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Ahmadinejad, les raisons d’une victoire

dimanche 14 juin 2009 - 20h:07

Mireille Duteil - Le Point

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Le 12 juin, on attendait une lutte serrée entre Ahmadinejad et Mir-Hussein Moussavi. Erreur ! Elle fut de sous-estimer la capacité du président sortant à rebondir.

Personnage intelligent au physique ingrat, fils de forgeron, Mahmoud Ahmadinejad est le représentant des classes populaires qui ont fait la révolution islamique. Homme très pieux, modeste, apparemment peu intéressé par l’argent, à la réputation d’honnêteté, il a gardé, même après son élection à la présidence de la République, la maison qu’il habitait avec sa femme et ses trois enfants dans un quartier populaire de Téhéran. Une image qui plaît à la population la plus pauvre.

En face, Moussavi est applaudi par les jeunes, les bourgeois et la classe moyenne supérieure des grandes villes. Il a symbolisé, même à tort, les fortunes vite acquises.

Deuxième atout d’Ahmadinejad : l’argent d’un pétrole cher qu’il a utilisé pour le distribuer dans les couches populaires et les campagnes. Ses voyages dans le pays étaient l’occasion de donner de petites sommes d’argent aux fonctionnaires, de débloquer des prêts pour les commerçants, les petits artisans afin de créer quelques emplois. L’argent a circulé, amélioré le niveau de vie de la population et vidé les caisses de l’État. Les critiques sur la mauvaise gestion venaient des beaux quartiers.

Quelles relations avec les États-Unis ?

Troisième atout : il a derrière lui non seulement l’appareil de l’État, mais aussi celui des Gardiens de la révolution (pasdaran), dont il est issu. Il a participé à la sanglante guerre en Irak comme des millions de familles qui ont perdu des fils, une solidarité qui compte. Dernier atout : c’est un laïc (même les petites gens détestent les mollahs enrichis) nationaliste. Qu’il tienne tête aux États-Unis n’est pas pour déplaire dans un pays fier de son long passé. Qu’il veuille enrichir l’uranium pour fabriquer du nucléaire civil et éventuellement une bombe, ce qu’il nie, est bien accueilli. Pourquoi l’Iran, ce grand pays, n’y aurait-il pas droit ?

Que va-t-il se passer demain ? Il est peu probable que la victoire de Moussavi ait entraîné un changement de politique sur l’enrichissement de l’uranium. Seul le discours aurait changé. Reste les relations avec les États-Unis. Ce virage stratégique revient au guide de la révolution, l’ayatollah Khamenei, et non au président de la République. Le guide ne peut pas perdre la face. Il lui sera peut-être plus facile d’amorcer un virage aussi important avec un président radical, idéologiquement proche de lui, qu’avec Moussavi. Dans ce cas, il aurait semblé céder au président de la République. Mais nul ne sait ce que veut réellement Khamenei.

14 juin 2009 - Le Point.fr - Vous pouvez consulter cet article à :
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