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La marque des FDI

dimanche 26 juillet 2009 - 07h:08

Amira Hass
Ha’aretz

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Les témoignages dans la brochure de Briser le Silence apportent encore et encore la preuve de la fiabilité du témoignage palestinien. Et inversement, les déclarations sous serment des Palestiniens apportent la preuve de l’authenticité des déclarations des soldats.

Il y a quelque chose dans les témoignages de soldats publiés par l’organisation Briser le Silence la semaine dernière qui doit faire peur aux Forces de défense israéliennes. Sinon, leur batterie de porte-parole - officiels et non officiels - ne participerait pas à une telle campagne aussi violente pour la réduire au silence.

Nos médias sont indépendants. Ce n’est pas la campagne de délégitimisation qui les a amenés à faire si peu de cas de ces témoignages. Contrairement à la Seconde Guerre du Liban, l’opération Plomb durci s’est retrouvée reléguée au département Archéologie à mesure que l’intérêt de l’opinion retombait, le nombre d’Israéliens tués étant faible. Même sans la pression du bureau du porte-parole des FDI, les médias n’auraient pas perdu beaucoup d’énergie sur ces témoignages.

Briser le Silence a réussi à rencontrer des soldats non sélectionnés par l’armée et à leur parler malgré l’interdiction stricte de leur commandant de divulguer des détails sur l’opération à l’extérieur de l’institution militaire. Les FDI peuvent cependant être fières de leur capacité à imposer la discipline. Pas un des soldats interrogés n’a contacté l’organisation de son propre chef. Parmi les milliers de soldats que Briser le Silence et ses militants ont rencontrés, seules quelques dizaines d’entre eux ont accepté de parler. Ceux qui furent interrogés, soit dit en passant, estimaient que l’attaque militaire était justifiée mais leur conscience était perturbée par certains phénomènes. Tous avaient participé à l’offensive terrestre. Pas un n’était pilote ou de ceux qui n’avaient eu qu’à appuyer sur un bouton pour lâcher des missiles depuis un avion sans pilote, alors que la plus grande partie des tués et des destructions ont été le fait de l’offensive aérienne.

La politique de Briser le Silence est de publier des cas dont la preuve a été établie par deux ou plus de soldats appartenant à la même unité. L’organisation possède d’autres témoignages sur des faits graves mais ils n’ont pas été corroborés. Ainsi, dans la brochure publiée la semaine dernière, il n’y a que quelques témoignages sur des meurtres de civils qui auraient pu sans aucun doute être évités.

La campagne d’étouffement et de calomnie est dirigée contre les membres de Briser le Silence, mais son objectif est autre. Le dénigrement est la marque des FDI comme le sont les incendies que les colons des avant-postes allument dans les champs palestiniens. Ces colons mettent en garde les autorités de ne pas essayer de les faire évacuer, et les FDI préviennent les soldats qui n’ont pas encore enfreint la discipline qu’ils doivent garder le silence. De sorte qu’il est plus difficile pour Briser le Silence de remplir sa mission morale visant à discuter avec les soldats et à brosser un tableau complet de l’agression - tableau qu’Israël essaie de brouiller à tout prix.

La vérité finit toujours par apparaître dans une société comme la nôtre, mais le temps est un facteur critique. Un témoignage publié il y a cinq ans n’est pas le même qu’un témoignage publié aujourd’hui, quand les militants palestiniens et étrangers des droits humains sont en train de préparer des dossiers juridiques à l’étranger contre les officiels au plus haut niveau, du gouvernement comme de l’armée, pour violation du droit international, et pire encore.

L’actuelle brochure apporte des informations sur des choses plus « modérées » - relativement. Les témoignages recueillis et publiés par Amnesty International, Human Rights Watch, par la commission internationale d’enquête, la presse étrangère et Ha’aretz, concernent des cas beaucoup plus graves.

Les témoignages dans la brochure apportent encore et encore la preuve de la fiabilité du témoignage palestinien. Et inversement, les déclarations sous serment des Palestiniens apportent la preuve de l’authenticité des déclarations des soldats.

L’accumulation de témoignages démontre qu’ils n’émanent pas d’esprit dévoyés mais d’une conscience politique. Par conséquent, il faut pour les FDI, et le gouvernement qui les a envoyées dans l’action, empêcher que se poursuivent de telles validations de la vérité.

Les FDI trouvent opportun d’envoyer les soldats, après leur service militaire, au Pérou ou en Colombie, pour qu’ils y enterrent leurs souvenirs angoissés ou leurs compréhensions tardives, comme des adultes. Les FDI préfèrent que leurs soldats, une fois démobilisés, aillent à Goa se vider la tête avant que les militants de Briser le Silence n’arrivent jusqu’à eux.

Du même auteur :

- Quelle justification aux tués à bout portant par les FDI à Gaza ?
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22 juillet 2009 - Ha’aretz - traduction : JPP


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