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Ignorées et sous occupation, les écoles de Jérusalem Est demandent un soutien international

mardi 28 octobre 2008 - 06h:11

Maan News Agency

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Neuf mille enfants de Jérusalem Est ne trouvent pas de place au sein des 4 systèmes scolaires existants dans leur commune.

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Ecoliers de Cisjordanie - Photo : Protection-Palestine.org

Alors que les problèmes concernant l’éducation des enfants de Jérusalem Est atteignent un point crucial, l’Union Européenne et un Centre Communautaire de Jérusalem ont intensifié leurs efforts dans le but de travailler au sein du système existant afin d’assurer un droit à l’éducation pour les Palestiniens de Jérusalem Est.

Le système éducatif à Jérusalem Est est complexe et souvent déroutant et le lobbying local ou l’aide internationale ne réussissent à creuser qu’une petite brèche dans la crise croissante.

Le patchwork de systèmes éducatifs ad hoc à Jérusalem Est reflète le statut même de Jérusalem en tant que lieu contesté dont les intérêts musulmans, chrétiens, palestiniens et israéliens affectent le cadre de vie de ce lieu.

Le projet de l’Union Européenne dans ses efforts d’améliorer l’éducation des enfants de Jérusalem, a ciblé un système d’école bénévole/privé alors que la communauté locale a essayé de lutter pour les droits civils des habitants de Jérusalem au sein même du système municipal israélien de la ville.

Les stratégies notablement différentes des deux efforts sont apparues clairement quand les véritables divisions entre les systèmes scolaires ont été étalées.

Le plus ancien élément dans le système éducatif de Jérusalem est peut-être l’église et les écoles bénévoles. Fondées principalement grâce à l’argent de missionnaires internationaux, ces écoles sont surpeuplées, vieilles et tombent en ruines. Certaines écoles sont dirigées par l’UNRWA, d’autres sont chrétiennes et l’éducation religieuse fait partie de leur mission. Elles desservent une population qui est à 98% musulmane. Certaines de ces écoles sont privées, chères et inaccessibles à une grande partie de la population en plus du fait que la moitié d’entre elles sont également en mauvaise état. L’église et les écoles bénévoles desservent à elles deux environ un quart de la population de Jérusalem Est occupée.

Les écoles Waqf* sont dans le même état : surpeuplées, mal desservies et comprennent une éducation religieuse musulmane. Les écoles sont officiellement administrées par le « Islamic Waqf Foundation » qui est non officiellement affilié à l’Autorité Palestinienne et à leur division spéciale sur Jérusalem qui n’est pas reconnue par l’état d’Israël qui a annexé la zone. Ces écoles desservent aussi un quart de la population de Jérusalem Est.

Les écoles dirigées par la municipalité de Jérusalem du gouvernement israélien et qui fournissent les services dans la zone annexée (ainsi que le prévoit la Quatrième Convention de Genève), sont peut-être dans un état encore pire encore que toutes les autres. Les écoles municipales israéliennes desservent environ la moitié de la population scolaire enregistrée de Jérusalem Est occupée. Les salles de classes comprennent chacune une moyenne de 45 élèves.

La crise de l’éducation à Jérusalem Est est bien documentée et reconnue par toutes les parties concernées. Néanmoins Israël se soustrait à ses responsabilités vis-à-vis des résidents de la zone qu’elle a annexée. En même temps, l’Autorité Palestinienne n’a pas le droit de fournir de façon directe des services. La division de Jérusalem (basée à Ramallah), ne peut que maitriser, via le Waqf, le curriculum et les livres de texte puisque tout changement dans les structures des bâtiments des écoles demanderait des permis de la municipalité israélienne dont il ne reconnaît pas l’autorité.

L’Union Européenne comble un vide

Mardi après-midi, l’école Saint Dimitri a célébré la rénovation et la remise en état de son bâtiment en même temps que 5 autres écoles délabrées dans la Jérusalem Est occupée.

Le programme appelé « the Comprehensive School Upgrading Program » réorganise les écoles et remet en état le réseau électrique, les installations sanitaires, les systèmes d’égouts, la menuiserie, la mécanique et les outillages necessaires ainsi que l’état général des salles de classe (peinture, sols et plafonds). Il finance également les nouveaux équipements de l’école tels que les ordinateurs, faxes et photocopieurs ainsi que les logiciels de l’administration de l’école.

Un rapport récent de l’Association pour les Droits Humains en Israël a décrit les besoins des écoliers palestiniens ainsi : un manque crucial de salles de classes, un manque de formations de professeurs, des moyens très insuffisants en vue de satisfaire aux besoins d’une éducation digne du 21ème siècle (y compris des équipements scientifiques et technologiques), des conditions générales de salles de classes dangereuses et non hygiéniques et un manque total de services pour les enfants nécessitant des besoins particuliers.

Le projet de l’Union Européenne et ses partenaires la branche de « Save the Children Suède » et la Fondation Faisal Husseini, ont fait un travail exemplaire en fournissant les services dont manquent les enfants palestiniens.

