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Changer de camp en Afghanistan

lundi 4 mai 2009 - 06h:46

Qais Azimy - Al Jazeera

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Province de Helmand, Afghanistan - Un homme portant une longue barbe noire s’extrait d’une Toyota, accompagné de quatre autres combattants talibans. Il dit « Hello » à chaque personne présente et apparaît bien plus aimable et chaleureux que ce qu’on pouvait attendre d’un combattant taliban.

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Combattants Talibans - Photo extraite du reportage de Claire Billet

Un homme portant une longue barbe noire s’extrait d’une Toyota, accompagné de quatre autres combattants talibans. Il dit « Hello » à chaque personne présente et apparaît bien plus aimable et chaleureux que ce qu’on pouvait attendre d’un combattant Taliban.

Vêtu d’habits de prix et portant un élégant turban noir, il arbore un coûteux pistolet russe Makarov, une arme rare et appréciée en Afghanistan.

De toute évidence, il n’est pas afghan.

Les autres combattants Talibans disent que c’est un arabe qui est venu en Afghanistan avec les « combattants infidèles ». Mais il ne s’est jamais battu à leurs côtés - il a fui la base du district de Sangen qu’on lui avait assignée et s’est rendu aux Talibans avec tout son équipement militaire.

C’était il y a deux ans.

Vénéré par les Talibans

Je me suis approché de lui et lui ai parlé en pashtou, l’une des deux langues officielles en Afghanistan. Avec le temps, il avait appris à le parler parfaitement.

Il s’est présenté comme Moustapha. Je lui ai demandé son patronyme.

« Appelez-moi simplement Moustapha » a-t-il dit.

« Le Jihad [combat] est ici. Les moudjahidines [combattants islamiques] sont ici. Je ne veux pas repartir.

Moustafa, ancien soldat de l’ISAF

« Dans les Emirats Arabes Unis (EAU), tout le monde me connaît. Tous connaissent mon histoire » dit-il.

Je lui demande une interview mais il dit qu’il ne peut me donner beaucoup d’information et refuse de permettre qu’on le photographie ; il pourrait être tué s’il l’autorisait, dit-il.

Moustapha dit qu’il était venu en Afghanistan comme membre du contingent des EAU de l’ISAF sous l’égide des Nations-Unies.

Les EAU, qui étaient l’un des trois pays à avoir formellement reconnu les Talibans après leur prise de Kaboul en 1996, ont environ 25 hommes servant dans l’ISAF en Afghanistan, selon le chiffre publié en avril 2009.

En 2001, le 21 septembre, les EAU révoquaient leur reconnaissance des Talibans.

Moustapha dit avoir eu des scrupules sur son service au sein de l’ISAF, après quoi, au lieu de combattre les talibans, il a fui la base et rejoint les Talibans qui l’accueillirent à bras ouverts.

A présent il jouit de la considération et du respect les plus grands chez les combattants Talibans dans la province de Helmand.

« Une mission suicide »

Au début, Moustapha voulait rentrer chez lui mais finalement il décida de ne pas le faire. « Je ne sais pas ce qu’ils m’auraient fait » dit-il.

Les attaques des Talibans sont au plus haut niveau depuis que le groupe a été chassé de Kaboul en 2001 [AFP]. « Mais de toute façon, que pouvais-je y faire ? Le jihad est ici. Les moudjahidines sont ici. Je ne veux pas repartir ».

Je le regardai étreindre un compagnon combattant Taliban, lui prendre la main en disant : « Quand est-ce que nous allons accomplir une mission de sacrifice [attentat-suicide] ensemble ? »

Difficile de dire s’il parle sérieusement mais il est certain qu’il n’est pas rare pour des amis proches de conclure ce genre de pacte pour leur foi et leur honneur.

Le lien et l’appel du djihad sont tels que ces combattants croient qu’ils sont en train de combattre.

Moustafa s’en va, et je ne peux m’empêcher de me demander comment ses jours finiront.

Sur le terrain, combattant les « étrangers », ou porteur d’une ceinture d’explosifs ?

27 avril 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction de l’anglais : Marie Meert


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