première fois où elle est sortie du camp : "je ne savais pas qu’il y avait un monde extérieur, je pensais que la vie, c’était le camp".

Pour beaucoup, c’est surtout le sentiment d’avoir été abandonné à leur triste sort qui blesse.

"Ils sont sept millions (d’Israéliens) à se préoccuper de (Gilad) Shalit (le soldat israélien enlevé en 2006 par le Hamas, ndlr) alors que 300 millions d’Arabes se moquent bien du sort de centaines de milliers de Palestiniens", s’indigne Walid Taha, dans le camp de Chatila (banlieue sud de Beyrouth).

Cet homme maigre envie ses demi-frères en Israël, dont l’un, Wassel Taha, est député au Parlement.

"Ici, je gagne à peine 100 dollars en un mois. Nous survivons, à défaut de mourir", résume cet ouvrier, père de six enfants.

8 décembre 2009 - L’Express - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lexpress.fr/actualites/1...


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