Le projet a ciblé huit écoles dans la Vielle Ville de Jérusalem et des alentours et outre le fait d’améliorer les installations de cinq autres (avec trois autres à venir), il a fournit une formation extensive pour les professeurs autour des méthodes d’enseignement, l’éducation inter religieuse, l’intégration et les méthodes appropriées pour maintenir la discipline et l’ouverture au sein des salles de classes.

Alors que le projet ne s’est pas penché sur la construction de nouvelles écoles pour répondre au manque crucial d’espace dans les classes, il a néanmoins ciblé trois écoles sous-peuplées dans la zone occupée. L’école Saint Dimitri est l’une d’elles.

En tant qu’école privée faisant payer 2.500 shekels (663 US$) de frais de scolarité par an et sponsorisée par le Patriarche de l’église grec orthodoxe, l’école Saint Dimitri n’était peut-être pas le candidat idéal pour recevoir une aide financière en vue d’améliorer les installations.

Comme l’a expliqué John John Kjaer, le représentant de la Commission Européenne à Jérusalem, l’école offrait une opportunité pour augmenter de nombre de pupitres disponibles pour les enfants de Jérusalem Est. En soutenant l’école et même les salaires des professeurs via le programme PEGASE de l’Union Européenne, Kjaer dit que le projet espérait qu’ils pourraient réduire leurs frais de scolarité et faire que l’éducation dans une institution privée devienne abordable et attractive pour plus de familles.

Tout enfant qui irait à l’école Saint Dimitri suite à la réduction des frais de scolarité laisserait une place libre dans une autre école locale pour un enfant moins cossu.

Malgré ce pari risqué, il semble que c’est tout ce que le projet de l’Union Européenne pouvait faire hormis agrandir les bâtiments scolaires ou trouver des terres pour de nouvelles structures.

De plus, cette option nécessiterait aurait nécessité la permission de l’état d’Israël.

A la question de savoir si la mission du projet et de ses partenaires visant à répondre aux besoins de la population palestinienne de Jérusalem Est via l’amélioration des services essentiels n’aurait pas été mieux servi en faisant pression sur Israël afin qu’elle assume sa responsabilité vis-à-vis des « résidents permanents » palestiniens de Jérusalem Est occupée, Kjaer ne pouvait que répondre que l’Union Européenne et la Communauté Européenne travaillaient sur un « dialogue privé » avec Israël autour de cette question.

Mais tout en accomplissant un bon travail en développant des solutions créatives pour améliorer la situation de crise de l’éducation des Palestiniens à Jérusalem Est, l’Union Européenne semble adopter le même comportement négligeant qu’Israël.

L’Autorité Palestinienne est obligée de travailler en passant par des chemins détournés pour fournir des fonds limités et des services aux écoles Waqf de la zone et il lui est interdit d’administrer officiellement quelque zone que ce soit annexée par Israël en 1967 et après.

Le lobbying local est fort mais cherche un soutien

Les efforts sont entrepris par les organisations palestiniennes telles que la « Community Action Center » de l’Université Al-Quds à Jérusalem (CAC) pour influencer la municipalité israélienne afin qu’elle respecte ses promesses (également été faites à la Haute Cour Israélienne) en 2007 de construire à partir de mars 2007 et sur les cinq années suivantes, 400 nouvelles salles de classe à Jérusalem Est.

Au début de l’année scolaire 2008, une seule nouvelle école avait été construite.

La situation s’est encore compliquée étant donné qu’Israël continue à construire le Mur de Séparation à travers la zone occupée de Jérusalem Est. Les enfants du camp de réfugiés de Shu’fat qui ont pourtant le statut de « résidents permanents » en Israël, ont vu leur école atterrir du côté ouest du Mur de Séparation alors que leurs maisons se trouvent principalement du côté est.

La municipalité de Jérusalem a donné provisoirement pour école aux étudiants un bâtiment du vieux marché (bâtiment qui était utilisé pour vendre toutes sortes de choses allant de denrées diverses jusqu’aux chèvres). Ce bâtiment situé à côté d’une usine métallurgique qui dégage dans la journée des fumées nocives, a été déclaré dangereux et les étudiants et leurs parents sont entrés en grève pour protester contre ces conditions inhumaines.

Le CAC a organisé un « sit-in » avec les élèves de l’école devant les bâtiments de la municipalité israélienne de Jérusalem afin de protester contre les actions du directeur qui leur nie le droit à une éducation saine et sans danger.

Le Centre a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle vienne visiter l’école attribuée aux enfants du camp de Shu’fat et il espère que les organisations internationales comme l’Union Européenne, ?Save the Children’ et la Fondation Faisal Husseini les aidera à faire pression sur les responsables de la municipalité israélienne qui sont légalement supposés être au service de la population de Jérusalem Est.

* Waqf
Dans le monde musulman, le « waqf » est une donation faite à perpétuité par un particulier à une ?uvre d’utilité publique, pieuse ou charitable. Le bien donné en usufruit est dès lors placé sous séquestre et devient inaliénable.

21 octobre 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction de l’anglais : Ana


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