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5 000 Gazaouis en danger à cause du maintien du siège israélien

mardi 21 juillet 2009 - 07h:09

Rami Munir Almeghari
The Palestine Telegraph

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Plus de 5 000 habitants du village d’Um Al-Nasser dans la bande de Gaza souffrent depuis des décennies de la propagation de maladies du fait de lagunes d’eaux usées.




« Mes enfants ont eu des vers dans les intestins, à chaque fois que nous les emmenions subir un contrôle médical, on constatait qu’ils étaient infectés. » dit Rafiq Abu Hashish, père de onze enfants à Um Al-Nasser, un village dans le nord de la bande de Gaza.

« Cette situation ne finira jamais, à moins que le problème de ces lagunes d’eaux usées ne soit totalement résolu  » continue-t-il.

Un village qui en a marre

Plus de 5 000 habitants d’Um Al-Nasser souffrent depuis des décennies de la propagation de maladies et de problèmes environnementaux à cause de l’existence de lagunes d’eaux usées. Parmi leurs problèmes de santé, les habitants souffrent notamment d’allergies de la peau et de problèmes respiratoires.

Une vieille femme, Um Abdul Rahman, se plaint de la diffusion de ces maladies chez les petits enfants, disant qu’ils ne peuvent plus tolérer de telles complications, spécialement parce que son village est situé très près de la frontière avec Israël.

« La nuit dernière, nous avons emmené un bébé de 3 mois au centre médical, il n’arrêtait pas de vomir et d’avoir la diarrhée. Il faut qu’on supporte aussi la multiplication d’insectes et de moustiques, » se plaint-elle.

Hassan Abu Rashed, un autre villageois, parle des problèmes auxquels lui et sa famille sont confrontés.

« L’eau ici est polluée ; nous sommes obligés d’en acheter en dehors du village. Nous ne pouvons pas creuser de puits à cause de l’extension des lagunes d’eaux usées, » explique-t-il.

« Avec l’installation de l’usine de traitement de l’eau, nous espérons que notre situation va changer. Par conséquent, nous appelons tous les organismes concernés à s’occuper de nous. La vie ici devient de plus en plus insupportable. »

Relatant les nombreuses complications sur la santé que connaissent les villageois d’Um Al-Nasser, le docteur du centre médical local, le Dr Mohammad Yaghi, révèle que 80 à 90% de ces villageois ont des problèmes de santé et d’infections à cause de ces lagunes d’eaux usées nauséabondes.

«  En plus des maladies, nous avons d’autres problèmes, en particulier l’hiver, par exemple des infections aiguës de l’appareil respiratoire chez les enfants, parfois virales parfois bactériennes. On trouve aussi des cas d’asthme qui proviennent des émissions putrides des lagunes d’eaux usées qui sont autour de nous, » explique Yaghi.

Selon le Service de l’eau des municipalités côtières de la bande de Gaza, le problème de ces lagunes existe depuis des décennies. Les eaux usées des villes du nord de la bande de Gaza, Beit Lahiya, Beit Hanoun et Jabalya, se déversent dans les lagunes du village d’Um Al-Nasser.

«  Nous avons récemment entendu dire que les organismes municipaux concernés avaient l’intention de déplacer ces lagunes vers un autre secteur, mais ce n’est pas la solution, car tous les problèmes de santé vont les suivre sur le nouveau site, » continue-t-il.

Projet inachevé

Les milliers de mètre cube d’eaux usées accumulées en ce moment dans les lagunes pourraient être traités et être utilisés à des fins agricoles.

En 2007, après l’effondrement dans le secteur d’un grand bassin de filtration, le Service de l’eau des municipalités côtières a provoqué et amélioré certaines de ces lagunes d’eaux usées. Mais le problème a besoin d’être résolu complètement, parce que la menace environnementale grandit et met en danger la vie des habitants.

Pour résoudre le problème, les officiels locaux ont commencé à travailler à une usine de traitement de l’eau à raison de 75 millions de dollars (environ 53 millions d’euros). Le projet rentre dans les plans de développement de la Commission du Quartet pour Gaza. La Commission du Quartet comprend les Etats-Unis, les Nations unies, l’Union européenne et la Russie.

« Nous avons pu réaliser la première phase du projet de traitement des eaux usées, avec le pompage de milliers de mètres cube d’eaux usées de la partie nord-est de la bande de Gaza, où nous avons installé quelques bassins de filtration, » dit Farid Shobair, ingénieur en charge du projet.

«  Avant la création de ces bassins, le village d’Um Al-Nasser recevait environ 17 000 à 20 000 mètres cube d’eaux usées quotidiennement, » explique-t-il.

Shobair ajoute que la première phase de l’usine de traitement a été installée au nord-est de Jabalya, près du cimetière de l’est, et il faut terminer la seconde phase au plus tôt car la situation est devenue insupportable pour le secteur.

Il indique également que les milliers de mètres cube d’eaux usées accumulées actuellement dans les lagunes pourraient être traités pour servir à des fins agricoles, au lieu d’être concentrés dans ces lagunes.

Mais jusqu’à présent, le projet reste inachevé. Les travaux ont été suspendus en raison du bouclage israélien des frontières et des nombreuses restrictions israéliennes aux entrées des matières premières dans la bande de Gaza.

Pour Monther Shoblaq, directeur général du Service de l’eau des municipalités côtières de Gaza, il est clair que les types de matériels nécessaires à ce projet sont par nature municipaux.

«  Je veux parler de milliers de tonnes de ciment, de tuyaux à formes particulières, et d’équipements électromécaniques tels que des pompes énormes et des installations de traitement, » indique-t-il.

Selon Shoblag, pour que les entreprises terminent la seconde phase, il faut qu’elles soient assurées que lorsqu’elles lanceront le projet, elles pourront le terminer. Elles doivent être sûres d’obtenir tous les matériaux nécessaires. Par conséquent, Shoblag espère que la Commission du Quartet va s’assurer qu’une lettre signée le garantissant par le côté israélien sera transmise à ces entreprises.

« Actuellement, nos équipes ont besoin d’une coordination à jour en permanence avec le côté israélien à chaque fois qu’elles ont à travailler dans le secteur. Aussi, si nous voulons monter l’usine de traitement de l’eau sans problèmes, de telles garanties israéliennes nous sont plus que nécessaires, » dit Shoblaq.

« Sans cet engagement du côté israélien, permettant l’entrée des matériaux indispensables à cette construction, le projet ne verra jamais le jour. »

Depuis plus de deux ans maintenant, Israël bloque l’entrée d’une longue liste d’éléments essentiels dans la bande de Gaza, notamment le ciment et les pipelines, ceci d’après Israël pour des considérations de sécurité.



Rami Munir Almeghari est journaliste indépendant et conférencier universitaire à temps partiel ; il vit dans la bande de Gaza.

Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.

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16 juillet 2009 - The Palestine Telegraph - traduction : JPP


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