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Madrid+15 : La paix ? C’est maintenant ou jamais

mardi 23 janvier 2007 - 14h:19

Ma’an News Agency

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Ma’an - Il y a une semaine - le 10 janvier 2007 - s’ouvrait dans la capitale espagnole, Madrid, une conférence non-o : « Madrid+15 - Vers la paix au Moyen-Orient : comment aborder inquiétudes et attentes. »

Selon les propos des organisateurs, Madrid+15 a été mise en place pour « commémorer le 15e anniversaire de la conférence pour la paix de Madrid (1991) et pour ranimer l’esprit de recherche d’une paix régionale qui prévalait à cette époque. »

Les organisateurs appartiennent à la société civile : « Toledo International Center for Peace », « Search for Common Ground », « Fundacion Tres Culturas », « FAFO Institute » et « International Crisis Group ». Ils ont clairement annoncé que cette conférence internationale était « une réunion informelle et pas une négociation », représentative « dans leurs grandes lignes, des chances, contraintes, craintes et attentes de tous bords. »

Ils ont cependant défini quatre grands objectifs :

1) Faire passer un message : toutes les parties engagées dans le conflit israélo-arabe peuvent se réunir et débattre des issues au conflit en toute franchise et de façon constructive

2) Cerner dans leurs grandes lignes inquiétudes et attentes de toutes les parties en cause, particulièrement à la lumière des propositions existantes : Initiative 2002 de la Ligue arabe, orientations Clinton, et d’autres outils, y compris le récent Rapport du Groupe d’études sur l’Irak

3) Servir d’exemple et de tremplin pour des pourparlers officiels

4) Catalyser les efforts de coopération entre personnels officiels en poste, anciens officiels et acteurs de la société civile.

5) En gros, les participants à cette conférence étaient les mêmes que ceux qui ont participé à la conférence de 1991 à Madrid, en y ajoutant l’Arabie Saoudite, dans le droit fil de l’Initiative 2002 de la Ligue arabe, et les Etats-Unis et la Russie, du fait de leur rôle essentiel dans le processus de paix. Un grand nombre d’officiels expérimentés, membres de gouvernements et d’institutions internationales, dont un certain nombre de ministres des affaires étrangères de l’Union européenne et de représentants des Nations Unies, y étaient aussi présents, à titre d’invités et d’observateurs.

La Conférence de Madrid de 1991 : « Elle n’a pas apporté la paix. Mais elle a fait naître l’espoir. »

Nombre « d’anciens » rappelaient le rôle des discussions de Madrid en 1991 comme tournant dans les relations au Moyen-Orient.

L’ex-président américain Bill Clinton, bien que non présent à cette conférence, envoya un message de soutien disant : « Madrid (1991) a été le point culminant d’une mission diplomatique énergique, et le début d’une mission politique stimulante : aboutir à une résolution d’ensemble, juste et durable du conflit israélo-arabe. C’était la première fois qu’Arabes et Israéliens se retrouvaient autour d’une table de conférence plutôt que sur un champ de bataille. »

Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, rappela aussi les espoirs de 1991 : « C’était la première fois qu’une délégation syrienne s’asseyait de l’autre côté d’une table où se trouvait une délégation israélienne pour discuter formellement d’un accord de paix...De même avec les Jordaniens et les Libanais. »

Toutefois Amr Moussa mit aussi l’accent sur les lacunes de la conférence de 1991 : « En premier lieu l’exclusion des Nations Unies, ce qui constituait, selon moi, l’une des insuffisances majeures du processus de Madrid. Cette exclusion nous a coûté cher, à nous, Arabes. »

Gareth Evan, président de l’International Crisis Group, un des groupes organisateurs, décrivit certains des principaux défauts des processus de Madrid et, ensuite, d’Oslo : « leur fixation sur une progression séquentielle, incrémentale, et sur la construction d’une confiance réciproque au détriment de la phase finale ; une préparation inadaptée - et un manque de temps - quand une approche plus complète (ou plus « totalisante » comme l’a dit Terje Roed Larsen) a été retenue, ainsi par Barak en 2000 ; le mauvais fonctionnement des systèmes politiques palestinien - et, soyons francs, israélien ; le désengagement américain ; les divisions européennes ; et un leadership arabe insuffisant, trop mal soutenu. »

La paix israélo-palestinienne : première pierre d’un accord global ?

