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Le camp Aïda et le Pape Benoît XVI

samedi 16 mai 2009 - 05h:03

Abdefattah Abusrour

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Nous voulons laisser un meilleur héritage à nous enfants, aux vôtres, et à toutes les générations à venir, basé sur la justice, la liberté, les droits de l’homme et non pas sur les faits accomplis sur le terrain et la loi des plus forts.

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C’est notre réponse au silence et à la complicité injuste avec les crimes israéliens et donner le moyen beau et non-violent pour retrouver la paix en nous, avant de parler de la paix avec les autres.




Pendant plus de 40 jours, après avoir été choisis pour recevoir sa Sainteté le Pape Benoit XVI, la population du camp Aïda au nord de Bethléem, le Comité populaire et les organisations et institutions de camp ont commencé un travail acharné pour préparer la réception extraordinaire pour sa Béatitude.

Nous avons voulu que cette réception soit une page marquante dans l’histoire pour laisser une trace ineffaçable et
symbolique pour cette visite, et qu’on puisse préparer un

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L’armée israélienne fait son incursion dans le camp.

endroit à la hauteur du personnage qui nous rend visite et des invités. Le Comité populaire a travaillé jour et nuit pour préparer le podium externe que nous avons souvent utilisé dans les festivals artistiques et le festival de Cinéma à l’extérieur pendant les trois ans précédents. Le mur de théâtre externe en ciment a été tapissé par des pierres de Jérusalem, et l’espace plate a été transformé en podium, et la scène a été couverte par des dalles de pierre de Jérusalem.

L’armée israélienne a fait une incursion dans le camp, le 26 avril et a ordonné l’arrêt des travaux et les soldats israéliens ont ordonné la démolition immédiate de la scène en disant qu’elle était très élevée par rapport au mur de séparation et d’apartheid. Le bureau du président palestinien avait subi une pression incroyable pour que la réception du Pape n’ait pas lieu au pied du mur sur ce podium que nous préparons pour sa Sainteté.

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L’armée israélienne après la démolition de la scène et le travail à nouveau.

La scène a été démolie et les travaux ont repris en rabaissant la scène de moitié. Deux jours après, l’armée est encore rentrée dans le camp, et les soldats d’occupation ont menacé d’arrêter les travailleurs et les responsables dans le camp si les travaux continuent. En outre, ils nous ont jeté un ordre de démolition de ce podium. Les nouvelles sont venues que la réception n’aura pas lieu sur le podium mais dans l’école de l’ONU qui est en face.

Cela était une déception énorme pour tous ceux qui ont travaillé jour et nuit pour montrer cette beauté et humanité et dignité que nous gardons et nous défendons en nous malgré toute l’inhumanité et la laideur de l’occupation israélienne et sa violence.

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Les travailleurs dans le camp refusent de quitter le lieu de travail.

Nous avons parlé avec le bureau de président Abbas et le Vatican pour qu’ils ne cèdent pas à la pression israélienne mais sans succès. La réception aura lieu dans l’école de camp.

Les travaux ont continué malgré tout, parce que nous n’avons pas l’habitude de refuser nos invités qui sont les bienvenus.
Le Comité populaire a fini les travaux, mais la crainte reste que tout ce travail finisse en décombre.

Alrowwad avait la responsabilité de préparer le spectacle artistique qui devait être présenté devant sa Béatitude le Pape et le président Abbas et le Premier ministre Salam Fayyad et toutes les personnalités politiques et religieuses. Le consul général de la France a été aussi parmi nos invités.
Après la réception du Premier ministre Fayyad et du président Abbas, nous nous sommes alignés pour recevoir le Pape, et l’accueillir jusqu’à la scène. Après avoir monté sur la scène de réception, nous avons commencé l’ouverture de la commémoration de la Nakba 61 en lâchant 61 ballons noirs avec

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L’ordre de démolition du podium.

les noms de villages détruits imprimés sur ces ballons. Ensuite le commissaire général de l’UNRWA, Mme Karen Abuzeid a parlé, suivie par le spectacle de la troupe Alrowwad.

La danse a commencé sur la cinquième symphonie de Beethoven, où les 24 enfants danseurs et la chorale sont rentrés et ont formé le chiffre 61 en commémoration de l’anniversaire de la Nakba. Puis les plus jeunes ont apporté les clés du retour, et les ont remises aux autres danseurs. L’appel à la prière de la Masjid, et les sons des cloches de l’église ont noyé la musique pour créer un pont entre cette musique classique et la musique folklorique palestinienne où les enfants ont dansé leur beauté, leur grâce et attachement à leur droit au retour. Alrowwad a été bien applaudi et les enfants sont montés sur scène et ont serré la main au Pape et au président et aux autres sur la scène de réception.

