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L’armée israélienne n’a aucune pitié pour les enfants des écoles maternelles de Gaza

vendredi 16 janvier 2009 - 06h:43

Gideon Levy - Haaretz

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Les combats dans la bande de Gaza sont une "guerre de luxe."

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9 janvier - Massacre par les israéliens de toute une famille dans le camp de Beit Lahiya - Photo : Wissam Nassar/MaanImages

Par rapport aux précédentes guerres, c’est un jeu d’enfant : les pilotes bombardent sans être gênés comme à l’entraînement, les tankistes et les artilleurs lancent leurs obus sur les maisons et sur les civils à partir de leurs engins blindés, les troupes du génie militaire détruisent des rues entières dans leurs redoutables véhicules sans connaître de résistance sérieuse.

Une grande et puissante armée se bat contre une population sans protection et contre une organisation affaiblie et en lambeaux fuyant les zones de conflit et ayant du mal à répliquer. Tout cela doit être dit ouvertement, avant d’exalter notre héroïsme et notre victoire.

Cette guerre est également un jeu d’enfant de par ses victimes. Un tiers environ de ceux qui ont été tués dans la bande de Gaza sont des enfants (311 selon le ministère palestinien de la santé, 270 selon l’organisation des Droits de l’Homme -B’Tselem- sur un total de 1000 morts à mercredi 15 janvier 2009. Environ 1550 des 4500 blessés sont aussi des enfants, selon les chiffres de l’ONU, qui dit que le nombre d’enfants tués a triplé depuis le début de l’opération terrestre. Ceci quelque soit le standard, moral ou humanitaire, est une trop grande disproportion dans les pertes de guerre.

Il suffit de regarder les images en provenance de l’hôpital Shifa et parmi les morts, les brûlés, les blessés, le nombre d’enfants étendus là. L’histoire a connu d’innombrables guerres qui ont enlevé des vies innombrables mais le nombre d’enfants tués dans la guerre de Gaza- un tiers des morts- n’a été vu nulle part de mémoire d’homme.

Dieu ne montre pas de miséricorde pour les enfants des écoles maternelles de Gaza, et les Forces israéliennes, non plus. C’est le résultat d’une guerre menée dans une zone urbaine surpeuplée avec beaucoup d’enfants. La moitié, environ des résidents de Gaza a moins de 15 ans.

Aucun pilote, aucun soldat ne va-t- en guerre pour tuer des enfants. Aucun d’entre eux n’avait l’intention de tuer des enfants mais il semble aussi, qu’aucun d’eux n’avait pas non plus l’intention de ne pas les tuer. Soldats et pilotes sont allés en guerre après que les Forces israéliennes aient déjà tué 952 enfants et adolescents palestiniens depuis Mai 2000.

L’indifférence choquante du public israélien face à ces chiffres est incompréhensible. Le millier de partisans et d’apologistes [du Hamas] ne peut excuser ces tueries criminelles. On peut essayer de lui en faire porter la responsabilité mais aucune personne raisonnable dans le monde ne peut donner du crédit à une telle propagande devant les photos et les statistiques en provenance de Gaza.

On peut déclarer que le Hamas se cache parmi la population civile, comme si le ministère de la Défense israélien à Tel-Aviv n’était pas situé au c ?ur d’une population civile, comme s’il y avait des endroits dans la bande de Gaza qui n’étaient pas au c ?ur d’une population civile. On peut également affirmer que le Hamas utilise des enfants comme boucliers humains, comme si dans le passé, nos propres organisations de lutte pour la création d’Israël n’avaient pas recruté des enfants.

Une grande majorité des enfants tués dans la bande de Gaza ne sont pas morts parce qu’ils étaient utilisés comme boucliers humains, ou parce qu’ils travaillaient pour le Hamas. Ils ont été tués parce que l’armée israélienne les a bombardés, les a pilonnés, leur a tiré dessus ainsi que sur leurs familles ou sur leurs immeubles.

C’est la raison pour laquelle le sang des enfants de Gaza est sur nos mains, et non sur celles du Hamas, et nous ne pourrions jamais échapper à cette responsabilité.

Les enfants de Gaza qui vont survivre à cette guerre, eux, s’en souviendront. Il suffit de voir le "merveilleux film" (Arna’s Children) de Juliano Mer Khamis, né à Nazareth " pour comprendre, ce qui naît de la ruine et des bains de sang que nous laissons derrière nous. Le film montre les enfants de Jénine, qui ont vu une horreur bien moins grande que celle de Gaz, grandir pour n’avoir qu’une seule idée en tête : devenir des combattants et des kamikazes.

Un enfant qui a vu sa maison détruite, son frère tué, son père humilié ne pourra jamais pardonner.

La dernière fois que j’ai été autorisé à me rendre à Gaza, c’était en Novembre 2006, je suis allé à l’école maternelle Indira Gandhi à Beit Lahia. Les écoliers ont dessiné ce qu’ils avaient vu le jour précédent : un missile de l’armée israélienne avait frappé leur autobus scolaire et tué sous leurs yeux leur professeur, Najwa Halif. Ils étaient en état de choc. Il est possible qu’aujourd’hui certains d’entre eux aient été tués ou blessés.

Du même auteur :

- Les dirigeants d’Israël paieront pour ce bain de sang
- Le temps des Justes
- Les forces aériennes israéliennes sèment la mort
- Netanyahou, c’est le diable !
- Avec des amis comme ceux-là...
- Fort pour les nombres

15 janvier 2009 - Haaretz- Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : D. HACHILIF


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