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Le racisme défensif d’Israël

mercredi 5 août 2009 - 06h:47

Ameer Makhoul

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La question la plus intéressante, c’est pourquoi l’Etat fait voter toutes ces lois quand il possède déjà suffisamment d’outils pour mettre en ?uvre la même politique et qui forment le socle de l’actuelle législation raciste.

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Une série de lois discriminatoires ont été déposées et débattues à la Knesset récemment




Les signes se multiplient qui montrent que l’Etat d’Israël est en train de pousser vers une confrontation violente avec la population arabe. Il veut changer les noms de villes et les « hébraïser », détruire les maisons, privatiser les propriétés des réfugiés palestiniens et les judaïser, faire voter des lois sur la « loyauté » déposées actuellement à la douzaine, sans compter les lois sur la citoyenneté et sur la « Naqba ». Un Etat tout entier court à l’affrontement.

La question se pose de savoir pourquoi l’Etat d’Israël légifère sur des lois fondamentalement racistes ? La question la plus intéressante, c’est pourquoi l’Etat fait voter toutes ces lois quand il possède déjà suffisamment d’outils pour mettre en ?uvre la même politique et qui forment le socle de l’actuelle législation raciste. L’Etat d’Israël profite des lois et règlements déclarés d’urgence hérités de la période du Mandat britannique et, selon Adalah (le centre légal pour les droits de la minorité arabe en Israël), il existe actuellement plus d’une vingtaine de lois discriminatoires, à commencer par les lois relatives à l’immigration et à la citoyenneté, en passant par les lois relatives à la terre et à la planification, et toute la série de lois sur la loyauté. Alors pourquoi l’Etat a-t-il besoin de lois supplémentaires, superflues même du point de vue de la sécurité de l’Etat ?

Nous assistons là non pas à une démocratie défensive, mais à un racisme défensif. C’est un signe encourageant, car la population arabe est suffisamment forte et organisée dans la défense de ses droits et libertés d’expression, et s’il vient s’ajouter une autre oppression et un autre racisme, cela ne fera qu’affermir la force intérieure de cette population.

Le racisme caché est maintenant ouvert et déclaré. Ce qui ne change pas l’essence de l’Etat mais en tant qu’Etat de droit avec un haut niveau de centralisation, l’Etat envoie un message à chaque raciste lui disant que la loi ne l’empêchera pas d’exprimer ses aspirations nationalistes, et que peuvent se renouveler les évènements d’Acre de l’an dernier et naître des bourgeons pour le proche avenir.

La population arabe accuse l’Etat d’Israël et toutes ses administrations, politiques, sécuritaires, juridiques et civiles, de la pousser délibérément dans l’impasse pour lui imposer l’affrontement, après quoi peut-être, tous pourront se servir des nouvelles lois. Des lois qui portent en leur sein l’affrontement, car elles sont inapplicables sans la violence de l’Etat.

La population arabe soutient en outre que l’Etat d’Israël marche très dangereusement sur un fil et court sur les traces du Directeur des Services généraux de sécurité (GSS) pour lequel, déjà en 2007, la population arabe représentait un danger stratégique, et bien sûr, comme pour un danger stratégique, on retrouvera les mêmes tentatives d’assassinats ciblés de cette école de pensée.

D’un autre point de vue, nous voyons un Etat en train de perdre et son équilibre et son horizon. Un Etat dont les décideurs politiques sont à la traîne des développements historiques. Nulle part ailleurs dans le monde, une législation n’est adoptée pour répondre à un instinct raciste de tel ou tel ministre qui veut hébraïser le nom des villes arabes palestiniennes ou décider ce à quoi un Arabe doit être fidèle. Dans ce cas, ce n’est pas la population arabe qui subit la crise mais l’Etat, qui ne rate pas une occasion d’attenter et de nuire à la position de la population arabe et au peuple palestinien tout entier.

L’Etat d’Israël essaie de faire face au développement naturel de la conscience arabe palestinienne qui s’est développée dans des conditions imposées au peuple palestinien, il essaie de l’obliger à la loyauté, de trouver des collaborateurs ou d’employer un mécanisme de terreur et de peur pour l’empêcher de participer à la vie publique. Un Etat qui veut que la jeunesse arabe oublie sa patrie, oublie son peuple et abandonne toute dignité nationale et humaine, contrainte à la loyauté à l’égard de l’Etat des juifs. Allez donc trouver un tel Arabe !

L’Etat d’Israël peut, certes, obliger la population arabe à la confrontation, mais il ne peut maîtriser les conséquences d’une telle confrontation, ni à court terme et, plus important encore, ni à long terme. Et si l’Etat d’Israël espère mettre son veto à la légitimité de l’existence de cette population arabe dans sa patrie, alors cette question de la légitimité n’est pas dans l’intérêt d’Israël, et la population arabe n’est pas la partie faible.


L’auteur est président du Comité public pour la défense des libertés, intégré au Haut Comité d’observation arabe ; il est aussi directeur exécutif d’Ittijah.

Cet article a été initialement publié par Hagada Hasmalit, forum de la gauche radicale en langue hébraïque. Traduit de l’hébreu en anglais par AIC.

30 juillet 2009 - Centre d’information alternative - traduction : JPP


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