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Gaza prise en otage

samedi 29 novembre 2008 - 17h:48

Dina Ezzat & Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly

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Les équipements de stérilisation pour les cabinets de consultation ne fonctionnent plus et les machines de pasteurisation pour le lait ne sont plus opérationnelles. Le système entier de soins intensifs dans les hôpitaux palestiniens est au bord de l’effondrement.

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Petit garçon palestinien faisant le V de la victoire à la frontière de Rafah - Photo : AFP

Au moment où l’hebdomadaire Al-Ahram était mis sous presse, les ministres arabes des affaires étrangères se réunissaient mercredi [26 novembre] pour une réunion extraordinaire dans le contexte d’une crise humanitaire explosive à Gaza où 1,5 million de Palestiniens souffrent des effets du blocus israélien complet qui dure maintenant depuis 22 jours.

La population de Gaza a été complètement privée d’électricité, de médicaments, de fournitures médicales, de carburant et de nourriture. Tout au long de la semaine passée les chaînes arabes d’information avaient transmis des témoignages sur place de cette tragédie humaine, y compris des scènes où des Palestiniens malades — dans un état critique et espérant un traitement dans les hôpitaux de Gaza — imploraient la « pitié » non plus d’Israël mais des Arabes. Une femme âgée souffrant d’une maladie cardiaque et de diabète demandait à Al-Jazeera : « Nous sommes Musulmans, pourquoi les Arabes nous laissent-ils ainsi mourir ? Pourquoi l’Egypte n’ouvre-t-elle pas la frontière [de Rafah] ? »

Mais au Caire, les ministres arabes des affaires étrangères sont peu susceptibles de lâcher quoi que ce soit de substanciel aux Palestiniens. Les diplomates qui se sont exprimés devant Al Weekly mais sous la condition de l’anonymat disent qu’il y a trois raisons pour lesquelles la réunion du Caire se concluera en décidant de peu d’aide signicative pour Gaza. C’est d’abord l’hésitation de l’autorité palestinienne [de Ramallah] à solliciter l’appui arabe. « La question est strictement devenue : le Fatah contre le Hamas, » a commenté un diplomate arabe installé au Caire.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, le chef du Fatah, interpréterait un soutien arabe à Gaza comme étant un soutien indirect au Hamas.

Selon les mots d’une autre source diplomatique arabe : « Abbas ne veut même pas que les Arabes discutent avec le Hamas. Il était furieux après que Amr Moussa [secrétaire général de la ligue arabe] ait rencontré Khaled Meshaal [responsable du bureau politique du mouvement Hamas] à Damas en marge des réunions de la ligue arabe. »

Selon la même source, Abbas s’est plaint au Caire et à Amman que Moussa donnait du crédit au Hamas à un moment où le Hamas devrait être forcé de se soumettre au Fatah [et Abbas compte sur le blocus israélien pour parvenir à ses fins - N.d.T].

Abbas aurait exigé que l’autorité [de Ramallah], et non pas le gouvernement du Hamas dans Gaza, soit créditée de toute aide fournie aux Palestiniens habitant la bande de Gaza. Dans le cas contraire, estime-t-il, le Hamas apparaîtrait comme le vainqueur.

Le deuxième problème est l’hésitation de l’Egypte à ouvrir unilatéralement pour l’assistance humanitaire le passage frontalier de Rafah, le seul lien de Gaza avec le monde extérieur qui n’est pas sous contrôle israélien. La frontière de Rafah, indique le Caire, est conçue pour le passage des personnes et non pas des marchandises et ce passage peut uniquement être ouvert après que l’autorité [de Ramallah] — qui a fui Gaza au moment de la prise de contrôle par le Hamas l’été 2007 — sera de retour dans le territoire. Ceci, explique l’Egypte, aurait pu être achevé dans le cadre de la réconciliation nationale qu’elle essayait de faire avancer par des négociations plus tôt ce mois-ci mais que le Hamas a abandonnées après s’être plaint qu’Abbas ait harcelé ses partisans en Cisjordanie et que la médiation ait été biaisée en faveur du Fatah.

Les officiels égyptiens déclarent maintenant que c’est au Hamas de mettre un terme à la misère dans Gaza, d’abord en cessant les attaques par fusées Qassam contre des cibles israéliennes et en refusant de donner au gouvernement israélien n’importe quel prétexte pour imposer un blocus, et aussi en poursuivant l’objectif de la réconciliation nationale qui permettra à l’autorité palestinienne de revenir à Gaza et à la frontière de Rafah d’être rouverte.

La troisième raison est que la réunion des ministres arabes des affaires étrangères hier au siège officiel de la ligue arabe, ne produira même pas le moindre accord sur une assistance d’urgence car même les pays arabes ayant de la sympathique pour le Hamas et partisans d’une approche moins exclusive à l’égard de la direction palestinienne, sont peu disposés à s’opposer au Caire quant à la nécessité d’ouvrir la frontière de Rafah.

« C’est une question qui relève de la souveraineté égyptienne et il n’y a pas grand’chose que nous puissions faire », nous a dit un diplomate syrien.

Le mieux que l’on puisse attendre de la réunion est une résolution condamnant Israël pour la crise humanitaire dans la bande de Gaza mais ne contenant aucune mesure de rétorsion contre Tel Aviv si le siège se poursuit. Car une source d’important niveau dans le Hamas a expliqué : « comme l’autorité palestinienne encourage le siège et se coordonne avec Israël, il est difficile de s’attendre à ce que les pays arabes s’inquiètent beaucoup des Palestiniens ».

La réunion de mercredi va assurément réclamer que les efforts de réconciliation se poursuivent et que le prochain gouvernement des États-Unis donne la priorité à un accord de paix définitif entre Israël et les Palestiniens.

En attendant, à Gaza, ce sont des milliers de Palestiniens dont la vie est menacée. Le ministre palestinien de la santé, Bassem Naim, a dit au Weekly que les coupures d’électricité à répétition ont paralysé les services de santé et des décès « à grande échelle » sont à attendre. Les équipements de stérilisation pour les cabinets de consultation ne fonctionnent plus et les machines de pasteurisation pour le lait ne sont plus opérationnelles. Le système entier de soins intensifs dans les hôpitaux palestiniens est au bord de l’effondrement.

Israël a ouvert le passage des frontières avec la bande de Gaza lundi, permettant à des quantités limitées de nourriture et de carburant d’entrer pour la deuxième fois en trois semaines, après que les Nations Unies aient alerté sur la crise humanitaire qui envahit tout. Les organisations d’aide indiquent que les marchandises et les produits d’une journée auront un impact minimal parce que les frontières ont été bouclées trop longtemps, épuisant tous les stocks depuis la farine jusqu’aux aliments pour animaux.

« C’est tout simplement insuffisant, » a déclaré Christopher Gunness, porte-parole de l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency). Gunness fait savoir que l’UNRWA ne peut pas assurer normalement sa mission sans régularité des approvisionnements, non seulement en nourriture mais aussi en livres pour les écoles, lesquels sont également bloqué par Israël depuis des semaines.

Israël a imposé une première fois un blocus sur Gaza après que la lutte entre le Hamas et le Fatah ait eu comme conséquence la prise de contrôle du territoire par le Hamas en juin 2007. Le but de ce blocus est officiellement d’affaiblir le Hamas et de le chasser du pouvoir, mais ce sont en fait les habitants de Gaza qui paient quotidiennement le prix d’une équation politique de plus en plus mortelle.

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26 novembre 2008 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/924...
Traduction de l’anglais : Nazim


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