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Quand l’eau laisse un goût amer

mardi 14 octobre 2008 - 05h:48

Ramesh Jaura - The Electronic Intifada

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L’industrie des colonies israéliennes en Cisjordanie est à l’origine de graves détériorations de l’état des nappes phréatiques, et de pollutions du sol, écrit Ramesh Jaura.

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De jeunes Palestiniens de Kfar Qaddum, un village proche de la ville de Qalqilya en Cisjordanie, viennent chercher de l’eau au réservoir, août 2006 - Photo : Khaleel Reash/MaanImages

BARCELONE (IPS / Terraviva) - Les villageois palestiniens boivent une eau à usage agricole dangereuse pour la santé plutôt que de faire confiance à l’eau fournie par une société israélienne, dit Buthaina Mizyed, qui a travaillé à Arraneh, un village proche de le ville Djénine en Cisjordanie où la situation est conflictuelle.

La raison pour laquelle les Palestiniens évitent l’eau provenant d’une station du village voisin d’al-Jalameh est qu’elle sent le chlore. Leur méfiance à l’égard des Israéliens est telle, qu’ils craignent que l’eau ait été contaminée, et qu’elle puisse nuire à la santé de leurs enfants.

« Nous leur avons assuré que l’eau de la station l’al-Jalameh est constamment testée et que sa qualité est nettement meilleure que l’eau des puits agricoles », explique Mizyed. « Mais ils ne nous croient pas. Ils disent que l’eau pourrait être contaminée dans l’intervalle entre un test de qualité et le suivant. Ils voudraient que nous leur garantissions que l’eau fournie par la société israélienne est saine. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas le garantir ».

Mizyed relate ceci lors d’une journée dédiée au thème « l’inégalité de répartition des eaux souterraines : le cas israélo-palestinien », organisée par l’UICN lors du Congrès pour un monde durable mardi à Barcelone.

Mais la méfiance des Palestiniens n’est pas sans fondement, dit un rapport présenté lors de l’événement par Ayman Rabi, directeur du Groupement Palestinien sur Hydrologie, une ONG basée à Jérusalem.

 »Les colonies israéliennes déversent leurs eaux usées non traitées dans les terres palestiniennes, menacant les ressources en eau de grave pollution », dit Rabi. Ingénieur de profession, Rabi a travaillé sur plusieurs projets financés par la Commission Européenne et des ONG d’Europe.

Le rapport a constaté que l’industrie des colonies israéliennes en Cisjordanie est à l’origine de graves détériorations de l’état des nappes phréatiques et de pollutions du sol. Il souligne les inégalités de répartition de l’eau qui affligent la région.

« Les inégalités sont absoluement évidentes, mais, malheureusement, les médias n’en font presque jamais mention », a déclaré Rabi à IPS. « L’inégalité de la répartition et le refus d’attribuer une juste part de leurs ressources en eaux souterraines aux palestiniens les a maintenu dans un état de sous-développement tout au long des 60 dernières années.

« Dans les milieux arides comme le Moyen-Orient, l’eau est considérée comme un facteur majeur de stabilité et de prospérité pour tous. Pour que cette stabilité arrive, des gens qui vivent sous un même climat et des conditions hydrologiques semblables doivent être traités de manière semblable en terme de droits et de besoins en eau ».

Pas plus 8,2 % du total des ressources en eau disponibles dans la région sont attribuées aux palestiniens, tandis qu’Israël en utilise 57,1 % et la Jordanie 34,7 %. La quantité allouée aux Palestiniens ne reflète pas leurs besoins, dit Rabi.

Selon cette étude 44 % de l’eau domestique dont les palestiniens ont besoin est fournie par des sources locales, tandis que 56 % est acheté à Israël.

Rabi souligne qu’Israël, au fil des décennies, a maintenu un contrôle total sur les ressources en eau dans les territoires palestiniens occupés, et a refusé d’allouer une part légitime aux palestiniens.

« Israël a foré des centaines de puits à côté de la Ligne verte pour capter toutes les eaux provenant du bassin aquifère de l’Ouest », affirme l’étude.

La « Ligne verte » se réfère à la ligne de démarcation datant de l’armistice de 1949 entre Israël et les pays voisins (Égypte, Jordanie, Liban et Syrie) à la fin de la guerre israélo-arabe de 1948. La Ligne verte sépare Israël non seulement de ces pays, mais aussi des territoires occupés plus tard par Israël en 1967, incluant la Cisjordanie, la bande de Gaza, les hauteurs du Golan et la péninsule du Sinaï (qui depuis a été restituée à l’Egypte). Le terme « Ligne verte » vient de l’encre verte utilisée pour tracer la ligne sur la carte au cours des pourparlers.

« Selon l’étude, « Israël continue de confisquer davantage de terres afin que les colonies de peuplement contrôlent les zones de recharge. »

Le nombre de colons a augmenté passant de 20.000 dans les années 1970 à plus de 450.000 aujourd’hui. Et parallèlement, leurs besoins en eau.

Rabi avertit que si la demande en eau continue d’augmenter, à cause de la croissance de la population et du développement économique, le Moyen-Orient pourrait être la première région à devoir faire face à une réduction dramatique de la quantité d’eau disponible.

La situation est déjà alarmante. La salinité augmente dans les principaux cours d’eau tels que l’Euphrate, et la moitié de la population des grandes villes de la région manque d’approvisionnement en eau potable.

Et si les pays du Moyen-Orient n’avaient pas d’autre choix que de s’entendre afin de partager les maigres ressources en eau de la région ?

C’est le postulat de départ de l’ouvrage de Jon Martin Trondalen L’eau et la paix pour le peuple sorti le mois dernier au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education et la Science (UNESCO) à Paris.

Le livre suggère des moyens concrets pour résoudre ces crises. Au travers de l’analyse ce qui rentre en jeu dans chaque situation et tout en publiant des informations nouvelles, l’auteur examine les conflits du Haut-Jourdain entre Israël et la Syrie dans les hauteurs du Golan, entre Israël et le Liban sur le Wazzani Spring, et le différend de longue date qui existe entre palestiniens et israéliens. Les défis auxquels sont confrontés la Turquie, la Syrie et l’Irak dans le partage des eaux de l’Euphrate et du Tigre, sont également estimés.

8 octobre 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Brigitte Cope


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