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"Shabbat Shalom" à Gaza

dimanche 28 décembre 2008 - 16h:08

Rami Almeghari

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«  Nous considérons ces attaques comme un acte délibéré pour détruire la vie civile et tuer le plus de Palestiniens possible. » - «  Ce qu’a fait Israël aujourd’hui a été approuvé par certains acteurs arabes et internationaux. »

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Des Palestiniens inspectent les décombres d’un immeuble après
un raid aérien israélien sur Rafah, au sud de la bande de Gaza,
le samedi 27 décembre 2008. (Hatem Omar/MaanImages)




Shabbat Shalom ! « Samedi de paix ». Je ne crois pas que les dirigeants israéliens soient sensibles au sens de ce salut hébreu, qu’on adresse quand se lève le jour de repos juif, chaque semaine. Plus de « Shabbat Shalom » alors que ce samedi 27 décembre 2008, quelques jours seulement avant la nouvelle année, l’aviation israélienne largue ses bombes sur différents endroits de la bande de Gaza.

Un samedi ensoleillé de Gaza qui est devenu très noir, alors que des colonnes de fumée obscurcissent le ciel de la bande côtière et que l’odeur de sang s’étend partout.

A Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, trois membres d’une famille, le père, un fils et un neveu, ont tous été tués par les bombes larguées par les Israéliens sur le poste de police de Rafah. Les victimes se trouvaient là pour une question de routine quand les frappes israéliennes ont eu lieu. Ils ne savaient pas que leur destin allait se jouer là, sur ce « Shabbat Shalom ».

Ce n’est qu’un exemple de cette tuerie, sur ce qu’Israël prétend être des avant-postes « terroristes » du Hamas. Des dizaines de sites, des immeubles entiers ont été démolis, les fenêtres des maisons se sont brisées et des voitures, en un nombre incalculable, ont été endommagées. Sous les décombres gisent des dizaines de cadavres. Environ soixante avions F-16 israéliens ont attaqué jusqu’à cent cibles dans Gaza aujourd’hui, principalement les postes de police et les organismes de bienfaisance dirigés par le Hamas. L’un des missiles israéliens est tombé sur le terrain de sport de l’Université islamique de Gaza qui abrite plus de 18 000 étudiants.

L’hôpital Al-Shifa, le plus important de Gaza, a reçu à lui seul des dizaines de cadavres et des centaines de blessés. D’après le Dr Moawiya Abu Hassanein, chef du service des urgences et des ambulances du ministère de la Santé du Hamas, les attaques aériennes israéliennes sur Gaza ont coûté la vie à 228 [270 dimanche midi] personnes et en ont blessé 700 autres, dont 120 grièvement.

Abu Hassanein dit qu’au moins 15 des personnes tuées n’ont pu être identifiées tant leurs corps ont été mutilés par les bombes israéliennes.

« Le nombre de morts augmente toujours alors que de nombreux corps restent sous les décombres des immeubles détruits partout » explique Abu Hassanein qui ajoute que beaucoup de victimes sont des civils.

La morgue d’Al-Shifa ne peut recevoir tous ces corps ; une foule d’habitants s’est rassemblée à ses portes, essayant de savoir si des proches font partie de ceux que le personnel médical n’a pu encore identifier.

Un jeune homme examine tous les cadavres, cherchant son frère parmi eux.

« J’ai appris par des amis que mon frère avait été tué aujourd’hui. Mon frère était détenu au centre de sécurité de Saraya, dans Gaza ville. Un de mes amis m’a dit que mon frère avait été tué au cours du bombardement d’un poste de police du centre de la bande de Gaza, où il avait été transféré peu avant les frappes israéliennes. » explique Abu Fadi, 33 ans, qui habite le centre de la bande de Gaza. Ce poste de police, sur la route de Salah al-Din, a été complètement rasé par les attaques aériennes israéliennes ce samedi.

