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Pas de crise humanitaire à Gaza ?

mardi 6 janvier 2009 - 06h:59

Amira Hass - Haaretz

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Trois heures après que les Forces israéliennes aient commencé leur opération terrestre dans la bande de Gaza, à environ 22:30 ce samedi soir, un obus ou un missile a frappé la maison de Hussein al-Awaidi et de ses frères.

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Les enfants palestiniens sont terrorisés, quand ils ne sont pas blessés ou massacrés par les bombes israéliennes - Photo : Hatem Omar/MaanImages

Vingt-et-une personnes vivaient dans une maison isolée, située dans une zone agricole à l’Est du quartier Zeitoun de la ville de Gaza. Cinq d’entre eux ont été blessés : deux femmes dans la quarantaine (sa mère et sa tante) son fils de 14 ans, sa nièce de 13 ans et son neveu de 10 ans.

20 heures plus tard, les blessés étaient encore en train de saigner dans un hangar de la maison. Il n’y avait pas d’électricité, pas de chauffage, pas d’eau. Leurs parents restaient auprès d’eux, mais à chaque fois qu’ils tentaient de quitter la cour pour aller chercher de l’eau, l’armée leur tirait dessus.

Al-Awaidi a essayé d’appeler à l’aide grâce à son portable mais le réseau de téléphonie cellulaire de la bande de Gaza venait d’être mis hors d’usage. Les obus de l’armée israélienne avaient touché ses relais. Il n’y avait pas d’électricité et pas de carburant diesel pour les générateurs. Et chaque fois que le téléphone pouvait fonctionner, c’était un petit miracle

Vers midi, ce dimanche, Al-Awaidi est enfin parvenu à contacter S. qui m’a appelé. S. qui vivait non loin de la famille Al-Awaidi ne pouvait rien faire d’autre que de m’appeler.

Je connais Al-Awaidi depuis huit ans, et j’ai appelé aussitôt les Médecins des Droits de l’Homme (PHR), qui ont appelé à leur tour le bureau de liaison des Forces israéliennes pour lui demander de prendre les dispositions pour que les blessés soient évacués. C’était peu après midi et bien que le temps pressait, le bureau de liaison israélien n’avait toujours pas appelé les PHR.

Entretemps, quelqu’un d’autre a réussi à joindre le Croissant-Rouge Palestinien qui a appelé vers 10h30 ce dimanche la Croix-Rouge pour lui demander de coordonner l’évacuation des blessés avec les forces israéliennes. Bien que le temps pressait, la Croix-Rouge n’avait toujours pas été en mesure de faire cette coordination dans la nuit du dimanche.

Alors que j’étais au téléphone avec les PHR, aux environs de midi, H. m’a appelé. Il voulait juste me donner une information : deux enfants, Ahmed Sabih et Mohammed al-Mashharawi, âgés de 10 et 11 ans, sont montés sur le toit de leur maison de la ville de Gaza pour allumer un feu et chauffer de l’eau. Il n’y avait pas d’électricité ou de gaz, et le feu était tout ce qui leur restait.

Les tanks israéliens tirent des obus, les hélicoptères mitraillent, les avions de guerre causent des tremblements de terre mais les gens ont du mal à comprendre que sortir pour chauffer de l’eau est aussi dangereux que de rejoindre les milices du Hamas.

Un missile a frappé les deux garçons tuant Ahmed et blessant sérieusement Mohammed. Tard dans la nuit ce dimanche, un site internet indiqua que les deux garçons ont décédé mais le téléphone de H. ne répondait pas, ce qui ne m’a pas permis de vérifier cette information.

Et encore, il était hors de question de le joindre par ligne directe car ce samedi,une bombe avait détruit totalement le relais téléphonique de son quartier. La cible était un atelier d’impression (Voilà encore le type de « cible » des forces israéliennes !). Son propriétaire, un ancien employé UNRWA, avait investi l’ensemble de sa pension dans le magasin.

Dans le quartier de B. les bombes ont touché les canalisations d’eau , ce qui fait qu’il n’ y avait plus d’eau depuis hier matin. "Je suis déjà habitué à me passer d’électricité », m’a-t-elle dit. « Il n’ y a pas de télévision, mais je suis informée de ce qui se passe par des amis qui appellent. Un ami a appelé du Liban, un autre de Haïfa. Un autre de Ramallah. Mais, sans eau, comment allons-nous faire ?"

A. cite les précautions qu’il prend : « J’éloigne les enfants des fenêtres parce que les F-16 sont dans le ciel, je leur interdis de jouer en bas parce que c’est dangereux. Ils nous bombardement du côté de la mer et de l’Est. Lorsque le téléphone fonctionne, les gens nous informent de la famille ou des amis qui ont été tués. Ma femme pleure tout le temps. La nuit, elle prend dans ses bras les enfants et elle pleure. Il fait froid et les fenêtres sont ouvertes, il y a des incendies et de la fumée dans les espaces ouverts, à la maison il n’y a pas d’eau, ni électricité, ni de chauffage au gaz. Et vous [les Israéliens] vous dites qu’il n’y a pas de crise humanitaire à Gaza. Dites-moi, est-ce que vous avez encore votre tête ?"

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Amira Hass

De la même auteure :

- Techniques d’expropriation des terres palestiniennes - 4 mars 2008
- Mémoires de voisinage - 14 février 2008
- La rage de faire main basse sur les terres palestiniennes - 9 décembre 2007
- Deux millions de Khaled - 2 décembre 2007
- Un geste en faveur des services pénitentiaires israéliens - 23 novembre 2007

5 janvier 2009 - Haartez - Vous pouvez consulter cet article à :
http://haaretz.com/hasen/spages/105...
Traduction de l’anglais par D. HACHILIF


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