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Proche-Orient : cessons d’être fatalistes, les lignes bougent !

jeudi 3 septembre 2009 - 21h:01

Pascal Boniface - IRIS

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Beaucoup estiment que le conflit israélo-palestinien ne sera jamais résolu : l’impossibilité des protagonistes à se mettre d’accord sur les bases d’un règlement équitable, la supériorité militaire d’Israël puissance occupante, le soutien, quasi inconditionnel sous George Bush, de l’hyperpuissance américaine, la timidité ou l’impuissance volontaire de la communauté internationale, tout concourt au blocage de la situation.

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Si "les choses bougent" les Palestiniens - qui ont résisté et résisteront à l’occupation israélienne génération après génération - le devront avant tout à eux-mêmes, et ensuite seulement à de la géopolitique... - Photo : Emily Ratner

Pourtant, quelques éléments pourraient, à l’avenir, faire bouger les lignes.

La clé essentielle se trouve à Washington. Les conclusions qu’avait tirées George Bush des attentats du 11-Septembre l’avaient conduit à se rapprocher encore plus d’Israël. Cette période post-11-Septembre semble révolue. Obama a compris qu’un soutien jugé inconditionnel à Israël, lié à la perpétuation du conflit israélo-palestinien, est néfaste pour l’image des Etats-Unis dans le monde, principalement dans le monde musulman et, qu’à terme, pourrait être un facteur d’affaiblissement des Etats-Unis. Ce qui reste inconnu, c’est la marge de man ?uvre qu’aura ou que se donnera Obama face à Israël.

Mais d’autres facteurs, auxquels on pense moins, vont avoir un impact sur le conflit israélo-palestinien.

Israël a sans conteste la supériorité militaire, son armée ne peut être vaincue par aucune autre de la région mais les évolutions technologiques paradoxalement peuvent jouer contre Israël. La guerre du Golfe de 1990-1991 avait déjà montré que la possession des territoires occupés ne constituait plus une profondeur stratégique susceptible de protéger Israël puisque des missiles irakiens avaient atteint le territoire israélien.

Dans la guerre du Liban en 2006, puis pendant la guerre de Gaza en 2009, on a vu que des roquettes même rudimentaires pouvaient atteindre le territoire israélien. Comment ne pas penser qu’à l’avenir, avec des moyens rudimentaires, le Hamas ou d’autres mouvements armés à Gaza ou ailleurs ne seront pas en mesure de frapper plus loin et plus fortement au c ?ur d’Israël ? A l’heure des guerres asymétriques, la puissance militaire n’est plus le gage de la sécurité.

Un monde multipolaire moins favorable au soutien américain à Israël

La multipolarisation du monde ne joue pas en faveur d’Israël. Les Etats-Unis réalisent que leur suprématie n’est plus assurée. Ils doivent composer avec d’autres puissances moins favorables à Israël. L’émergence sur la scène internationale de pays comme l’Afrique du Sud et le Brésil viendra changer les termes du débat sur la question palestinienne. L’islam du Sud-Est a également son importance : la Malaisie, l’Indonésie et d’autres pays émergents sont pro-Palestiniens non seulement parce qu’ils sont musulmans mais également parce qu’ils sont héritiers du non-alignement et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Contrairement aux pays arabes, ils sont moins dépendants stratégiquement des Etats-Unis et peuvent davantage faire valoir leur point de vue.

Les attentats du 11-Septembre et l’assimilation du terrorisme au monde musulman avaient facilité la tâche d’Israël auprès des opinions occidentales. Ebranlée par la guerre du Liban en 1982 et par la répression de l’Intifada à la fin des années 1980, l’image d’Israël avait été restaurée et la vague des attentats suicides en Israël en 2002-2003 avaient créé dans une large partie de l’opinion occidentale le sentiment d’une menace commune. La guerre du Liban et celle de Gaza, ainsi qu’une réflexion moins sommaire sur les causes du terrorisme sont venus effacer cela.

La cause palestinienne n’a pas qu’un appui communautaire dans de nombreux pays européens. On peut voir un mouvement de solidarité, notamment dans la jeunesse, comparable avec ce qui avait été le cas pour les Vietnamiens à la fin des années 1960 et au début des années 1970.

La prise en compte médiatique du sort des Palestiniens

En termes médiatiques, le moment unipolaire est également terminé : le monde arabe a ses chaînes satellitaires qui fournissent une autre histoire du conflit israélo-palestinien, montrant des images qu’on ne voyait pas auparavant. Des journaux occidentaux, y compris les journaux américains après la guerre de Gaza, ont rendu compte des souffrances des Palestiniens. Le terme a même été employé dans son discours du Caire par le président Obama, terme qui était absent du discours officiel américain auparavant. Internet est également un puissant moyen de circulation de l’information qui bénéficie à ceux qui apparaissent comme des victimes.

Le récit du conflit a également changé. L’époque où les grandes productions d’Hollywood assimilaient musulmans et arabes à des terroristes, auxquels une punition musclée était réservée, est terminée. On peut voir désormais des films comme « Amerrika » ou « Le Temps qu’il reste » qui offrent un autre récit du conflit israélo-palestinien, où le sort des Palestiniens est pris en compte. Cela devrait se développer et toucher les opinions. La bataille de l’opinion devient difficile pour Israël, y compris dans le monde occidental.

Tous ces facteurs vont contribuer à faire bouger les rapports de force en faveur des partisans d’une paix équitable au Proche-Orient, dans l’intérêt des deux peuples.

24 août 2009 - IRIS - Vous pouvez consulter cet article à :
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