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La trahison de Madoff

mardi 23 décembre 2008 - 08h:05

Bradley Burston - Haaretz

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Pour le vrai antisémite, Noël est arrivé tôt cette année et son nouveau Père Noël s’appelle Bernard Madoff, écrit Bradley Burston.

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Madoff questionné par les journalistes devant son domicile

Madoff est la réponse à la liste de tous les souhaits formulés par ceux qui haïssent les juifs. Les aryens n’auraient pu dans leurs rêves les plus fous monter une histoire rivalisant avec celle-ci.

L’ex-président du Nasdaq s’avère être en même temps trésorier du comité directeur de l’université Yeshiva et président de l’école de commerce de l’université. Riche au delà de toute compréhension humaine, il manipule des fortunes pour d’autres, achetant et vendant dans un empire commercial dont font partie des banques d’affaires et d’autres sources possibles de revenus. Il redéfinit l’appât du gain, pigeonnant sciemment et personnellement des sociétés caritatives et des retraités dans la plus classique des escroqueries.

Encore mieux, ceux qui sont hantés par l’idée que les juifs contrôlent les finances, le monde du spectacle et les médias, pensent que l’appât du gain de Madoff était suffisamment incontrôlable pour qu’il vise ses semblables, même des survivants de l’holocauste — certains d’entre eux étant ses propres amis — aussi bien que les compagnies israéliennes qui assurent des juifs, dont des survivants de l’holocauste.

Le plus beau, pour l’antisémite, est que les machinations de Madoff, qui auraient pu avoir pour but le bien de l’humanité, ont directement nui aux institutions juives caritatives et d’aide sociale.

Il est parvenu à nuire à sa communauté d’une manière telle que les antisémites n’auraient pu même en rêver. Il a amputé la « Jewish Federation of Greater Los Angeles » de 11% de ses avoirs, soit plus de 6 millions de dollars. Selon les mots employés par Avraham Infeld, il a « rayé de la carte » des fondations caritatives pour des causes juives en Israël, en Europe de l’Est et en Amérique du Nord et qui existaient de longue date.

Tout au long de cette histoire, Madoff a assuré l’immense mise en scène, non seulement avec le culot et l’impudence du montage en question, mais en devenant le prédateur de victimes célèbres dont Stephen Spielberg, Elie Wiesel, et Mort Zuckerman, milliardaire dans l’immobilier, nanab des médias et ex-président de la conférence des présidents des organismes juifs américains [the Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations]. Un sénateur important des États-Unis est l’un de ses clients de marque, aussi bien que des propriétaires présents et passés du football professionnel et des équipes de baseball.

Et il y a eu la trahison de vieux amis comme les philanthropes Karl et Ruth Shapiro, donateurs de premier plan pour le musée des beaux-arts de Boston, de l’université de Brandeis et du « Beth Israel Deaconess Medical Center ».

« Le scandale est allé bien au-delà de la fondation privée de Madoff, disposant de plusieurs millions de dollars et qui a servi à faire transiter des flux l’argent dans des hôpitaux et des théâtres, » rapporte Reuters, « et qui a servi à nettoyer des association de charité grandes et petites, directement et indirectement, ainsi que des investisseurs juifs riches personnellement conseillés par Madoff. »

Ajoutant la composante clanique de l’affaire, le New York Post était plus direct.

« Travaillant le soi-disant ?circuit juif’ des juifs fortunés qu’il rencontrait dans les clubs de Long Island et Palm Beach, et par sa position dans les conseils d’administration de plusieurs institutions juives de renom, des fortunes familiales lui ont été confiées dans leur totalité. »

« Le bonhomme était totalement respecté. Il était juif de type heymishe. Il a trompé de vieilles gentilles dames et a arnaqué leurs enfants, » a déclaré un avocat de Manhattan qui est investi dans l’affaire Madoff.

« Ce type avait affaire avec tous les juifs riches de Roslyn et de Palm Beach. [Sa combine] rebondissait d’un membre de la famille à l’autre car qu’il ne souhaitait pas traiter avec de nouvelles personnes. »

Il reste à voir à quelle distance nous sommes aujourd’hui d’une période de franc antisémitisme, ou d’antisémitisme distingué du style d’Henry Ford et de F. Scott Fitzgerald. Nous pouvons seulement espérer que l’effet de Meyer Wolfsheim reste en veilleuse [personnage tiré du roman fr F. Scott Fitzgerald « The Great Gatsby » et inspiré d’un criminel et homme d’affaires célébre du temps de la prohibition - N.d.T]. [...]

« ... Si j’avais pensé vraiment pensé à cela, j’y aurais pensé comme à quelque chose qui s’est simplement produit, l’aboutissement d’un inévitable enchaînement, » confie le narrateur dans le roman de Fitzgerald. « Il ne m’est jamais venu à l’idée qu’un homme pouvait se mettre à jongler avec la crédulité de cinquante millions de personnes, avec la concentration d’esprit d’un cambrioleur faisant exploser un coffre-fort. »

En attendant, Bernard Madoff, vous avez fait les beaux jours de ceux qui haïssent les juifs. Cette année, la seule chose qu’ils souhaitaient pour Noël, c’était quelqu’un comme vous.

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21 décembre 2008 - Haaretz - Article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
[Traduction : Info-Palestine.net]


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