Pour Amr Moussa, de la Ligue arabe, « le processus de paix ne devrait plus du tout être considéré comme secondaire par rapport à la guerre contre le terrorisme, parce que l’inverse est vrai. Le succès du processus de paix est l’un des pré-requis d’une victoire dans la lutte contre le terrorisme. Et le processus doit se fixer comme objectif d’arriver à une paix véritable et juste. »

« Pour ce faire, selon Moussa, un état palestinien viable, jouissant d’une pleine souveraineté, est une condition incontournable, de même que l’évacuation des colonies et la disparition du mur. »

Le ministre des Affaires étrangères norvégien, Gahr Store, s’adressa clairement à Israël : « Nous nous opposons à l’occupation et aux implantations illégales. » Il poursuivit : « Israël doit faire sa part du travail en levant les restrictions qui pèsent sur les Palestiniens et en offrant des issues tangibles aux discussions politiques et aux engagements pris. »

Amr Moussa, de la Ligue arabe, allant plus loin : « Il en est de même - une condition sine qua non - de la restitution des hauteurs du Golan à la Syrie et des fermes de Sheba au Liban. Mettre un coup d’arrêt aux capacités militaires nucléaires et aux menaces qu’elles font peser sur la région est aussi indispensable pour mettre au point un schéma régional de sécurité plus large. »

L’ancien ministre israélien des Affaires étrangères, Shlomo Ben Ami, semblait aller dans le même sens : « Il n’y a aucune chance pour qui que ce soit parmi nous de bâtir un futur sur le déni des droits fondamentaux de l’autre partie. L’état juif est une réalité incontestable, une conviction puissante, une nécessité historique. Les droits légitimes des Palestiniens, sous tous leurs aspects, une formule approuvée par Menachem Begin à Camp David, ne peuvent signifier qu’une seule chose : un état palestinien est non seulement une composante vitale d’un ordre régional stable, c’est aussi un impératif moral. »

En tant que dirigeant de la Ligue arabe, l’organisation à l’origine de l’Initiative arabe de 2002 - par laquelle les états arabes appelaient à une normalisation des relations avec Israël en contrepartie d’un retrait israélien sur les frontières de 1967 - , Amr Moussa lança l’invitation suivante : « Je saisis l’occasion de cette rencontre pour inviter Israël à ne pas redouter la paix et à tendre la main à la paix comme nous l’avons fait. Israël devrait travailler à devenir un véritable membre de la société des nations du Moyen-Orient. »

Shlomo Ben Ami, du côté israélien : « Nous sommes nombreux à rester convaincus que ce n’est qu’après la résolution du conflit israélo-arabe fondamental que les conditions d’un compromis entre Israël et tout le monde arabe et musulman pourraient être créées , et qu’un système régional de sécurité peut, peut-être, devenir possible. »

Des amis absents ?

Faisant peut-être référence au Hamas ou au Hezbollah, l’ancien ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gahr Store, déclara lors de la conférence : « Pour différentes raisons, certaines des parties prenantes aux conflits d’un Moyen-Orient perçu de façon plus large sont absentes de notre rencontre. Je crois que nous devrions rappeler que la paix requiert que nous fassions de toutes les parties en cause des partenaires - que nous cherchions à obtenir l’engagement des pays aussi bien que des groupes-clé. »

« Nous devrions rappeler qu’engagement ne signifie pas tolérer obstruction et extrémisme. Nous rejetons la violence et le terrorisme. Nous attendons des états et des groupes de la région qu’ils s’en tiennent à la loi internationale. »

Gahr Store ajouta : « Pour mettre un coup d’arrêt à l’extrémisme violent, il faut faire participer toutes les parties, y compris les acteurs non-étatiques, au dialogue et à un engagement responsable. Manquer à cet objectif serait abandonner l’initiative aux extrémistes et à ceux qui refusent tout compromis. Ces groupes ne peuvent être éradiqués par la force militaire. Eux aussi ont besoin de s’engager et d’avoir une attitude responsable. »

