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Pour les Palestiniens, le message d’Obama est limpide

mardi 10 février 2009 - 06h:47

Ramzy Baroud

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On ne peut pas s’attendre à ce qu’Obama ait une solution magique pour les problèmes de chacun et en tous lieux. En fait, il faut être réaliste et demander simplement à Obama de remédier aux problèmes et aux conflits que son propre pays a créés ou provoqués, financés et soutenus.

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Mugs à l’effigie d’Obama vendues à Gaza [Maan images]

En ce qui concerne le Moyen-Orient, il semble qu’Obama ait pris un départ fulgurant ou c’est du moins ce que l’on nous dit. Peu après son investiture, il a nommé comme envoyé spécial dans la région, l’ancien sénateur George Mitchell. Selon CNN, « Mitchell prend ses fonctions, riche d’une expérience et d’une crédibilité considérables ».

Une fois encore, Obama essaie manifestement de tracer sans tarder une politique qui se démarquera de celle de Bush. Le nom de ce dernier était lié à l’infâme Guantanamo Bay, “le goulag de notre époque » - selon Amnesty International - dont Obama a ordonné la fermeture, dans un an. On a reproché à Bush d’être intervenu tardivement dans le processus de paix au Moyen-Orient et Obama a donc dit clairement que le processus de paix était une priorité pour son administration.

Mais la question qui se pose est de savoir dans quelle mesure Obama se démarquera vraiment de Bush quand son administration aura fait quelques gestes symboliques pour apaiser un public impatient.

Il est normal qu’une administration nouvelle qui promet une ère nouvelle requière un langage nouveau. Bien qu’enrobée d’une noble terminologie, l’ébauche de la nouvelle administration Obama reflète à certains égards celle de Bush.

Voici les remarques faites par Obama (et non par Bush), le 22 janvier, dans la première déclaration importante de son administration sur le conflit palestino-israélien. : « Je vais être clair : l’Amérique s’est engagée à préserver la sécurité d’Israël. Et nous soutiendrons toujours le droit d’Israël à se défendre contre des menaces légitimes... Le Hamas doit remplir des conditions évidentes : reconnaître à Israël le droit d’exister ; renoncer à la violence et respecter les accords antérieurement passés. Quant au schéma d’un cessez-le-feu durable, il est clair : le Hamas doit arrêter ses tirs de roquettes, et Israël terminera le retrait de ses forces de Gaza. Les États-Unis et nos partenaires appuieront un régime crédible, combattant et interdisant la contrebande pour que le Hamas ne puisse pas se réarmer ».

Il est amusant de voir comment Obama a commencé sa déclaration par « je vais être clair ». Il ne lui serait pas possible d’être plus clair dans la mesure où il a passé des heures pendant de longs mois à rassurer Israël et ses partisans tout en condamnant les Palestiniens sans réserve ni remords.

Ceux qui comptaient sur Obama pour apporter une paix juste au Moyen-Orient ont dû avoir le coeur brisé quand ils l’ont vu s’élever contre le terrorisme du Hamas alors qu’Israël tuait et blessait des milliers de Gazaouis, dont 430 enfants, pendant les trois semaines qu’ont duré ses attaques barbares au moyen d’armes principalement américaines (et avec l’appui entier et sans réserve des États-Unis).

Et pourtant, Obama a jugé utile d’expliquer que la politique étrangère de son administration est " critique pour ce qui est d’affirmer non seulement la puissance des Etats-Unis, mais également ses valeurs et ses idéaux ». Bien sûr, c’est parce que les Palestiniens avaient confiance dans ces idéaux qu’ils ont afflué vers les urnes en janvier 2006 pour être ensuite condamnés à la famine et aux massacres à Gaza. Il n’est guère étonnant que les Palestiniens restent de marbre.

Mis à part la clarté sans égale d’Obama en ce qui concerne son « engagement inconditionnel et total envers Israël », lui-même et ses collaborateurs continuent à utiliser les mêmes slogans imprécis utilisés avec enthousiasme par les administrations Bush : sécurité nationale, intérêt national, diffusion des idéaux et des valeurs étasuniennes, et tout le reste.

Commentant cet abus de slogans, un des historiens les plus célèbres des États-Unis, Howard Zinn, a dit « nous devons réfléchir à ces mots et à ces expressions qu’on nous jette sans nous laisser le temps de réfléchir. Il nous faut redéfinir des mots tels que « sécurité nationale ». Qu’est-ce que la sécurité nationale ?... avoir des bases militaires dans le monde entier (ou)... avoir des soins de santé, un emploi ? »

Les Etasuniens auront quatre ans pour établir comment Obama et son administration définissent ces slogans éculés, slogans qui comprennent également démocratie et" terrorisme" (le terrorisme étant une tendance exclusivement arabe et jamais israélienne indépendamment du nombre de victimes d’Israël).

En attendant, le temps ne joue guère en faveur des Palestiniens de Gaza où des dizaines de milliers de personnes n’ont pas de toit et vivent misérablement. Qui plus est, les Gazaouis ont peu d’espoir et n’attendent pas grand-chose d’Obama ni même de Mitchell bien qu’il soit "riche d’expérience et de crédibilité ».

« Obama ne ramènera pas mon mari à la vie" dit Leila Khalil à l’AFP, une femme de Gaza, dont le mari a été tué pendant la sanglante offensive israélienne." Il est mort en martyr et m’a laissée toute seule avec six enfants à nourrir".

Obama a aussi été “clair” concernant le sort du mari de Leïla et de milliers comme lui : "pendant des années, le Hamas a lancé des milliers de roquettes sur d’innocents citoyens israéliens. Aucune démocratie ne peut tolérer un tel danger pour sa population, la communauté internationale non plus, et les Palestiniens ne devraient pas le tolérer car des actes terroristes vont à l’encontre de leurs intérêts ».

Heureusement, Leïla n’a plus de télévision pour entendre les remarques d’Obama. Celle-ci a été pulvérisée en même temps que sa maison par les missiles israéliens, cadeau des États-Unis. Pour les Gazaouis et la plupart des Palestiniens les choses ne peuvent pas être plus claires.

(*)Ramzy Baroud est écrivain et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com ». Ses écrits ont été publiés dans de nombreux journaux, magazines et anthologies dans le monde entier.
Son dernier livre est "The Second Palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle" (Pluto Press, London).}

Site Internet :
www.ramzybaroud.net

Du même auteur :

- Briser la volonté de Gaza ? Un fantasme israélien... - 29 janvier 2009
- Un nouveau Moyen-Orient en effet - 23 janvier 2008
- Gaza et le reste du monde : mais rien ne changera donc jamais ? - 2 janvier 2009
- Gaza : un salut qui viendra d’un bulletin d’informations ? - 13 décembre 2008
- L’escroquerie du contrat sécuritaire américano-irakien - 6 décembre 2008

5 février 2009 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction de l’anglais : Anne-Marie Goossens


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