D’autres, autour de la morgue, pleurent la mort d’êtres aimés au milieu d’une irrespirable odeur de sang. Submergés de blessés, le ministère de la Santé de Gaza manque des médicaments essentiels et de fournitures médicales, conséquences directes du blocus qu’Israël a renforcé il y a deux mois, indique Abu Hassanein.

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Un samedi ensoleillé de Gaza qui est devenu très noir, alors que des colonnes de fumée obscurcissent le ciel de la bande côtière et que l’odeur de sang s’étend partout.




Un porte-parole de l’armée israélienne a prétendu que le Hamas savait qu’Israël attaquerait des sites tels que les postes de police, et qu’il faut le blâmer pour ne pas les avoir fait évacuer. Ehab al-Ghosein, porte-parole du ministère de l’Intérieur Hamas à Gaza, a déclaré à Electronic Intifada : «  La plupart de ceux qui ont été tués aujourd’hui sont des membres du personnel de sécurité, et il y a d’autres tués qui sont des civils. Mais le rôle de ces forces de sécurité est un rôle purement civil. Elles sont affectées à la prévention de la sécurité des gens et à l’organisation de la circulation. »

Les morts « ne sont pas des combattants » ajoute Al-Ghosein. «  Nous considérons ces attaques comme un acte délibéré pour détruire la vie civile et tuer le plus de Palestiniens possible. »

Al-Ghosein impute aussi une responsabilité aux parties internationales et arabes dans ces dernières attaques israéliennes. « Ce qu’a fait Israël aujourd’hui a été approuvé par certains acteurs arabes et internationaux. » dit-il.

Alors que la nouvelle année approche, on ne sait pas ce que réserve l’avenir pour Gaza après que la trêve de six mois entre Israël et la résistance palestinienne se soit terminée la semaine dernière. Répliquant à un blocus paralysant et à l’assassinat extrajudiciaire de Palestiniens par les forces israéliennes, les groupes de la résistance à Gaza ont repris les tirs de roquettes grossières sur le sud d’Israël.

Israël a ses élections en février prochain, ce qui pousse les politiciens à faire de la surenchère les uns sur les autres, promettant d’attaquer Gaza et de mettre à mal les Palestiniens. Face à l’escalade de la violence d’Israël et au siège de Gaza, les Etats-Unis, l’Union européenne et les autres puissances dans le monde n’ont rien fait pour en imputer la responsabilité à Israël. Après le bain de sang d’aujourd’hui, on ne sait pas encore si cela va changer et quel est le sort réservé aux un million et demi de personnes emprisonnées dans la bande de Gaza, alors qu’on voit les chars d’assaut d’Israël se déployer à sa frontière.


* Rami Munir Almeghari est actuellement le collaborateur de plusieurs agences d’informations, dont Palestine Chronicle, IMEMC, The Electronic Intifada et Free Speech Radio News. Il est aussi l’ancien traducteur anglais et l’éditeur en chef de l’international press center du Service d’information palestinien basé à Gaza.

Il peut être contacté à : rami_almeghari@hotmail.com - son blog : http://www.almeghari-palestine.blog...

Identité :

Nom : Rami Al-Meghari
Lieu : camp de réfugiés de Maghazi, occupé la bande de Gaza, Palestine

J’ai 32 ans, je suis journaliste palestinien indépendant et j’exerce aussi la fonction de scénariste (en anglais). Ma famille a été forcée de partir de la Palestine historique, comme des centaines de milliers d’autres Palestiniens, par les forces d’occupation israéliennes en 1948. Je suis marié et père de 3 enfants. Depuis 1997 et jusqu’à ce jour, je travaille comme traducteur, interprète et rédacteur en chef de langue anglaise. Je crois en la non violence, dans la tolérance et dans la bonne foi comme moyens de changement


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Bande de Gaza occupée - Live from Palestine - 27 décembre 2008 - The Electronic Intifada - traduction : JPP


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