Gareth Evan, de l’International Crisis Group, s’exprimant avec franchise : « Faire la paix impose d’inclure tout le monde. Pour la plupart d’entre nous autour de cette table, par exemple, cela n’a aucun sens de laisser la Syrie de côté, au moment où nous venons d’entendre si clairement par la bouche de son président, et de la délégation ici présente, qu’elle veut reprendre les discussions sans conditions préalables. Il y a dix ans, les Etats-Unis et Israël en auraient rêvé, d’amener les Syriens si près de la ligne de départ ; aujourd’hui, ils font tout leur possible pour les en écarter. »

En quête d’un « courtier honnête »

Comme beaucoup d’autres intervenants à cette conférence, l’ex-ministre norvégien Gahr Store appuya l’idée de renforcer le rôle des parties extérieures au conflit, en particulier l’Union Européenne. »Je crois qu’il est juste de dire que le moment est venu pour le Quartet d’exercer son leadership. Et s’il est incapable de le faire en tant que groupe, alors aucun de ses membres ne doit s’abstenir de s’engager. Ce défi concerne particulièrement l’Union Européenne. »

Gahr Store, toujours : « Mais s’il doit y avoir un processus pareil, soyons réalistes : les Etats-Unis doivent s’engager et promouvoir un nouveau dialogue et de nouvelles avancées. »

En tant que réunion informelle organisée par cinq organisations-clé de la société civile, les discussions se focalisèrent aussi sur la façon dont des intervenants extérieurs, apolitiques pouvaient faire progresser le processus.

Gareth Evan, président de l’International Crsi Group, demanda au cours des séances plénières de conclusion : « Quel devrait être en particulier le rôle des intervenants extérieurs - les principaux états, les principales organisations intergouvernementales et les principaux acteurs de la société civile - qui ne sont pas directement partie prenante aux conflits liés Israël - Palestine - Syrie - Liban mais à qui on reconnaît généralement un rôle important à jouer pour leur apaisement ? »

La principale suggestion d’Evan : « Ne pas nuire. Toujours la première règle à observer, dans tout type de gestion de crise, ce qui veut dire ici, de façon très simple, que les parties extérieures ne fassent rien qui rende le processus de paix plus difficile. Ceci peut sembler aller de soi, mais est la plupart du temps non respecté, comme à nouveau dans le cas qui nous occupe aujourd’hui. Les Etats-Unis s’activent à empêcher la reprise des négociations israélo-syriennes. Et les Etats-Unis, avec bien d’autres, s’activent aussi à empêcher la réalisation de tout accord inter-palestinien, faisant bien plus pour attiser le conflit interne que pour l’apaiser ; si le Hamas tâtonne pour résoudre la quadrature du cercle qu’est la reconnaissance d’Israël (au sujet de laquelle nous avons eu quelque preuve supplémentaire avec la déclaration de Meshaal, cette semaine - sur laquelle Osama al-Baz (Syrie) insista dans sa contribution au débat), alors c’est sûrement le moment de chercher un terrain d’entente, pas de gaspiller cette possibilité. »

En riposte à cela, Evan révéla que l’International Crisis Group avait produit « un effort en direction des Etats-Unis, dans le but d’amener l’administration Bush à modifier ce qui, jusqu’à présent, avait été une politique extrêmement néfaste au processus de paix ; pour ce faire, nous avons travaillé, jusqu’ici en coulisse, avec un groupe mixte de représentants importants des partis républicain et démocrate. Jusqu’à présent, il n’y a pas encore de fruit visible, mais l’espoir fait vivre. »

Toutefois Amr Moussa insista sur le fait que « tout processus de paix actif devrait toujours avoir des références objectives, tout en aspirant à un plus haut potentiel de neutralité et en faisant respecter la légalité internationale et la légitimité. Ceci ne pourrait se réaliser que dans le cadre des Nations Unies. »

« C’est pourquoi », ajouta Moussa, « j’invite les participants à convoquer d’urgence une conférence internationale de paix sous les auspices des Nations Unies afin de relancer le processus de paix. »

18 janvier 2007 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction : Michel Zurbach


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