Le mots se sont succédé avec le Comité populaire, le président et puis le Pape. Un poème de Mahmoud Darwich a suivi, et puis la remise des deux cadeaux au Pape offerts par le camp : le père du plus ancien prisonnier dans le camp, Khalid Alazraq, a remis une écharpe brodée d’un côté avec le logo de Vatican et l’église de la Nativité, et de l’autre la clé du retour, avec le dôme du Rocher et l’étoile cananéenne octogonale. Et puis, Yusif Abusrour, un blessé qui a perdu une jambe en 2001 lors d’une incursion israélienne dans le camp a remis au Pape une pierre de la ville palestinienne de Tibériade sculptée sur la forme de la Palestine historique avec le clé du retour gravée au milieu, dans une boîte en verre transparent. Les enfants de deux prisonniers, l’une musulmane dont le père et la mère sont emprisonnés et l’autre chrétienne dont le père est prisonnier sont aussi montés sur scène pour lui remettre une lettre des 11 000 prisonniers palestiniens.

La réception s’est terminée avec les mots de notre grand poète Mahmoud Darwich :

Nous ne voulons plus être des héros
Nous ne voulons plus être des victimes
Mais ce que nous voulons le plus, c’est d’être des gens ordinaires.

Avec la joie d’un succès incroyable et les félicitations de tous nous avons présenté nos adieux au Pape et au président et à tous nos invités : certains ont dit que cet accueil au camp Aida a dépassé toutes les attentes et effacé tout ce qu’Israël a essayé de faire pendant la visite par la qualité des représentations artistiques et les mots qui ont été dits. Le souvenir et les pensées restent avec les exilés de la nativité depuis 2002, qui attendent le retour dans leurs foyers.

Mes impressions :

Bien que le Pape ait suivi son prédécesseur Jean Paul II qui avait déclaré : « Il est temps pour que cette tragédie s’arrête » en condamnant le mur de séparation illégal, il est resté dans la diplomatie qui nous tue. Aucun mot sur l’occupation israélienne en tant qu’injuste et illégale, aucun mot sur le travail qui a été fait pour le recevoir sur le podium externe. Cependant, nous sommes d’accord sur l’usage de la beauté et la non-violence... nous avons depuis 1998 fondé Alrowwad dans cet esprit de la belle Résistance non-violente contre la laideur de l’occupation israélienne et sa violence pour garder et défendre notre humanité et beauté devant toute cette inhumanité de l’occupation israélienne et le silence complice des injustes.

Nous sommes actuellement en train de faire un projet qui s’appelle ?La Belle Résistance mobile’ avec l’organisation « Salam Ya Seghar » sur l’initiative de son excellence Sheikha Jawaher Bent Mohammad Al-Qasimi, de Sharjah, où avec une camionnette, 4 artistes - Théâtre, Dance, Dessin et Musique en plus de deux ludothécaire, tournent dans 2 camps de réfugiés et deux villages à Bethléem et Hébron, en plus de camp Aïda, pendant 6 mois, et entrainant de ludothécaires et équipant les centres partenaires par des jeux pour commencer la création des ludothèque dans ces centres.

140 enfants profiteront de ce programme pendant 6 mois, et nous espérons que nous renouvellerons ce projet dans le futur.

C’est notre réponse au silence et à la complicité injuste avec les crimes israéliens et pour donner le moyen beau et non-violent pour retrouver la paix en nous, avant de parler de la paix avec les autres.

Nous voulons laisser un meilleur héritage à nous enfants, aux vôtres, et à toutes les générations à venir, basé sur la justice, la liberté, les droits de l’homme et non pas sur les faits accomplis sur le terrain et la loi des plus forts.

Merci à nos amis de rester nos partenaires dans notre belle résistance.

Abdelfattah

Alrowwad est un centre indépendant pour les activités artistiques, culturelles, de formation de théâtre pour les enfants du camp Aida et de Palestine ; il est l’initiateur de Beautiful Non-violent Resistance contre la laideur de l’occupation israélienne et sa violence. Il s’est engagé à fournir une "sécurité" et un environnement sain pour aider la créativité des enfants et soulager les femmes du stress de la guerre qu’elles sont forcées de vivre, dans un esprit d’entreprenariat social et du respect des droits de l’homme et des valeurs, et en tant que partenaires égaux pour faire un changement positif dans ce monde.

Mobile : 05 22 401 325 ou 05 99 255 573
Telefax : +970 2 275 0030
email : alrowwadtheatre@gmail.com ou aabusrour@gmail.com
web site : http://aabusrour.blogspot.com
http://alrowwad.virtualactivism.net
http://www.amis-alrowwad.org
http://www.imagesforlifeonline.com

Reçu de l’auteur le 14 mai 2009.


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