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Comment Israël décide-t-il à qui délivrer des visas pour Ramallah ?

mardi 15 septembre 2009 - 06h:08

Amira Hass - Haaretz

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Sven Ouzman, un archéologue de 39 ans d’Afrique du Sud, a enfreint six fois les conditions de son visa « Autorité palestinienne seulement » en empruntant involontairement, et faute de choix, des routes sous contrôle israélien entre les enclaves de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.

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Amira Hass

Ouzman, qui assistait à une conférence du congrès archéologique mondial à Ramallah le mois dernier, était en retard pour une conférence qu’il devait donner le 9 août au soir. Il était arrivé au Pont Allenby le samedi matin 8 août, après être passé par le contrôle des passeports du côté jordanien et avoir pénétré dans la zone sous contrôle israélien ; toutefois, les employés de l’Autorité des aéroports d’Israël ont exigé qu’il revienne le lendemain. Quand il leur a demandé pourquoi « ils ont été très grossiers et ont refusé de répondre » a dit Ouzman par téléphone cette semaine depuis l’Afrique du Sud.

Des connaissances lui ont dit plus tard qu’ un tel arbitraire est normal du côté israélien. Ouzman est rentré à Ammân pour la nuit. Le lendemain matin il a passé 2 heures du côté jordanien et puis 9 heures du côté israélien. « C’est alors qu’a commencé un long processus : va là-bas, viens ici, beaucoup de questions que je trouvais blessantes et de longues attentes, surtout des attentes » a dit Ouzman.

Ouzman est professeur au département d’ethnographie et d’archéologie de l’université de Pretoria et enseigne également l’archéologie en prison. Il a dit qu’ au passage du pont Allenby, il a repensé à une leçon d’anthropologie qu’il avait apprise à l’occasion de ses cours en prison, à savoir que les autorités cassent intentionnellement la monotonie et crient sur les prisonniers pour les désorienter. Il prétend que c’est ce qui se passe à la frontière contrôlée par Israël.

« Ils sont tous très jeunes. Vous vous demandez quelle formation ils ont reçue ; vous ne pouvez pas vous fâcher sur eux, ils ne font qu’obéir aux ordres » a dit Ouzman.

À un moment donné, Ouzman a montré aux fonctionnaires du Pont Allenby son invitation à la conférence d’archéologie et leur a donné le numéro de téléphone d’un des organisateurs, Adel Yahya de Ramallah. Les employés ont appelé Yahya et lui ont demandé la liste des participants à la conférence. Dix conférenciers (sur environ 20) étaient arrivés via Allenby, dont trois de nationalité turque. Deux des ressortissants turcs se sont vu refuser le passage a dit Yahya et le troisième a reçu un visa « Autorité palestinienne seulement ». Un conférencier portugais invité a également reçu le tampon « Autorité palestinienne seulement ». Ces deux personnes, de même que Ouzman, n’ont pas pu participer à la visite guidée de Silwan à Jérusalem avec l’archéologue Rafi Greenberg.

Quand Haaretz a demandé pourquoi certains visiteurs reçoivent des visas ordinaires, tandis que d’autres reçoivent le visa estampillé « Autorité palestinienne seulement » les questions sont restées sans réponse.

Ouzman a abrégé son voyage de deux jours à cause de son visa restrictif. Toutefois, dans certains cas, le préjudice est beaucoup plus important : le visa "Autorité palestinienne seulement" a ruiné le travail de recherche de L., chercheur britannique qui avait passé l’été à l’université de Beir Zeit.

L. a reçu, de l’administration civile, un visa d’un jour pour Israël et il a pris rendez-vous au ministère de l’intérieur à Jérusalem afin de demander un visa ordinaire. « Une fois que le l’employé [du ministère de l’intérieur] a remarqué que mon visa disait « Autorité palestinienne seulement » elle a hurlé que je ne devrais pas être en Israël et m’a crié dessus pour être entré sans visa. J’ai essayé d’expliquer que c’est la raison pour laquelle j’étais là et que j’avais du travail à faire en Israël ainsi qu’en Cisjordanie. Elle ne m’a pas écouté et elle m’a dit en colère que je devais partir et retourner en Cisjordanie.

L. a dit à l’employée qu’il avait un visa d’un jour et qu’il venait dans ce pays est au moins deux fois par an et qu’il avait toujours reçu un visa ordinaire. L. dit que l’employée, toujours en colère, a parlé avec quelqu’un au téléphone.

« Elle m’a alors dit que selon [son supérieur] je ne devrais pas être en Israël parce que je n’avais pas le visa approprié et que si j’insistais auprès du ministère pour obtenir un visa complet, je pouvais le faire, mais qu’on me refuserait le visa sur place » a dit L.

Le ministère de l’intérieur a dit qu’il n’a pas de représentant au passage du Pont Allenby.

L’Autorité des aéroports d’Israël : « les employés de l’Autorité des aéroports s’en tient aux directives tout en maintenant la dignité des voyageurs et en leur prodiguant un service de qualité appropriée. L’Autorité supervise les employés par le biais de différentes méthodes. Les tampons sont délivrés uniquement par les superviseurs à la frontière (ceux-ci ne sont pas employés par l’Autorité)".

Le service d’aide aux négociations, qui conseille le département des négociations de l’OLP, a préparé un document de position sur la politique israélienne en matière de visas qui a été envoyé aux consulats et aux missions étrangères. La position dit : « les Etats tiers dont les ressortissants sont exposés à de telles politiques illégales ont l’obligation de protester une fois que les faits leur sont communiqués et que leurs ressortissants leur demandent de réagir ou de prendre des mesures. Faute de présenter leurs objections, les Etats tiers laisseront entendre qu’ils acceptent les actes illégaux d’Israël en violation de leur devoir de ne pas reconnaître [de tels actes].

8 septembre 2009 - Ha’aretz - Cet article peut être consulté ici :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : Anne-Marie Goossens


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